Octroi de mer : Bercy assume un coup de massue à la tête de la Guadeloupe

L’annonce débridée du contenu du rapport commandé par Bercy, relatif à la gestion de l’Octroi de mer, est un acte de haute intimidation et agression, indigne du gouvernement d’un pays qui se dit «défenseur des Droits de l’Homme».

Au moment même où la Guadeloupe subit les contre-coups accablants de la pandémie en cours qui s’ajoutent à sa situation écono- mique et financière déjà struc- turellement déséquilibrée et affaiblie, au moment où les communes exsangues, qui reçoi- vent une part importante de cet Octroi de mer, comptent plus que jamais sur cette recette pour résister au naufrage, au moment, où le Conseil régional qui compte sur cette recette subit déjà un manque à gagner impor- tant suite aux conséquences du confinement imposé, le gouver- nement d’Emmanuel Ma-cron assène un coup de massue à la tête de notre pays.

Certes, nous savions que l’Octroi de mer qui a été, au fil des contes- tations de l’Europe, dénaturé, a perdu son sens originel et conti- nuait à être menacé de suppres- sion totale. Mais, de là à penser que cet arrêt interviendrait aussi brutalement, et de façon assas- sine, nous n’étions pas prêts.

POUVOIR DÉCIDER CONCRÈTEMENT DE MESURES DE PROTECTION, DE SON MARCHÉ INTÉRIEUR

On peut penser qu’il s’agit, pour le moment, d’un acte d’intimidation pour faire rentrer dans les rangs tous ceux qui expriment leurs déceptions, ou leur rejet de la poli- tique du gouvernement Macron. Car, il saute aux yeux des plus aveu- gles de nos compatriotes, que la gestion du Covid-19 par ce gouver- nement est désastreuse en tous points. Et ce ne sont pas les quel- ques mesures saupoudrées, sans la moindre décision capable d’aider véritablement les petites entre- prisesà reprendre leurs activités, qui feront illusion.

Le peuple guadeloupéen, dans son ensemble, a fait face courageuse- ment, intelligemment et solidaire- ment à la menace du Covi-19. Mais, ce faisant, il a pu mesurer l’absence de considération des gouvernants actuels à son égard.

Même confusément pour certains, tous nous avons ressenti qu’il était dangereux, en tout cas pour le moins hasardeux, de confier nos vies à ces défenseurs de la haute finance qui n’ont qu’un seul guide : «le profit maximum et à tout prix». Ils ont fait la preuve qu’ils ne savent rien de l’existence des peuples, de leurs besoins, de leurs aspirations pro- fondes, et qu’ils n’en ont cure. Ce qui les préoccupe, c’est d’avoir les moyens les plus performants et les plus vicieux, pour les tromper et faire d’eux des victimes consentantes.

S’agissant de l’Octroi de mer, ce n’est pas seulement une affaire de recettes fiscales à garder ou à per- dre. C’est aussi et surtout la sauve- garde d’un principe qui n’a pas de prix : «Celui pour un pays, de pouvoir décider concrètement de mesures de protection, de son marché intérieur». Au cours de ces cinq décennies passées, ce principe a été contesté, pié- tiné, et n’est aujourd’hui que l’ombre de lui-même.

UNE CONNIVENCE D’INTÉRÊTS ENTRE CES IMPORTATEURS ET LE GOUVERNEMENT MACRON

Cependant, les pwofitan de l’import substitution, voyant «bourgeon- ner» la volonté de produire locale- ment pour satisfaire une demande locale qui prend forme et se pré- cise, veulent obtenir les moyens de concurrencer encore plus gras- sement la production locale, et duper la population à l’aide de pro- messes qu’ils ne tiendront pas, comme d’habitude.

Il s’établit donc une connivence d’intérêts entre ces importateurs et le gouvernement Macron qui a besoin de faire peur, en menaçant de priver le pays d’une part importante des recettes que lui apporte l’Octroi de mer. Et, cerise sur le gâteau, il mettrait fin à ce qui constitue la seule once de pouvoir de décision, qui reste encore à la Guadeloupe.

Cela signifie que cette volonté des «pwofitan associés» est l’af- faire de tous les Guadeloupéens, et que la riposte commune doit être, à la hauteur de l’agression. Cela demande une claire connaissance de ce dossier par chaque Guadeloupéen pour bien en saisir tous les contours.

IL EST TEMPS DE COMPTER SUR LE PEUPLE GUADELOUPÉEN

Avec l’expérience de ces qua- rante dernières années, il faut espérer que ceux de nos élus qui ont joué le jeu des «dérogations renouvelées» au lieu de poser, dès le départ, avec fermeté, le maintien d’un droit acquis depuis le XVII ème siècle, et de mobiliser le peuple autour de ce combat, comprendront enfin, qu’il faut faire aujourd’hui cause commune, pour gagner et faire naître des perspectives nouvelles.

Mais nos économistes, nos juristes, nos comptables, nos enseignants, nos entrepreneurs, nos artisans, nos commerçants, nos chercheurs, nos historiens, nos statisticiens, nos sociologues, nos anciens, nos jeunes, nos étudiants… tout ce que le pays compte de citoyens en mesure d’éclairer objectivement les questions liées à l’Octroi de mer, doivent pratiquer le «yonn a lòt : si ou konnèt, montré on nòt !».

Car, il est temps de compter sur le peuple guadeloupéen pour défendre son pays ! Compter sur un peuple que nous devons contribuer à éduquer, informer, conscientiser et non, illusionner, couillonner, flatter, apeurer, corrompre et endormir.