Plan de relance de l’Union européenne

En date du 21 juillet dernier, le nouveau ministre des Outre- Mer, M. Sébastien Lecornu, fai- sait savoir par un communiqué de presse, l’accord obtenu au budget de l’Union Européenne, pour un plan de relance de 750 milliards d’euros. Dans ce fonds, 390 milliards d’€ seront alloués sous forme de subventions aux Etats les plus frappés par la pandémie. Cela, dit-il, constitue une étape importante dans la construction européenne.

T oujours selon ce communi- qué, dans le cadre des négo- ciations à Bruxelles, la France a porté avec force des demandes spécifiques pour les ter- ritoires d’outre-mer, qui ont été entendues et actées.

Cet accord comporte pour eux des avancées majeures, ils figurent parmi les principaux bénéficiaires du budget de l’Union Européenne. On y trouve :

• L’allocation spécifique pour les régions ultra périphériques, qui vise à compenser les surcouts liés à l’éloignement (par exemple l’aide au cout du fret pour les entreprises ultramarines). Cette allocation est augmentée de 33% soit un total de1928 millions d’€ au lieu de 1400 millions d’€, comme prévu dans le précédent compromis.

• L’enveloppe allouée aux pays et territoires d’outre-mer : (la Nou- velle-Calédonie, la Polynésie fran- çaise, Saint Pierre-et-Miquelon, Saint-Barthélemy, les terres aus- trales et antarctiques fran- çaises, Wallis et Futuna s’élève à 444 millions d’€ soit une aug- mentation de 4% par rapport à la génération 2014- 2020.

• Le maintien du taux de cofinance- ment maximal des projets à 85%, afin de soutenir la relance en outre- mer, alors que la dernière négocia- tion abaissait ce taux à 70%.

• Ce fond pourra financer très majoritairement les projets dans les départements-régions outre- mer à hauteur de 85% du mon- tant total éligible.

Le communiqué précise : • que ces fonds permettront de financer par exemple, la rénova- tion des réseaux d’eaux et assainis- sement, la mise aux normes para- sismiques des bâtiments, la lutte contre le décrochage scolaire et l’illettrisme, le soutien à la décar- bonisation…

• Que pour la première fois dans l’histoire européenne le budget est lié aux objectifs climatiques. Qu’au-cun projet qui dégrade le climat ne peut être soutenu. Que 30% des fonds sont réservés pour la transition écologique.

• Pour terminer M. Lecornu insiste :«plus qu’ailleurs, dans les outre-mer, la relance économique devra prendre en compte la spécificité des terri- toires… les avancées obtenues par le Président de la République en leur faveur permettent d’y assurer une reprise économique durable en conci- liant croissance et préservation de l’environnement».

C’est, conclue-t-il, «une première étape dans la déclinaison des plans de relance par territoire et c’est histo- rique». Nous savons que les refrains qui évoquent les milliards d’€ de l’Europe ont souvent des effets euphorisants sur nos concitoyens.

C’est pourquoi nous avons voulu lire avec attention ce communiqué qui ne dit pas tout et qui est là pour mettre en exergue le rôle du Président de la République dans les négociations de Bruxelles et pour majorer la portée des quelques petites avancées obtenues. Mais somme toute, le ministre est bien dans son rôle.

Pour notre part, nous voulons sol- liciter la réflexion de nos conci- toyens sur la «fragilité» des annonces gouvernementales qui défilent en abondance à l’ap- proche des échéances électorales. Nous notons que la France n’a aucun mérite particulier à défendre ses départements dits d’outre-mer.

Ce faisant, elle est tout à fait dans son rôle. D’ailleurs, si elle ne les avait pas oubliés lors de la constitution de l’Union européenne, et qu’elle avait fait, comme d’autres pays, deman- der pour eux des dispositions parti- culières dans l’Europe, nous n’au- rions pas eu à quémander sans cesse et plutôt sans succès, des faveurs pour nos productions menacées et la perte de nos acquis en général.

Quant aux prétendues avancées majeures que porterait ce plan pour nous, il est prudent d’attendre pour juger sur pièce.

Retenons bien : Que les 1928 millions de l’allocation spécifique sont à partager entre les 9 pays qui constituent les régions ultra périphériques de l’Europe (RUP) (Réunion, Guyane, Marti- nique, Guadeloupe, Mayotte, Saint-Martin, Açores, Madère, les îles Canaries).

Que les modalités de versement des fonds européens consti- tuent souvent une barrière contre l’accessibilité. Il y a beau- coup d’appelés mais peu d’élus.

Que de se trouver une petite place dans une série de directives rigoureusement encadrées, ne permet pas de mettre en oeuvre ses propres priorités. Or, il est vital que la Guadeloupe puisse établir ses priorités et avoir les moyens de les mettre en oeuvre.

Donc, avoir globalement plus de moyens financiers, vouloir que la relance économique en outre-mer prenne en compte la spécificité des territoires, conserver le taux de financement maximal à 85%, tout cela est certainement positif. Mais il nous manque l’initiative du libre choix de nos projets et les moyens de préfinancer leur réalisation. Car, n’oublions pas que le rembourse- ment se fait contre factures acquit- tées et selon des modalités précises.

Alors soyons «véyatifs», réalistes, pour éviter les déconvenues trau- matisantes, mais surtout pour prio- riser le cap sur une Guadeloupe capable de décider de ses choix fondamentaux.