Voici ce que les Occidentaux n'ont pas compris de l'économie moderne (Fin)

L a vérité est que ces économis- tes se sont déjà rendus et ont renoncé à se battre, faute d'i- dées. Et ils sont déjà en train de passer au plan B, d'un Occident qui deviendrait une destination touris- tique pour les nouveaux émergents. C'est le président américain Barack Obama qui a vendu la mèche le 18/01/2012, en présentant dans un parc d'attraction touris - tique en Floride son désir de faire des USA, la première destination touristique du monde, au nom de la relance de l'emploi. Ce que Monsieur Obama ne sait pas, c'est que le tourisme n'a jamais aidé un pays à se développer. La France dont il veut contester la première place avec ses 77 millions de touris - tes en 2010 (contre 59 pour les USA, deuxième), n'aurait pas les problè - mes financiers qu'elle connaît, si le tourisme était une baguette magique. Ces économistes occiden - taux qui croient avoir trouvé leur plan miraculeux pour sortir de la crise, en prédisposant les infrastruc - tures pour accueillir les nouveaux riches de Chine, Inde et Brésil, doivent se demander pourquoi l'en - droit qui attire les touristes fortu - nés en France, la prestigieuse Côte d'Azur est paradoxalement la région (PACA) avec le plus fort taux de pauvreté de toute la France ? (Source Insee). Aucun pays ne peut s'en sortir en s'éloignant des métiers de la production. Un tou - riste, fût-il le plus riche du monde, ne consommera jamais la nourritu - re de 5 personnes et s'il faut impor- ter pour satisfaire à ses besoins, on revient au point de départ, sans compter les problèmes que cela comporte de se spécialiser sur les riches. L'Ile Maurice croyait éviter les problèmes du tourisme sexuel de la Thaïlande des pédophiles occidentaux, en misant sur un tourisme de luxe. 30 ans après, le pays s'est retrouvé la capitale africaine de la drogue, introduite dans les yachts de luxe et les jets privés qui ne sont soumis à aucun contrôle, pour ne pas froisser ces riches. Qu'à cela ne tienne, si la crise peut trans - former le racisme institutionnel qui faisait que seules les populations de race blanche pouvaient entrer aux USA sans visas, l'engouement touristique du président américain serait un progrès pour l'humanité. Et l'allié de toujours, Taiwan serait le premier à en bénéficier. La vérité est que le nord du monde en crise n'attire plus grand monde, même plus les pauvres du sud.

D- CONCURRENCE INTELLECTUELLE

Selon un article publié par Christine Murris dans le Magazine français Valeurs Actuels du 19/01/2012, en France, sur 16.800 places of fertes par les écoles d'in- génieurs en 2011, seuls 14.700 étu- diants se sont inscrits. Pire sur les ingénieurs sortis en 2010, seuls 42% sont allés créer des richesses. Les autres ont été engloutis par l'industrie de la spéculation qu'est le secteur financier. Avant même leur sortie d'école note-t-elle, ils sont démarchés par plusieurs entreprises d'assurance, de banques pour utiliser leurs capacités mathématiques pour leur faire gagner plus de fric, sans faire d'ef fort.

Au même moment, sur les 11 uni- versités que compte la troisième ville chinoise de T ianjin, 9 sont des écoles pour former les ingénieurs. En Occident, le pouvoir politique est détenu par des personnes qui ont suivi une formation de droit ou de littérature. En Chine, ce sont les ingénieurs qui ont le pouvoir poli- tique. On comprend dès lors la dif- férence d'engouement des jeunes chinois et occidentaux pour la for - mation en métiers de création de la richesse. Mais puisque les 2 parties sont en concurrence, comment s'étonner que toutes les mesures prises en occident contre la désertification industrielle sans toucher aux valeurs mêmes sur lesquelles toute la société s'est bâtie n'est que de la pure propagande qui ne convainc même pas celui qui la dit. La vraie concurrence des nations aujourd'hui est d'abord intel- lectuelle. Une nation s'en sortira ou non par sa capacité à for - mer et mettre à la disposition de ses usines suffisamment des cerveaux pour penser , pour créer et ensuite seulement on pourra parler de compétition. L'Occident a depuis 2 siècles, cru que l'intelligence était le fait de l'ADN d'une population caucasienne dite Blanche. Le défi que l'o - rient lui a lancé sur ce domaine est colossal et il n'arrive pas à relever le défi, c'est la concurrence des ingénieurs. Un ordinateur , un téléphone est vieux après 3 mois, c'est le défi lancé. Et ce ne seront pas les symboles qui pourront changer la donne.

