Nos héros de l’intendance sur la ligne arrière du front

Digne d’un scénario de film, le Covid-19, plus communément appelé le coronavirus, oblige les gouvernants, sur la planète entière prendre des mesures inédites pour l’endiguer. Face à cette catastrophe sani- taire, les autorités de plusieurs pays ont pris des mesures drastiques en demandant à la population de rester confiner, ce qui est le cas de la France, et donc de la Guadeloupe. Les enjeux étant très importants, il est normal de ne pas prendre la menace à la légère.

Le personnel hospitalier, avec tout le courage et la détermination qu’on lui doit, ne pourra pas répondre à l’augmentation croissante des malades avec les moyens limités et un hôpital en pleine crise struc- turelle. Nous apportons en pre- mier lieu un soutien à l’ensemble des soignants de Guadeloupe et d’ailleurs. Alors, restez chez-vous, c’est le mot d’ordre pour ralentir la propagation du virus.

Pour permettre à tout ce person- nel et l’ensemble des dispositifs de sécurité de tenir sur la ligne de front, mais aussi à la population de continuer à travailler pour cer- tains et à vivre le plus normale- ment possible pour le plus grand nombre, il faut une organisation de logistique et de l’intendance à l’arrière du front.

Sur ce plan, la grande distribu- tion est devenue l’acteur incon- tournable pour les consomma- teurs, c’est vers elle que l’on se tourne afin de pouvoir satisfaire le moindre de nos besoins. Après l’allocution du Président de la République, Emmanuel Macron, qui a annoncé la mise en place du confinement, la population s’est rendue en masse dans les magasins

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Les personnels des magasins d’ali- mentations et de distributions sont, à l’instar des personnels soignants, exposés à la contamination du virus. En première ligne de cette mêlée, on retrouve plus particuliè- rement les caissiers et les caissières. En effet, ces derniers sont en contact direct avec les clients, dont le nombre est élevé et ce, durant des journées d’une durée moyenne de 7 heures et plus. Le risque de contamination se retrouve donc plus important que dans certains autres corps de métiers, à l’excep- tion des soignants.

Certes, des mesures ont été prises pour éviter le risque de contagion (barrières de protection, masques, gants, visières, distances de sécu- rité, nombre restreint de clients dans le magasin, etc.), en plus des autres gestes barrières à respecter. Mesures insuffisantes, à en juger par un syndicat visant un hyper- marché fréquenté de la ville de Baie-Mahault car, le risque ne demeure pas moindre.

La mesure de confinement combi- née à la peur viscérale de se retrou- ver en pénurie et, disons-le sans équivoque, l’indiscipline de certains citoyens, font que la grande majo- rité des magasins n’ont pas cessé d’être remplis depuis le début du confinement. Passant des compor- tements les plus burlesques, on se rappellera les images et vidéos cir- culant sur les réseaux sociaux, de caddies pleins de rouleaux de papiers toilettes, au comporte- ment les plus irrationnels et égoïstes de personnes ayant fait des stocks pour un régiment d’in- fanterie de l’armée. On a la sensa- tion de se retrouver dans un scéna- rio apocalyptique. Après tout, le Président de la République a bien dit que nous étions en guerre. Mais cette guerre, contre qui et contre quoi doit-on la mener ?

C’est une interrogation qui devrait nous interpeller tous, en tant que citoyens. Car, dans ces moments de «crise» peuvent ressurgir deux types de comportements : la solida- rité ou l’individualisme. En se ruant sans arrêt dans les magasins, nous ne contribuons pas à l’effort natio- nal qui nous est demandé et qui est, je le rappelle, de «rester chez nous».

Le consommateur que nous sommes, met en danger les cais- siers qui, tout comme nous, ont une famille et des besoins à satisfaire. Il serait plus raisonnable pour tous et chacun de revoir leurs modèles de consommation. Peut-être, et je dis bien peut-être, faudrait-il penser à un autre mode de ravitaillement plus adapté à la situation, tel que le rationnement. Cela permettrait de diluer le trafic de personnes et de s’assurer que tout le monde est cor-rectement approvisionné en biens de premières nécessités, bien évi- demment prenant en compte les spécificités de chacun. Il faut égale- ment noter que toutes les per- sonnes, et je pense particulière- ment aux personnes âgées, à mobi- lité réduite ou non véhiculées, ne peuvent pas faire leurs courses cor- rectement en temps de confine- ment. Mais ce scénario est plus qu’improbable car, pour ce faire, il faudrait une volonté politique forte de la gouvernance en place de mettre de l’ordre et de l’équité dans cette situation que nous vivons. Cette gouvernance est trop occupée à se position- ner sur l’utilité ou pas du port du masque qu’elle ne possède pas.

A la fin de cette crise, il est inévi- table qu’une remise en cause du système capitaliste néo-libéral soit faite. En bien ou en mal, là demeure la question. Toutefois, ce nouveau mode de vie imposé ouvre la voie à des alternatives de sociétés et le premier bénéficiaire non visible est l’environnement avec une baisse significative des pollutions engendrées par l’acti- vité économique de l’homme.

En attendant que le virus ne soit plus une menace, que la situation redevienne plus ou moins à la nor- male, je tiens à adresser tout notre soutien à ces héroïnes et héros de l’intendance et particulièrement à ceux du commerce, de biens aux particuliers, qui par leur travail, leur professionnalisme, nous permet- tent de vivre «normalement» une situation anormale.

Standing ovation pour les tra- vailleurs de caisses qui parfois n’ont même pas droit à un sou- rire, à un «merci». Ainsi, à vous tous, nous disons : Merci ! Vent debout, vous faites face tous les jours à cette crise dont on par- lera pendant longtemps encore. Merci également à tous les corps de professions qui continuent à travailler dans un contexte par- ticulièrement délicat et ce pour l’intérêt général et non dans le but de profiter de la situation pour se faire plus de bénéfices sur le dos du peuple.