Service public, structure unique gestion publique de l’eau

La Collectivité régionale a rendu public un document intitulé : «Pour un vrai service public de l’eau en Guadeloupe : La Région en action». Après avoir listé, chiffres à l’ap- pui, toutes les actions engagées par l’Assemblée régionale dans le cadre du plan d’actions priori- taires pour arrêter les tours d’eau et alléger ainsi la souf- france de la population, le prési- dent Ary Chalus expose ce qu’il considère comme la question cardinale pour résoudre les pro- blèmes de l’eau en Guadeloupe : «La structure unique de l’eau et de l’assainissement».

On relève dans ce docu- ment que, lors de la Conférence territo- riale de l’action publique (CTAP) qui s’est réunie le mercredi 13 mai 2020, le président de la Région a exprimé, devant ses collègues élus, sa ferme volonté de voir concrétiser la création du syndi- cat unique de l’eau, véritable ser- pent d’eau douce, lové au fond des mares depuis des années.

Exaspéré par les maskos perma- nents de certains élus, il les informe, et la menace est à peine voilée : «Les EPCI concernés doivent tous voter, avec des délibérations concordantes, la création du syndi- cat unique de l’eau au 30 juin. Si cette condition n’était pas satis- faite, le président du Conseil régio- nal solliciterait auprès de l’Etat une habilitation permettant la prise de la gestion de l’eau par la Collectivité. Cette habilitation permettra d’assu- rer, dit-il, une meilleure coordina- tion des acteurs, la définition d’une stratégie commune et le finance- ment des opérations de reconstruc- tion de l’ensemble du réseau».

A ce stade, il est difficile de com- prendre ce que recouvre clairement cette position. En tout cas on peut pronostiquer sans risque que le président s’engage là dans une voie plus que sinueuse. Cela s’ap- parente davantage à une affaire de fumée sans pipe.

DISSIPER LE BROUILLARD QUI RECOUVRE LA GESTION DE L’EAU EN GUADELOUPE

La question de la gestion de l’eau agite la Guadeloupe on peut le dire depuis les années 1980. Dès 1983, les Capesterriens, soutenus par le nouveau maire de la commune, Gérard Lauriette, entamaient le bras de fer avec le SIAEG et son fer- mier la SOGEA sur la question du prix de l’eau, du mode de gestion du syndicat et des abus du fermier.

Cette confrontation qui a connu des pics de violence à Capesterre ne s’est jamais essoufflée et s’est instal- lée dans toute la Guadeloupe pour placer la question de la gestion de l’eau comme un point nodal du pro- tocole signé entre le LKP, l’Etat et les Collectivités locales en 2009.

La proposition formulée par les communistes depuis 1993, la créa- tion d’un véritable service public de l’eau en Guadeloupe, était validée et acceptée par tous comme l’objectif central pour une nouvelle politique de l’eau en Guadeloupe.

UN S ERVICEPUBLICDEL ’ EAU

C’est cette relation entre service public, structure unique et gestion publique qu’il faut clarifier pour bien comprendre la dimension du pro- blème qui nous préoccupe.

Un regard sur l’évolution de l’aménagement du territoire gua- deloupéen, le développement des bourgs, les exigences en matière sanitaire, montre que depuis les années 1950, les municipalités ont toujours eu la préoccupa- tion d’organiser le service de l’alimentation des populations en eau. Différents organismes locaux ont été créés pour assu- rer cette responsabilité : Régie des eaux à Capesterre, à Trois- Rivières, Syndicat intercommunal PaP/Abymes, Syndicat des Grands Fonds, Syndicat du Nord Grande-Terre pour ne citer que ceux-là.

La particularité de ces structures publiques, c’est leur caractère local, leur indépendance de choix de ges- tion, leur faible capacité administra- tive et technique.

La première tentative d’unifier ces services publics commence réelle- ment avec la création du Syndicat intercommunal d’alimentation en eau de la Guadeloupe (SIAEG) en 1968. Ce Syndicat comptait en son sein onze communes et un syndicat intercommunal (SIAP).

Il a fallu attendre la loi NOTRé du 7 août 2015 qui a permis le transfert de la compétence eau des com- munes aux EPCI, pour voir une nou- velle organisation des services publics de l’eau en Guadeloupe.

Aujourd’hui, six établissements publics de coopération intercom- munale (EPCI) ont en charge l’or- ganisation de la production, de la distribution de l’eau potable en Guadeloupe : - Cap Excellence : Pointe à Pitre Abymes/Baie-Mahault - CASGC : Grand Sud Caraïbe - CANBT : Nord Basse-Terre - CARL : Riviera du Levant - CANGT : Nord Grande-Terre - CCMG : Marie-Galante

Comme on peut le constater, le ser- vice public de l’eau existe en Guadeloupe à travers les cinq Communautés d’agglomération et la Communauté des communes de Marie-Galante. Mais c’est un service public éclaté, avec des modes de gestion différents.

Le premier objectif d’une politique de l’eau efficiente en Guadeloupe est d’unifier ces organisateurs dans une structure publique unique. Nous devons bien com- prendre que ce n’est qu’une étape qui ne résoudra pas pour autant les problèmes de l’eau en Guadeloupe.A suivre…