Que pourra faire le préfet Alexandre Rochatte de plus que son prédécesseur ?

Si nous confions la ges- tion de notre pays à des représentants de l’Etat, si nous les prenons comme conseillers ou comme arbitres dans nos conflits entre Guadeloupéens, si nous attendons d’eux des solutions à nos problèmes quotidiens, nous ne pour- rons avoir que des solu- tions qui perpétuent la domination coloniale, à travers leurs orientations.

Un préfet, dans un Dépar- tement-Région, est le représentant de l’Etat. Il est chargé de veiller à l’application des décisions du Gouvernement et à consolider sa politique.

C’est pourquoi on ne peut s’atten- dre à un changement de situation quant au fond, avec simplement l’arrivée d’un nouveau préfet.

Ce qui peut varier, ce sont les attributs propres au personnage : ses techniques d’approche, ses formules langagières, ses motiva- tions et expériences person- nelles... disons, sa personnalité propre. Mais cela n’entame en rien les fondements de sa mission qui est de servir l’Etat, de le faire respecter, de protéger ses inté- rêts, coûte que coûte.

Alors on ne peut compter sur un préfet, quel qu’il soit, pour être l’artisan d’un quelconque change- ment de pratiques qui transfor- merait la nature de nos relations avec la France. Car c’est bien là que le bât blesse.

N’oublions surtout pas que l’Etat n’est pas neutre. Que les fondements de notre relation avec l’Etat sont de nature capi- taliste et colonialiste.

Donc, le préfet Alexandre Rochatte, qui a succédé au préfet Philippe Gustin, ne saurait être autre que le continuateur de son administration, mais en y mettant sa touche per- sonnelle, ce qui peut faire une cer- taine différence dans la forme.

L’important pour nous, c’est d’être persuadés que ce n’est pas le préfet qui doit apprendre aux Guadeloupéens ce qu’ils doivent faire pour un mieux-être réel et durable dans leur pays.

Les préfets passent, la Guadeloupe trépasse. C’est un constat. Si nous confions la gestion de notre pays à des représentants de l’Etat, si nous les prenons comme conseillers ou comme arbitres dans nos conflits entre Guadeloupéens, si nous atten- dons d’eux des solutions à nos pro- blèmes quotidiens, nous ne pour- rons avoir que des solutions qui per- pétuent la domination coloniale, à travers leurs orientations.

Aujourd’hui, que l’Etat garantisse sa présence sur le sol guadeloupéen, est dans la logique du système de domination.

Ce qui est devenu indispensable, c’est l’initiative guadeloupéenne forte dans les décisions qui impactent le présent et l’avenir de notre pays.

C’est, notamment, la présence de cadres techniques et administra- tifs guadeloupéens au service du pays, en nombre, dans la gestion des structures qui organisent la vie publique sur le territoire gua- deloupéen.

C’est un cadre législatif et régle- mentaire qui organise un pou- voir décisionnel en Guadeloupe pour être plus proche de nos réalités que nous connaissons mieux que quiconque.

Aujourd’hui, avec la détérioration du tissu économique, social, cul- turel, mais aussi politique, organi- sons nous pour accueillir ce nou- veau préfet comme celui qui doit assurer les missions de l’Etat en Guadeloupe, répondre aux ques- tions des citoyens sur les graves manquements constatés dans l’exercice de ces missions.

Apprenons à être des Guadelou- péens décidés à faire de notre Guadeloupe un pays qui se donne les moyens concrets d’un dévelop- pement global pour conserver sa jeunesse, et construire une qualité de vie qui encourage l’effort, la persévérance, le vivre ensemble et la réussite pour tous.