Le vote arabe aux dernières élections en Israël : Un revers pour Netanyahu

Les dernières élections législa- tives en Israël (les troisièmes en un an) ont vu l’émergence d’un vote arabe inédit. Ce vote a sur- pris par son ampleur et par l’évolution qu’il révèle. De fait Netanyahu a été pris complète- ment à contre-pied.

C ela fait des années que le Likoud, Netanyahu mais aussi les extrémistes d’ex- trême droite essaient de marginali- ser le vote arabe en cherchant à intimider les électeurs voire à tenter d’exclure de la Knesset les élus eux- mêmes. Tout cela sous couvert d’une lutte contre le terrorisme. On se souvient par exemple que Netanyahu avait, en 2015, en pleine journée d’élection incité ses parti- sans à se rendre en urgence aux urnes en postant un message Facebook selon lequel les Arabes se rendaient en masse dans les bureaux de vote.

UN SCORE ENCOURAGEANT

Le vote de mars 2020 a donc une signification forte et il est sans ambiguïté. Le parti de Netanyahu, avec 36 sièges sur 120 est très loin de la majorité. Et même en s’alliant à d’autres partis, comme celui de la très droitière (c’est un euphé- misme) ancienne ministre de la Justice Ayeled Shaked, il n’atteint pas la majorité de 61 sièges néces- saires pour former un gouverne- ment.

De l’autre côté le centriste Benny Gantz ne fait pas mieux avec 33 sièges. La Liste Unie, composée de quatre partis, dont le parti Hadash communiste, est le vrai vainqueur de cette élection avec 15 sièges. Elle peut peser sur la formation d’un gouvernement qui permettrait enfin de clore la sinistre ère Netanyahu, pleine de scandales et de dérives ultra-nationalistes.

LA PARTICIPATION EN HAUSSE DES ÉLECTEURS ARABES

Il est particulièrement réconfortant de noter que, dans un contexte où le soi-disant plan de paix américain tire un trait sur les droits des Palestiniens à l’auto-détermination et où le parlement dominé par la droite a systématiquement tourné le dos à l’égalité juif-arabe en Israël, une partie significative de l’électorat a choisi de donner son vote à la Liste Unie. Mieux, le nombre de votants dans la population arabe est en nette augmentation, signe que quelque chose est en train de changer dans la manière dont les Arabes israéliens se considèrent sur le plan politique. De 10,5% des suffrages avec 443 900 voix en 2015, la Liste Unie est passée à 12.7% et 581 500 voix en mars 2019. Et de 13 députés, en 2015, la Liste Unie passe à 15 en 2019.

Les instituts de sondages estiment que si 49% des votants arabes s’étaient déplacés en 2015, leur nombre aujourd’hui est de l’ordre de 65% ! C’est une véritable gifle pour Netanyahu, et ses talents de mani- pulateur politique. Il se passe mani- festement quelque chose, dans le corps électoral en Israël, car les ins- tituts de sondage indiquent que les partis arabes ont dorénavant un nombre croissant d’électeurs juifs. Espérons que cette évolution posi- tive continuera à nous réserver des surprises dans cette région du monde plus habituée aux drames, hélas, qu’aux bonnes nouvelles.