Visite de Sébastien Lecornu, ministre des Collectivités territoriales

Nous sommes habitués à voir les ministres passer en «coup de vent» en Guadeloupe, à la veille des élections. Chaque fois, il y a lieu de s’en inquiéter en tant que citoyens guadelou- péens. La Guadeloupe est cen- sée être en décentralisation et nous constatons que ce qui se fait effectivement chez nous, c’est une recentralisation outrancière par l’Etat.

M onsieur Lecornu, ministre chargé des Collectivités territoriales, a visité la Gua- deloupe durant 3 jours. Il dit avoir rencontré les acteurs du territoire et les élus, d’avoir échangé avec eux sur divers sujets : notamment la loi «Engagement et proximité» et l’élaboration de la loi dite «3D».

Nous voilà donc, nous citoyens gua- deloupéens, concernés par une série de négociations plus ou moins secrètes, sur lesquelles nous n’avons aucune prise. La loi «Engagement et proximité» a été votée en fin 2019.

Elle intéresse les communes et leurs EPCI. Ce sont donc des sujets qui nous concernent, d’autant que nous sommes en pleine prépara- tion du renouvellement des muni- cipalités et EPCI. Qu’en savons- nous, nous Guadeloupéens ? Nos parlementaires et nos maires (récemment en congrès), que nous ont-ils communiqué ? A quelle sauce nous a-t-on accom- modés ? Il est évident qu’on ne peut mettre nos communes «dans le même sac» que celles de la France, sans que cela nous pose de graves problèmes.

On nous annonce l’élaboration de la loi «3D» pour «Décentralisation- Déconcentration et Différencia- tion». Mais, dans quel espace et dans quelles conditions se fait cette élaboration ? A-t-on l’intention de présenter au peuple guadeloupéen un plat concocté à son insu, et qu’il devrait impérativement consom- mer pour respecter la loi ?

Les maires de France, avec leur association ont déjà décidé de faire front uni contre les méthodes «ultra centralisatrices de l’Etat», dès le lendemain des élections municipales. Le président du Sénat fait valoir que le renforcement des libertés locales passe «par la pleine application de trois principes : les principes d’autonomie, de subsidia- rité, et de différentiation»et il se propose de «créer au sénat un groupe de travail interne, en vue d’élaborer des propositions pour renouer avec le véritable esprit de la décentralisation».

Qu’en pensent nos élus ? Ne res- sentent-ils pas le besoin, à l’oc- casion de ce nouvel acte de décentralisation, qu’il soit pris en compte la nécessité pour la Guadeloupe de changer le mode de gouvernance actuel ?

Ne comprennent-ils pas qu’il faille absolument une interven- tion ferme et déterminée pour faire respecter le droit naturel des Guadeloupéens, à plus de responsabilité directe dans les affaires de leur pays ?

Ne comprennent-ils pas que nous allons vers des complications admi- nistratives qui nous exclurons à terme, de toutes possibilités de décisions concernant les intérêts fondamentaux de notre pays ?

Allons nous attendre sagement que l’Etat nous confectionne de toutes pièces un nouveau corset à sa convenance, sans que nous ayons à nous impliquer dans cette confection ?

Evidemment, M. Lecornu était avant tout en mission électo- rale, pour tenter de consolider les voix que Emmanuel Macron a obtenues ici dernièrement.

Mais, il a aussi dit «qu’il était venu pour voir comment était dépensé ici l’argent de l’Etat».

A-t-il trouvé des élus pour lui faire toucher du doigt, les carences et erreurs coupables de l’Etat dans la gestion de notre pays ?

Qu’en est-il aujourd’hui du financement du dossier de l’eau et des différentes dotations aux collectivités ? Les réponses à ces questions intéressent forte- ment les Guadeloupéens.