Impact économique du confinement en Guadeloupe

Le Président de la République française Emmanuel Macron, au cours d’un discours télévisé le dimanche 14 juin 2020 a annoncé le déconfinement total de la France métropoli- taine et des territoires d’outre- mer à partir du lundi 15 juin. Excepté Mayotte et la Guyane, l"intégralité du territoire serait classée en zone verte.

Le confinement de la popu- lation instauré par le gou- vernement le 17 mars avait pour objectif d’atténuer le pic épidémique. Les Guadeloupéens, au même titre que toute la popula- tion française, devaient ainsi limiter au strict minimum les contacts sociaux et les sorties de leur domi- cile, qui ne sont autorisées que pour quelques actes essentiels de la vie d’où la célèbre formule «rété a kaz a zot»potentiellement nécessaire, mais assez récessif.

L’Insee réalise une première estima- tion pour mesurer l’impact de la crise sanitaire sur l’activité écono- mique de la Guadeloupe. Néan- moins, cette estimation est à pren- dre avec réserve. La structure de l’économie est bouleversée en temps de crise. Certains impacts ne sont pas encore pris en compte dans cette estimation provisoire. Les effets de cette crise dépendront du rattrapage économique à la sor- tie du confinement, de la vitesse de la reprise de l’activité, de la résis- tance des entreprises à cet arrêt forcé de l’activité ou encore de la consommation des ménages après le déconfinement.

BAISSE L’ACTIVITÉ ÉCONOMIQUEDE 27% EN GUADELOUPE

Les branches marchandes sont particulièrement affectées par la crise sanitaire et les mesures de confinement.

En Guadeloupe, 39% de la surface commerciale est concernée par le décret du 23 mars 2020 prévoyant la fermeture de commerces, sauf dans la grande distribution et les commerces de proximité pour faire face à l’épidémie de Covid-19.

Les 7 850 exploitations agricoles et 45 000 entreprises des autres sec- teurs marchands doivent s’adapter. Quand les activités le permettent les salariés sont en télétravail. Mais de nombreuses entreprises cessent leur activité. La baisse de la produc- tivité pourrait s’articuler de -5% dans les secteurs demeurant actifs.

QUELQUES CHIFFRES CLÉS

• Le commerce est à l’origine de 17% de la baisse d’activité en Guadeloupe.

• Le secteur de la construction, regroupant 6 740 entreprises, contribue pour 13% de la baisse totale.

• Les activités spécialisées, scienti- fiques et techniques administratifs et de soutien contribuent à 13% de la baisse d’activité.

• Le secteur touristique et les activi- tés de services connaissent une baisse d’activité estimée à -90%. Le CTIG et la Région Guadeloupe espéraient une belle année 2020. Le rêve du million de touristes s’éva- nouit. La baisse de la fréquentation touristique entraine une chute de l’activité des secteurs hôteliers et de la restauration.

• Le transport/entreposage, quant à lui, contribue à 13% avec une paralysie totale du transport aérien. Les compagnies aériennes seront contraintes de reconsidérer leur politique. Moins de voyageurs, moins de visiteurs, la politique tou- ristique risque d’être mise à mal au moins pour quelque temps.

D’AUTRES SECTEURSMOINS IMPACTÉS

L’industrie agroalimentaire, qui répond à des besoins de consom- mation essentiels, connaît une situation quasi normale, bénéficiant des procédures adaptées.

S’agissant de l’emploi, 50% des sala- riés du privé ont fait l’objet d’une demande de chômage partiel.

Les secteurs les plus touchés sont, le commerce et réparation d’auto- mobiles (22% des demandes en termes de nombre de salariés), les activités de services administratifs, financiers et autres de l’héberge- ment (19%), la restauration (11%) et la construction 11%.

Cette période exceptionnelle sans précédant nous invite plus que jamais à réfléchir à une nouvelle donne politique pour le pays, qu’il agisse de l’économie, de la santé, ou de l’éducation, le système actuel a montré ses limites. Ce diagnostic appelle à un nouveau statut pour la Guadeloupe plus à même de répondre rapidement aux besoins de la population gua- deloupéenne et également davan- tage en capacité de mobiliser des solutions adaptées à la diversité des besoins de la population, de mobiliser des initiatives locales ainsi que les ressources disponi- bles dans leur environnement.

Il s’avère inconcevable de penser à une autonomie alimentaire, sani- taire, énergétique ou autre sans véritablement poser la question de l’autonomie politique qui est un outil indispensable pour met- tre en place toutes ces politiques publiques nécessaires au dévelop- pement du pays.

Toujours est-il que le malheureux épisode du Covid-19 démontre encore que le pays a des potentiali- tés qui ne demandent qu’à être accompagnées, notamment au niveau de l’artisanat, et de l’agricul- ture entre autres.

Loin déjà ces préoccupations, la fin de la pandémie est annoncée, la «Guadeloupe d’après» est en marche dans la continuité de la Guadeloupe d’avant. La question globale du développement en Guadeloupe est loin de trouver des réponses au niveau de la classe politique qui nous dirige.