Un produit innovant pour lutter contre la fourmi manioc

Le vendredi 17 juillet 2020, ils étaient très nombreux venus de toutes les communes de l’archipel guadeloupéen, assis sous le chapiteau placé dans la cour de la C hambre d’agriculture, sous un soleil de plomb, attendant l’arrivée de Mme Léonide Célini, Docteur Entomologiste.

C’est dire qu’il y a un véritable intérêt pour ces personnes d’assister aux conclusions de treize années de recherches menées tam- bour battant avec l’université de Paris Créteil et le département Mathématiques de l’université des Antilles.

Tous les scientifiques s’accordent à dire que les premières fourmis manioc ont fait leur a pparition dans la commune de Morne-à- l’Eau depuis 1954. Avant cette date, la Guadeloupe ne connaissait pas la fourmi manioc, connue scientifiquement sous le nom de : «Acromyrmex octospinosus». D’après les études, cette fourmi manioc est une des rares espèces à avoir «inventé» l’agriculture, bien avant l’homme.

Avant de présenter le produit innovant, le Docteur Célini a dépeint la vie de la fourmi manioc pour mieux comprendre l’action de son procédé.

La fourmi manioc présente une forte potentialité de colonisation et son air d’en- vahissement est en expansion dans le pays. Elle a la particularité de vivre en symbiose avec un champignon.

L’ensemble des résidus végétaux forme avec le mycélium une structure plus ou moins globuleuse appelé «meule» ou encore jardin à champignon.

La dispersion des fourmis est rendue possi- ble par l’essaimage des fourmis ailées qui parviennent dans certains cas à fonder de nouvelles colonies.

Ces fourmis découpent des végétaux qu’elles transportent jusqu’au nid souter- rain où elles constituent une «meule» pour cultiver un champignon du genre lépiote. Elles s’alimentent ensuite des fructifications blanches de ce champi- g non, qui digère la cellulose que ces four- mis sont incapables de digérer.

Il sert aussi d’habitat et de nourriture à la r eine et aux oeufs, larves, nymphes et adultes. On distingue 2 castes : les reines, chargées de la reproduction et les ouvrières chargées du développement de la colonie. Parmi celles-ci, il y a 3 sous castes : - Les minors (4mm), elles sont chargées des soins apportés au champignon et aux larves. - Les médias : elles sont confinées au nid. Elles découpent en minuscules fragments les morceaux de feuilles avant qu’ils ne soient incorporés au champignon. - Les majors (plus de 1 cm), elles travaillent hors du nid à la découpe des feuilles. - Les mâles ne servent qu’à la reproduction et meurent rapidement.

Il faut reconnaître que les fourmis ont une «société» bien organisée, car chacune d’elles a un rôle bien défini au sein du nid.

Donc, le produit qu’ inventé le Docteur Léonide Célini et son co-équipier, le Professeur Mora, qui est une substance à base naturelle, appelé le Malao, en détrui- sant la meule, crée une perturbation du métabolisme de la fourmi. La destruction du champignon entraîne inévitablement la mort de l’essaim. L’essaimage empêche les fourmis de voler pour aller construire une nouvelle colonie. D’après la scientifique, les essais ont prouvé à 80% l’efficacité du Malao.

Mme Léonide défend un traitement collec- tif des terres infestées mais non individuel pour faire face à l’étendue de ce fléau. Elle se désole du fait que les autorités locales ne prennent pas à bras-le-corps la lutte contre la fourmi manioc.

De son côté, le Conseil départemental vient d’annoncer qu’il contribuera à hauteur de 5,500 millions d’euros sur 5 ans.

Le Docteur Léonide Célini attend, avec impatience, l’engagement du Conseil régional et de l’Etat pour sauver l’agricul- ture guadeloupéenne.

Grâce à cette découverte, des emplois seront créés. Il est prévu de former de jeunes demandeurs d’emploi pour mener à bien cette mission. Paul Quellery-Selbonne