E - COMMUNISTE DEDANS, CAPIT ALISTE DEHORS

Dans le rapport 2011-2012 du forum des 1600 entreprises Européennes en Chine il est écrit que la Chine est un pays communiste à l'intérieur et capitaliste à l'é - tranger. Ce rapport qui n'est pas tendre du tout dit que «il doit être particulièrement agréable pour la Chine de pratiquer le libéralisme économique le plus déchaîné à l'exportation tout en continuant à s'appuyer sur les fondamentaux du dirigisme à la soviétique sur le mar- ché intérieur».Ce rapport de 338 pages, signé par le Président de l'European Union Chamber of Commerce, Monsieur Davide Cucino et son secrétaire général Monsieur Dirk Moens, traduit la frustration de tous les entrepreneurs occidentaux qui ont couru en Chine dans l'espoir de conquérir le milliard de consommateurs Chinois et qui se trouvent à n'avoir pour seule issue louable que d'exporter de la Chine vers leurs pays d'origine. Tout ceci nous interpelle sur la nécessité de revoir de fond en comble toutes les théories écono - miques des deux siècles précédents qui ne prennent jamais en considération la possibilité d'un pays de jouer sur deux registres en même temps, le communisme à l'intérieur et le capitalisme débridé à l'expor- tation. Sans cette réécriture, il n'y a pas de solution au problème de la compétitivité des entreprises occi - dentales. On pourra même réduire à zéro le coût du travail en Occident, cela ne changera pas de beaucoup la trajectoire de la cour - se vers le mur dès lors que la pro- blématique est viciée par une variable non maîtrisée : le rôle de l'Etat dans l'économie moderne.

F - QUELLES LECONS POUR L'AFRIQUE ?

Les privatisations forcées du Fond Monétaire International et de la Banque Mondiale sont des cathédrales d'erreurs monumentales à ne plus commettre. Céder par exemple au Cameroun l'entreprise publique d'électricité Sonel aux privés américains de AES a été une erreur stratégique de grande importance, non seulement parce que les délestages n'ont pas cessé, mais aussi parce que dans un pays qui veut décoller à partir de ses industries, le prix de l'énergie à commencer par l'électricité doit être conçu dans une politique glo - bale des mesures pour assurer la compétitivité des entreprises, pour qu'elles soient mieux aguerries pour affronter la jungle du marché international, en position de force.

Les recettes que les Africains formés en occident ont appli - quées comme du copier -coller en Afrique selon lesquelles il faut taxer tout ce qui bouge est une autre erreur stratégique qui mène droit dans le mur. L'urgence pour l'Afrique est de produire la richesse. Et l'Etat doit s'activer afin que cette production soit effective et à grande échelle et sa redistribution devienne plus aisée, pourvue qu'il y ait d'abord quelque chose à partager. L'Afrique doit exporter au maxi- mum ses produits finis, pour constituer un capital de devises étrangè - res nécessaires au bien-être de sa population. Le prix stratégique de l'énergie (gaz, essence, électricité) est plus important que le bas coût de la main d'œuvre. Taxer les bouts de routes bitumées peut donner l'illusion d'alléger le poids financier de l'Etat en Afrique, mais cela fait juste partie des recettes erronées du système rentier de l'Occident, qui plombent la compétitivité africaine. Il se pose en Occident même le problème de la moralité même de leur système. Le 10 janvier 2012 c'est le PDG de Free, Monsieur Niel qui devenant le 4ème opérateur de la téléphonie mobile en France, en divisant les prix par 5, a mis à nu la mafia rentière d'un capitalisme protégé par l'Etat pour arnaquer sa propre population.

