Commémoration de l’abolition de l’esclavage en Guyane

La Guyane a commémoré, mer- credi 10 juin 2020, l’abolition de l’esclavage proclamée sur le ter- ritoire. Cette commémoration intervient dans un contexte par- ticulièrement inédit, sur trois aspects : déconfinement par rapport à la pandémie du Covid- 19, la décapitation des statues de Schoelcher en Martinique lors de la commémoration de l’aboli- tion de l’esclavage et l’indigna- tion internationale, à la suite de la mort par asphyxie de l’Américain Georges Floyd par un policier américain blanc.

V oilà déjà 172 ans que l’escla- vage en Guyane, comme en Guadeloupe et en Martini- que, a été aboli. Territoire d’Outre- Mer comme les «îles soeurs», la Guyane, par ses spécificités cultu- relles, historiques et son implanta- tion géographique, commémore à sa façon l’abolition de l’esclavage.

RAPPEL HISTORIQUE

C’est en 1643 que l’esclavage est introduit en Guyane. Auparavant, plusieurs tentatives de peuple- ment ont été des échecs. Les dominations anglaises, portu- gaises et hollandaises, puis défini- tivement françaises, se sont suc- cédées. La terre guyanaise a la réputation d’être hostile. De plus, l’abord des côtes n’est pas facile. Les vents contraires et les mau- vaises infrastructures d’accueil n’encouragent pas l’accostage.

Cependant, pour les territoires limi- trophes de la Guyane (le Surinam, la Guyane britannique et le Brésil), la traite négrière atteint son apogée au XVI ème siècle. Le Portugal a été la première puissance occidentale à adhérer à ce nouvel ordre écono- mique. Le Portugal a transporté au Brésil plus de 5 millions d"esclaves. L’Angleterre, elle, aurait déporté 3 Pour peupler la Guyane, de nom- breuses expéditions furent menées dès 1500, mais elles échouèrent, faute de préparation nécessaire. Les fortes pluies, les mauvaises condi- tions d’hébergement, les épidé- mies, et les guerres avec les pre- miers amérindiens décimèrent les colons. Par ailleurs, les enjeux éco- nomiques n’étaient pas assez importants pour faire venir plu- sieurs centaines d’esclaves. La colo- nisation de la Guyane est d’abord le fait de travailleurs européens, les «engagés», également appelés les «trente-six-mois» parce que liés par un contrat de trois années à leur maître. Cette tentative, faute de volontaires, est très vite remplacée par des esclaves d’origine africaine, utilisés dans les habitations (exploi- tations agricoles) à la culture des produits coloniaux. En 1772, un millier de colons étaient installés en Guyane et 8 500 noirs. La main d’oeuvre de la colonie a pu prospec- ter les forêts, l’établissement de plantations de sucre et l’exploitation du sous-sol. Les esclaves noirs, plus nombreux, devinrent la commu- nauté la plus importante en Guyane en termes de population.

RÉBELLION DES ESCLAVES Durant ces périodes sur le plateau des Guyane (du Surinam à la Guyane française), des rébellions se mirent en place dans la région. La forêt amazonienne et le faible nom- bre de soldats européens dans les Guyanes permirent la constitution, dès le XVIIe siècle, de communau- tés de «nègres marrons». En 1749, ceux qui s’étaient éta- blis le long des rivières Saamaka et Suriname, en Guyane hollandaise, obtinrent une recon- naissance d’indépen- dancede la part des autorités coloniales. Ils prirent le nom de Saamaka. La même année une première abolition de l’escla- vage en Guyane française fut procla- mée pour être rétabli en 1802 par Napoléon Bona- parte, ce qui eut pour consé- quence une fuite massive des esclaves vers le littoral et la forêt amazonienne. Le décret du 27 avril 1848 abolit définiti- vement l’esclavage. On dénom- bra environ 13 100 esclaves sur le territoire de la Guyane.

Pour les 172 ans d’abolition de l’es- clavage en Guyane Française, la commémoration fut célébrée diffé- remment. La Collectivité territo- riale de Guyane a organisé deux cérémonies. Une gerbe a été dépo- sée auprès de la statue des Marrons de la Liberté, puis, les personnalités se sont retrouvées au jardin bota- nique à Cayenne.

De son côté le MIR (le Mouvement international pour les réparations) organisait la marche de la Liberté sur le site de l"habitation Mondélice dite Vidal à Rémire-Montjoly, une habitation où les esclaves étaient particulièrement maltraités. Ils ont marché jusqu"aux vestiges de l"habi- tation pour se recueillir symbolique- ment devant l"ébène de la liberté, un arbre planté il y a 6 ans.

Source : la1ere.francetvinfo.fr/guyane wikipedia.org/wiki/Guyane#Histoire