Interview du Président des cuisinières Rony Théophile

Pouvez-vous nous présenter votre association ?

Rony Théophile :Saint-Laurent fut adopté comme le saint patron des rôtisseurs, des cui- sinières et des libraires parce qu’il détenait les écrits de l’église. L’anniversaire de Saint-Laurent étant le 10 août, le

samedi le plus proche est choisi en Guadeloupe pour le fêter. En 1916, a été créée une tontine qui regroupait quelques «Bòn a madanm». En ce temps-là, il n’y avait pas encore de cou- verture sociale. L’une d’entre-elles a perdu son mari. Avec les difficultés de la vie, elles ont cotisé ensemble pour aider celle qui a perdu son mari à faire les funérailles. C’est ainsi qu’elles ont décidé d’étendre cette même démarche aux autres. C’est ainsi qu’est née la tontine qui s’est ensuite transformée en mutuelle. Suite à la disso- lution des petites mutuelles, elles ont gardé le statut d’association, c’est ce qui les a épargnées de la disparition.

Vous avez dit dans votre discours que c’estl’un des derniers bastions de notre culture, pouvez-vous nous en dire plus ?C’est effectivement l’un des derniers bas- tions de notre culture. C’est une école qui a pour vocation la transmission. De nos jours, les costumes ne sont plus portés comme auparavant. Les gens cui- sinent très peu, ils préfèrent se rendre au fast-food. Ils n’ont plus le temps de faire mijoter leur repas. Les cuisinières, sont les derniers poto-mitan à faire valoir et pré- server cette cuisine colorée, parfumée et épicée, propre à la Guadeloupe. C’est aussi l’un des derniers bastions à por- ter les costumes traditionnels, pas unique- ment à l’occasion de la fête.

Quelle est la place de cette fête dansle domaine touristique ?

Elle est incontournable. La fête des cui- sinières est vendue chez les tours opé- rators. La fête des cuisinières et le Tour cycliste de la Guadeloupe au mois d’août, sont les deux manifestations qui brassent le plus de monde.

Quelles sont les spécialités créoles propres àla Guadeloupe ?En réalité, tout ce qui est cuisiné. Notre cui- sine traditionnelle est classée 2 ème au niveau de la charte de la cuisine française en tant que cuisine des provinces françaises. Cette cuisine faite de restes, cette cuisine d’es- claves, cette cuisine du terroir faite de petites mains. C’est important de dire qu’avec peu, on en fait beaucoup. Chaque coin de la Guadeloupe a sa propre spécialité.

La relève est-elle assurée ?Oui, elle est assurée puisque nous avons de petites cuisinières dont l’âge varie de 7 à 14 ans. Nous avons aussi de jeunes garçons. et la doyenne est âgée de 101 ans.