Les économistes africains doivent s'activer à écrire leurs théories économiques qui prennent en compte les spécificités africaines, les inté - rêts africains, au lieu d'être dans une attente permanente de rece - voir la consécration d'un poste de subalterne dans telle ou telle autre Institution Occidentale. A mon avis, le courage et l'autonomie des éco - nomistes Africains de se distancer des formules élaborées par les bureaucrates de Washington, pour trouver leur propre voie, à partir de nouvelles variables purement afri- caines et revisitées dans un contexte du 21ème siècle ferait honneur à ces mêmes intellectuels car ils auront eu l'ambition historique d'être des précurseurs d'une nouvelle Afrique, d'une Afrique avec leurs signatures, plutôt que, comme ils croient par erreur , qu'ils n'ont de valeur que si sur leur cur- riculum, il y aura le nom d'une insti- tution internationale qui sont pour la plupart au service de l'occident et donc, contre les intérêts même de l'Afrique. Ils doivent tous se poser la question : pourquoi après l'échec de l'Union Européenne d'empêcher les Chinois d'investir en Afrique, pour- quoi après l'échec de l'administration américaine de freiner les inves - tissements chinois en Afrique, ce sont désormais ces institutions où tous souhaitent aller travailler , qui ont pris le relais ? Comment expli- quer que le Fond Monétaire International, plutôt que de se réjouir que grâce surtout à la Chine, l'Afrique soit finalement sortie de la misère, monte au cré - neau pour tout chambouler ? Au début du mois août 2011 à Nouakchott en Mauritanie, se tenait l'African Caucus, une réunion rassemblant les pays africains et leurs créditeurs, avec le directeur du FMI à la tête. Ce qu'on retien- dra de cette rencontre, c'est l'énervement contre les 1000 milliards de dollars que la Chine a puisés de ses réserves en devises pour l'injecter dans l'économie africaine (pour comparer, le fameux plan Marshall était de 100 milliards de dollars, c'est-à-dire, 10 fois moins). On a vu des scènes ahurissantes des autori- tés burundaises, très contentes de la signature des contrats avec la Chine, mais plonger le lendemain dans l'angoisse des représailles du FMI. En RDC, c'est par décret du 21/12/2010 que Monsieur Obama a exclu la République Démocratique du Congo de la liste des pays africains pouvant bénéficier du projet AGOA, et exporter aux USA sans droit de douane, à cause des nombreux investissements chinois dans le pays, même si les motivations offi- cielles parlaient du recul de la démocratie. Paradoxe : pour profiter pleinement des avantages de l'Agoa, et exporter les produits finis vers les Usa, le Congo avait bien besoin que quelqu'un inves - tisse au préalable pour créer les usines de transformation. Et com - ment lui reprocher d'accepter l'ar- gent chinois ? Qui faut-il le rappe- ler n'a aucune odeur lorsqu'il fian- ce les fonctionnaires USA qui prennent ces décisions, y compris son président, mais pue dès lors qu'il s'agit de l'Afrique.

Les municipalités africaines doivent rivaliser d'ingéniosité pour créer de la richesse et donc créer des postes d'emplois à leurs administrés. 90% des bibles utilisées par les nom- breuses confréries religieuses aux USA sont imprimées en Chine. Et laplupart de ces imprimeries appar - tiennent à des mairies qui en tirent des revenus pour bitumer de nouvelles routes, et pour créer de nouveaux emplois dans la commune. En Afrique ce sont des municipalités capables de créer des ressources qui pourront garantir l'émergence d'un Etat fort en mesure de résister et frei - ner les élans individualistes et égoïstes des privés. Sans cela, il n'est pas exclu que le continent se libère du joug de l'occident pour se retrouver avec un joug interne d'une poignée de clans qui installent ensuite et allègrement une économie rentière, exactement le modèle qui est en train de mener l'occident droit dans le mur.