«Sur mes solides et durables repères politiquesà Morne-à-Eau»Mes relations humaines, politiques et professionnelles avec Julien Chovino (2 ème partie)

De retour définitivement en Guadeloupeen 1986 après mes études univer- sitaires de journalisme à Cuba et rési- dant à l’époque aux Abymes, j’ai suivi de loin les élections municipales de 1989 à Morne-à-l’Eau.

Suite aux résultats de ces élections, Julien Chovino arrive en 3 ème posi- tion et Favrot Davrain est réélu maire de la commune.

Je rencontre le Docteur Chovino au hasard d’une visite médicale à son cabi- net situé dans le centre bourg de Morne-à-l’Eau, lui, depuis très long- temps le médecin de ma propre famille et à la fin de cette visite nous nous mettons à parler de politique dans la perspective de préparerles élections cantonales de 1992 en analy- sant dans le détail les raisons de son échec aux municipales de 1989.

Nous arrivons à la conclusion com- mune qu’il faudra qu’il se prenne autre- ment en mettant dès à présent l’accent sur une plus grande proximité avec la population dans ce qui était jadis le 1er canton de Morne-à-l’Eau.

Julien Chovino qui caressait depuis tan- tôt l’ambition de devenir maire de la commune a mis carrément en route et ne laissait rien au hasard en créant des Comités de Quartier dans tous les coins et recoins du dit canton afin de s’occu- per du quotidien des habitants et natu- rellement, cette politique de proximité apportait immédiatement ses fruits et Julien Chovino est élu au 2 ème tour, conseiller général dans le 1 er canton mornalien tout en remettant en ques- tion sur le terrain le travail politique et les relations des communistes avec les masses à Morne-à-l’Eau.

Avec Chovino, nouveau conseiller général en première ligne, entre 1992 et 1995, la Section commu- niste à travers ses trois Cellules, Euvremont Gène, Frédéric Carindo et Serge Pierre-Justin deviendra une véritable machine politique sur l’en- semble du territoire communal dans la perspective de conquérir la mairie aux élections municipales de 1995.

Julien Chovino et Edouard Francietta, le toujours Secrétaire Politique de la Section communiste me proposent alors d’être le directeur de campagne pour ces municipales à Morne-à-l’Eau.

Proposition que j’accepte évidem- ment, mais à la seule condition de ne pas figurer sur le liste compte-tenu de mes obligations professionnelles en ce temps-là qui m’obligeaient pratique- ment à prendre l’avion chaque semaine à destination de Cuba ou en direction d’un autre pays de l’Amérique latine ou de la Caraïbe.

Nous convenions collectivement d’une stratégie politique, pré-électo- rale et électorale pour affronter avec une chance de succès le puissant maire sortant, Favrot Davrain et d’un commun accord nous arrêtions une stratégie tactique de rassemblement et d’unité avec toutes les forces poli- tiques locales opposées à l’exécutif municipal en place.

C’est ainsi, après de rudes et difficiles négociations politiques, surtout avec le groupe Garain, le trio Chovino-Bardail-Garain, mené par Julien Chovino, le communiste se pré- sente devant le suffrage universel des électeurs mornaliens.

Ce trio arrive en tête au 1 er tour aux élections municipales de 1995 devant Favrot Davrain en ballotage défavora- ble et Roland Anduse en 3ème position.

Au 2 ème tour, ce qui n’était pas possible de faire au 1 er tour a été possible de faire à l’occasion de ce 2 ème tour de ce scrutin historique.

Roland Anduse qui voulait mesurer son audience dans la population presque mécaniquement acceptait de cheminer avec le trio de tête pour barrer la route au maire sortant.

Au 2ème tour donc, avro Davrain est battu très largement par la liste de l’Union, Chovino-Bardail-Garain-An- duse et Chovino deviendra ainsi le 1 er maire communiste de toute l’histoire politique de Morne-à-l’Eau grâce à cette stratégie politico-électorale bien pensée et adaptée au terrain mornalien de l’époque.

Force est de constater aujourd’hui que Chovino était véritablement l’homme de la situation lors de ces élections municipales de 1995, même si entre 1996 et 2001 notamment, sa gestion communale a été entâchée d’erreurs d’appréciation en matière administra- tive, politique, de gestion financière et de mauvaise conduite du dialogue social avec les deux organisations syn- dicales de la collectivité mornalienne.

Dans un contexte politique dégradé, sa réélection, sans Bardail à ses côtés et sans Anduse, déjà atteint par la maladie et avec comme seul allié, Garain, a été compliquée à l’extrême et obtenue de justesse avec une très courte majorité aux élections munici- pales de 2001 face au trio composé de Davrain-Bardail-Makaïa.

Réélu maire à nouveau dans un tel contexte difficile, Chovino sera con- fronté entre 2001 et 2005 à l’hostilité ouverte et permanente de Franck Garain, devenu son 1 er adjoint et à la rivalité des deux syndicats de la mairie qui exigeaient toujours plus de l’exécu- tif municipal tout en multipliant débrayages, grèves, blocages des ser- vices publics communaux tout en mal- menant à la fois et la santé de Chovino et les finances de la ville.

Devant cet acharnement tant poli- tique que syndical, très malade et usé, Julien Chovino en accord avec sa famille et la Section communiste de Morne-à-l’Eau décide de laisser la fonction de maire afin de permettre au sein du conseil municipal l’élection de Jean-Claude Lombion, son 2ème adjoint comme nouveau maire le 12 avril 2005 exactement.

Depuis Chovino a quitté cette terre suite à sa longue maladie et je retiens de lui son humanité avec ses patients, ses administrés, les agents commu- naux, même si ces derniers l’ont mené la vie dure particulièrement au cours de sa 2 ème mandature de 2001.

L’histoire politico-administrative de Morne-à-l’Eau retiendra que Julien Chovino a été le maire qui a fait plus de social à la mairie en se mêlant aux gens et en donnant une très grande place à la proximité avec la popula- tion qui l’appréciait profondément pour être à la fois un bon médecin et un maire doté d’un grand coeur qui avait le sens de l’écoute et qui com- prenait tout un chacun dans ses joies, ses peines, ses souffrances ou encore dans ses difficultés morales, sociales, économiques ou matérielles.

HONNEUR ET RESPECT POUR JULIEN CHOVINO, 1 er MAIRE COMMUNISTE DE MORNE-A-L’EAU DE 1995 A 2005 !