La seule chance des Guadeloupéens, c’est leur lutte pour leur émancipation

D epuis quelques semaines fleurissent sur les réseaux sociaux des vidéos et autres messages qui pourfendent le com- portement de proconsul du repré- sentant de l’Etat français dans notre pays et révèlent au grand public l’identité de tous les chefs des diffé- rents services de celui-ci en Guadeloupe. C’est sans doute utile, même si les Guadeloupéens se ren- dent bien compte à travers leur téléviseur du caractère fantasque de cette réalité. Plus, T.F journaliste très connu, sort de sa réserve de «neutralité» pour sommer nos élus de réagir face à l’irrespect et au mépris du préfet vis-à-vis d’eux ou de démissionner.

Tout cela est bien, mais insuffisant. Car, il n’est plus possible aujourd’hui de continuer à mettre en cause les attributs du système, ses serviteurs directs et indirects sans mettre en cause le système lui-même.

Alors que depuis longtemps déjà, la crise des institutions chez nous, entrave tout développement du pays et constitue un véritable car- can s’opposant à toutes avancées de notre peuple, nos décideurs poli- tiques restent l’arme au pied élu- dant constamment la question de la décolonisation. Ils préfèrent tourner en rond et se morfondre dans la soumission et l’indignité pourvu que leur intérêt personnel soit sauf. Pourtant, Il devait être clair pour tous ceux qui se donnent la peine d’observer et de réfléchir sur la situation qui nous est faite par le colonialisme français que le statut de département ne correspond absolument pas à la réalité du pays Guadeloupe, ni aux besoins fonda- mentaux de notre peuple.

De plus en plus, de nos compa- triotes parviennent à la compré- hension de la nécessité historique d’un changement de fond. Mais la persistante et insidieuse division des forces anticolonialistes qui contribue à les affaiblir ne permet pas d’impulser un réel mouvement populaire qui permette l’érection d’un nouveau statut politique dans notre pays. Un statut porteur vérita- blement de transformations éman- cipatrices dans la gouvernance de notre pays et le développement réel dans tous les secteurs de la vie économique et sociale des Guadeloupéens.

Or, loin de toute impatience révolu- tionnaire, il y a objectivement aujourd’hui une urgence. Le géno- cide par substitution perdure et se renouvelle. La population de notre pays vieillit tandis que la partie de notre jeunesse la plus avancée est contrainte de s’exiler pour travailler alors que dans le même temps des Français et d’autres ressortissants étrangers installés depuis peu chez nous s’activent à y faire venir leur famille entière et autres parents et alliés. Si les choses évoluent rapide- ment, on risque de se trouver dans une situation pire que le peuple kanak devenu depuis longtemps minoritaire dans son propre pays.

La vie a montré que certains lea- ders politiques qui prétendaient avoir leur calendrier quant à la question de l’évolution statu- taire n’ont aucune vocation à montrer à notre peuple le che- min de la responsabilité et de la dignité le libérant du joug colo- nial français. La répétition des congrès des élus départemen- taux et régionaux, on l’a vu, n’a abouti à rien de véritablement positif pour le pays.

Il reste donc aux militants antico- lonialistes, aux Guadeloupéens, patriotes en général, qui n’admet- tent pas que notre peuple soit réduit à la dimension de population par le pouvoir colonial français, désireux de lui priver de l’exercice de son droit à l’autodétermination, de lever la tête. Ils doivent s’organi- ser ensemble pour entrainer la majorité du peuple guadeloupéen dans la lutte salvatrice pour conquérir au minimum un statut de large autonomie.

Aujourd’hui, il ne faut plus perdre encore du temps à parler d’assem- blée unique ou territoriale. Celles de Martinique et de Guyane ont mon- tré rapidement leurs limites. Et à ce sujet, les élus guyanais ont décidé de l’ultime urgence d’évoluer vers un statut d’autonomie.

Nous disions paraphrasant un diri- geant martiniquais que la seule chance des Guadeloupéens c’est le travail des Guadeloupéens. Mais plus encore aujourd’hui, nous affir- mons que la seule chance des Guadeloupéens, c’est leur lutte acharnée pour leur émancipation.