La sécheresse s’installe durablement en Guadeloupe

I l ne pleut plus, pas assez, suffisam- ment en tout cas pour permettre une alimentation normale des cours d"eau. En l’absence de précipitations significatives, depuis la fin du mois de mars, la sécheresse s’est installée rapidement et de façon généralisée en Guadeloupe, provoquant d’impor- tantes baisses de la production d’eau en plusieurs parties du territoire. La tendance et les prévisions météoro- logiques ne laissent pas espérer de pluies importantes à court terme.

Une pluviométrie excep- tionnellement basse en mai 2020 puisque, sur la principale station départemen- tale, on observe un déficit pluviomé- trique de l’ordre de 90%, par rapport à la normale saisonnière.

Ce déficit pluviométrique débute en octobre 2019 et se prolonge sur le pre- mier semestre 2020. Ce mois de mai 2020 peut, d’ores et déjà, être consi- déré comme étant exceptionnellement sec, avec un cumul des pluies de 13,2 mm enregistré au 25/05/20. C’est une situation inédite depuis bien une soixan- taine d’années en Guadeloupe.

LE SECTEUR AGRICOLE EST DURE- MENT IMPACTÉ PAR LA SÉCHERESSE

Les exploitations agricoles, déjà fragili- sées par la crise sanitaire actuelle, doi- vent désormais faire face à une séche- resse d’une rare intensité avec comme conséquences, un très fort ralentisse- ment de la relance économique, de l’ac- tivité agricole et des pertes en prévision.

En l’absence de pluie significative et avec une distribution de l’eau agricole fortement diminuée, voire impossible sur certaines zones, la production agri- cole locale est mise en péril.

Dans de telles conditions, les agricul- teurs ne peuvent relancer pleinement leur activité économique. Et pour cause, nous observons déjà les conséquences dramatiques du manque d’eau sur les productions végétale et animale :

- une baisse significative sur les rende- ments - un report des plantations - l’abandon des parcelles déjà plantées - la destruction des surfaces fourragères - des charges supplémentaires consé- cutives aux achats d’aliments - l’absence de croissance des animaux d’engraissement…

Conséquence de cette baisse de pro- duction : certains fruits et légumes, comme le concombre, la salade, les a ubergines, les choux ou les pas- tèques, ont commencé à se raréfier et vont manquer pendant plusieurs semaines sur le marché. Cette baisse de l’offre entraîne inévitablement une hausse des prix.

Les professionnels agricoles ont des lors saisi le préfet de la Guadeloupe pour que soit enclenchée la procédure de calamité agricole, affaire à suivre.

Autre problématique récurrente, cette sécheresse rude réunie toutes les conditions pour favoriser les feux de broussailles et de surfaces agri- coles, aidée en cela par le vent qui attise les sinistres et le manque d’ap- provisionnement en eau. Les feux de champs de canne-à-sucre et de broussailles se multiplient. Une période, donc, délicate pour les ser- vices de secours et d’incendie.

Vu le déficit pluviométrique constaté, la baisse des débits des cours d’eau, les difficultés de distribution en eau sur plusieurs communes de la Guadeloupe, la préfecture a publié un arrêté préfec- toral portant restrictions provisoires en matière d’usages de l’eau.

Cependant, ces mesures de restric- tion, «saisonnières» puisqu’elles reviennent chaque année, doivent être considérées comme une goutte d’eau dans le vase.

UNE ENTREPRISE PUBLIQUE DE L’EAU EN GUADELOUPE DEVRA POUVOIR APPORTER DES RÉPONSES

En réalité c’est la problématique de la production, de la distribution et de surcroit de l’eau agricole qui doit être posée.

L’occurrence croissante de sécheresses appelle à inventer des techniques d’économie, de stockage ou d’approvi- sionnement d’eau. Doit-on envisager la construction de retenue d’eau pendant la saison des pluies, afin de les utiliser durant les mois de sécheresse ? Ces retenues peuvent prendre la forme de petits lacs creusés artificiellement et ali- mentés par pompage dans le réseau ou dans la nappe souterraine.

La création d’une entreprise publique de l’eau en Guadeloupe devra pouvoir apporter des réponses à ces probléma- tiques récurrentes, tant en matière de production de transport et de distribu- tion, tant de l’eau de qualité potable que de l’eau pour l’agriculture.