CONSEILACADÉMIQUEDEL ’E DUCATIONNATIONALEDU 28 MAI 2020 INTERVENTION DE MICHEL GÉDÉON PRÉSIDENT DE LA FAPEG (EXTRAITS)

Le président de la FAPEG a une fois de plus placé les autorités en charge de l’éducation en Guadeloupe face à leur responsabilité pour une véri- table école de la réussite. Il a versé au débat un dossier d’im- portance pour le bien-être des enfants à l’école…

Depuis plus de 2 mois, une pandémie touche toutes les sphères de notre s ociété et notamment l’école et ce n’est qu"aujourd’hui, alors que toutes les grandes discussions ont été menées ici et là, que de grandes décisions ont été prises, qu’on ose enfin réunir le Conseil académique de l’Education nationale.

A la FAPEG, nous sommes déçus de la place qu’on accorde à ceux que l’on sur- nomme «les partenaires de l’école» parmi lesquels les parents d’élèves. Comment comprendre et surtout comment admet- tre que durant toute cette période de crise, Monsieur le Recteur, vous n’ayez daigné accorder même pas une seconde aux fédérations de parents d’élèves de Guadeloupe, alors que nos homologues de Martinique et de Guyane sont et ont été régulièrement reçus et consultés par les recteurs de ces 2 territoires.

Rassurez-vous, notre demande n’est pas liée à une quelconque volonté de fré- quenter tel ou tel espace de pouvoir dans ce pays, car ce n’est point l’ADN de notre fédération. Nous voulons, et ce sont les raisons mêmes de notre existence, tout faire pour permettre l’émergence d’une école ancrée dans la réalité de notre pays, la Guadeloupe.

Soucieux d’une égalité de traitement pour tous les élèves vivant sur le sol de Guadeloupe, nous avons contacté la quasi-totalité des maires de notre archi- pel ainsi que les exécutifs régional et départemental pour tenter d’aboutir à ce que nous avons qualifié de solution gua- deloupéenne. Nous étions persuadés, qu’en période de crise, la notion de solida- rité devait primer. La réunion de la CTAP initiée par le président de Région, que nous remercions en passant, a été une fois encore, une fois de plus, un triste moment de division souhaitée et certai- nement appréciée au plus haut niveau.

A la suite de cette réunion, on a cherché à instaurer une ligne de démarcation entre ceux qui aiment l’école, ceux qui aiment les enfants décrocheurs, et les autres, c’est-à-dire nous, parents d’élèves et organisations syndicales d’enseignants et d’agents, nous, qui nous battons au quo- tidien pour le maintien des postes et l’amélioration des conditions de travail, d’hygiène et de sécurité dans les établis- sements scolaires.

Qu’il me soit permis ici de rappeler, au nom de la FAPEG, que les élèves décro- cheurs dont certains ont semblé décou- vrir l’existence sont enfantés par le sys- tème inégalitaire dans lequel nous vivons. Pour nous, le décrochage de ces élèves va au-delà de l’école et est une véritable rup- ture sociale. Ce ne sont pas les incanta- tions, ni des lamentations sur le décro- chage qui mettront fin à ce phé- nomène. Mais, étant donné Monsieur le Recteur, que vous semblez très affecté par le sort de ces enfants décrocheurs, nous vous proposons à la FAPEG, dès aujourd’hui, de tra- vailler sur des dispositifs en d irection de ces élèves et de leur famille avec tous les partenaires pouvant être mobilisés.

L’éducation nationale peut et doit donner l’exemple ; d’ores et déjà de son côté, en renforçant les moyens pour instaurer dans tous les éta- blissements du 1er degré : des classes n’excédant pas 12 élèves afin de permet- tre aux enseignants d’accompagner dans de bonnes conditions nos enfants. Nous formulons également d’autres proposi- tions parmi lesquelles, la mise sur pied d’un véritable plan numérique permet- tant de doter tous les établissements d’outils numériques dignes du 21 ème siècle.

L’un des enseignements que nous devons tirer de cette crise, c’est que nos établisse- ments sont plongés dans une grande misère numérique qui nécessite la mobili- sation de l’Etat et de toutes les collectivi- tés territoriales. Nous souhaitons qu’il y ait l’implantation dans les établissements scolaires sujets aux coupures d’eau de citernes tampon afin de permettre à nos élèves, à nos enfants, de poursuivre une scolarité dans des conditions sanitaires correctes.

Nous sollicitons également une action de dératisation totale et concertée de l’en- semble du territoire guadeloupéen. Car, si les fermetures de nos établissements pour des manques d’eau sont intoléra- bles, les fermetures pour invasions intem- pestives de rongeurs ne le sont pas moins. Nous préconisons, Monsieur le préfet que l’Etat en charge de la sécurité sanitaire, à travers l’ARS, puisse mobiliser l’ensemble de ses services pour mener une opération coordonnée de dératisation du territoire.

Nous voulons, une fois encore, sensibili- ser tous les acteurs sur l’état du bâti sco- laire en Guadeloupe. D’ailleurs à ce sujet, et à notre demande, nous avons été reçus le mercredi 12/02/20 par une délégation de l’Association des Maires de Guadeloupe. A la FAPEG, nous ne pouvons pas nous satisfaire de l’état du bâti scolaire et nous insis- tons dessus pour qu’aujourd’hui et demain, nul ne puisse ignorer c ette réalité.

Contrairement au Covid-19, nous avons l’opportunité de pré- parer nos établissements sco- laires afin d’éviter une catastrophe en cas de tremblement de terre de forte densité. Rappelons, que dès 2006, 2 ans après le séisme de 2004,un rapport sur l’état du bâti scolaire a été commandé par l’Association des maires de Guade- loupe. En novembre 2006, à la demande de l’AMG et de la DDE de l’époque, la mission du CETE Méditerranée a rendu un rapport riche et inquiétant sur la vul- nérabilité aux séismes des écoles pri- maires de Guadeloupe. Depuis, très peu d’établissements scolaires ont été construits ou confortés.

Mesdames, Messieurs les membres du Conseil académique de l’Education nationale, au nom de la FAPEG, j’appelle de mes voeux la tenue d’une réunion spéciale de notre instance entièrement dédiée à la situation du bâti scolaire en Guadeloupe. Notre Fédération sollici- tera également le Président de Région pour lui suggérer de convoquer une CTAP consacrée à cette problématique. Enfin, concernant la reprise des cours qui a suscité tant de déclarations, notre Fédération reste fidèle à sa position sur le strict respect des normes sanitaires. Nous souhaitons que toutes les collec- tivités puissent prendre des mesures concrètes durant la période qui nous sépare de septembre afin de préparer au mieux le retour des élèves dans les établissements scolaires. Nous profi- tons de l’occasion qui nous est donnée pour rappeler aux collectivités dites majeures à la nécessaire solidarité envers certaines communes car vu la complexité du protocole de l’éducation nationale, le fossé qui existe déjà entre les différentes communes de notre terri- toire risque encore de se renforcer.