«Vivre avec son volcan»

Guadeloupe 1 ère a présenté, pour la 2 è me fois, un documentaire sur le volcanisme dans les Petites Antilles, réalisé en Guadeloupe et à la Dominique. Il faut être aveugle pour ne pas noter la façon dont a été traité le sujet d"une île à l"autre.

EN GUADELOUPE

Le vulcanologue responsable de la station de surveillance de la Soufrière nous a expliqué la dange- rosité de ce volcan où vit une popu- lation à moins de 3 km. Puis quelques remarques ont été faites sur les failles le long du tracé emprunté par les techniciens.

Une brave marchande concluait que de toute façon, s"il s"agissait de cen- dres, comme en 1976, elle ne quit- terait pas sa région en cas d"alerte. Peut-être a-t’elle conservé le souve- nir de l"étonnant différend qui avait opposé à l"époque les vulcanologues Tazieff et Allegre.

À LA DOMINIQUE

C"est d"une manière pédagogique magistrale que les habitants nous ont fait vivre leurs volcans. Toute la population a participé à cette présentation :

- Le jeune vulcanologue originaire de Montserrat donc la vocation est née, nous-a-t"il dit, après la catas- trophe qui a vu disparaître la moitié de son pays natal.

- Les habitants conscients ou inconscients qui ont fait de ces sources chaudes, brûlantes parfois, des lieux de bien-être corporel

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- Le vieux rasta philosophe qui cul- tive sur des terres riches les plantes médicinales et autres fruits et légumes, assurant ainsi, avec d"au- tres paysans, l"autosuffisance ali- mentaire de son peuple. Jusqu"à quand ? «L"avenir de cette île qui explosera un jour n"appartient-il pas à Dieu», nous dit-il.

- L"historien, peintre, dessinateur, responsable du musée de Roseau qui a fait de longues recherches pas- sionnées sur l"histoire millénaire de son pays qui, comme le nôtre, se situe sur deux plaques tectoniques qui se chevauchent.

- Enfin, les habitants de l"île, descen- dants des Kalinagos qui, à travers une cérémonie spirituelle, ont prié le Dieu volcan symbolisé par une sta- tue de pierre, leur totem.

Si nous avons voulu comparer la pré- sentation de ces deux îles voisines, c"est juste pour dire à nos compa- triotes Guadeloupéens ce qui suit : Notre pays est sillonné depuis des décennies par des missions fran- çaises et européennes chargées d"étudier nos mers, nos forêts, nos volcans, nos rivières, le plus souvent dans l"indifférence générale. Et pourtant, il suffirait, qu"en dehors de nos scientifiques, de jeunes guade- loupéens y soient associés comme accompagnateurs. Nous pensons en particulier à ceux issus des écoles de la 1 ère et de la 2 ème chance.

A l"âge où ces jeunes débordent d"énergie et ignorent la peur, plon- ger dans les mers et escalader les montagnes susciterait chez beau- coup d"entre eux des vocations. On en trouverait peut être moins dans les prisons ou à la dérive. Mais il nous faut franchir un pas, lequel ? A vous de répondre...