Le port du masque, oui ! Mais qui doit payer et quelles retombées pour notre filière couture ?

Oui, il faut porter le masque pour se protéger et protéger les autres. Il faut surtout le porter correctement et aussi avec circonspection. Par exemple, il n’est pas nécessaire de le mettre pour rester à la maison ou quand on est seul. Par contre, il faut le porter quand on est entouré de per- sonnes, pour pénétrer dans les commerces, les bureaux, les éta- blissements divers, les trans- ports publics, et aussi au travail.

IMPACT SUR LE BUDGETET L’ENVIRONNEMENT

En somme, il faut gérer intelligem- ment le port du masque pour que cela soit efficace et supportable. Cela est de notre propre responsa- bilité. Mais l’usage obligé du masque induit une dépense supplé- mentaire. Dans une famille de cinq membres, cela peut représenter environ 15 masques par jour. D’où un impact sur le budget familial.

S’ils ne sont pas réutilisables, c’est un surplus de déchets particuliers pour les familles, et aussi pour notre territoire qui pourrait bien s’en pas- ser. C’est donc une incidence non négligeable sur l’environnement.

Aussi serait-il souhaitable d’avoir des masques lavables, donc réutili- sables et qu’on ne retrouverait pas au bord des routes. Ce serait aussi moins cher, mais il faudra toujours un budget, et cela n’est pas évident pour tout le monde.

Mais alors, puisque l’Etat ordonne de porter le masque et qu’il punit très sévèrement les contreve- nants, il devrait aussi prendre en charge leur coût.

Il s’agit d’une mesure de protec- tion de la santé publique. Ce n’est pas un luxe ou un caprice. L’Etat doit jouer pleinement son rôle dans ce domaine.

Pour permettre aux personnes à faibles revenus de porter correcte- ment le masque, il faut que ce soit gratuit. On pourrait en confier la distribution aux Centres commu- naux d’action sociale (C.C.A.S) et aux organismes qui prennent en charge les publics en difficulté. Pour les élèves et étudiants, les écoles, collèges, lycées et univer- sité, devraient pouvoir leur remet- tre ces masques gratuitement, fournis par l’Etat. En réalité les canaux existent déjà pour une dis- tribution efficace, pour peu que l’on veuille vraiment le faire.

UN PROJET DE REVITALISATIONDU SECTEUR DE LA COUTURE EN GUADELOUPE

Maintenant, posons-nous la ques- tion : Pourquoi faut-il que nous achetions à l’extérieur des masques que nous pourrions confectionner ici, même avec un minimum d’orga- nisation ? Il y a eu une expérience très intéressante, à l’initiative d’un groupe d’artisans qui a pas mal dépanné au début de la pandémie.

Alors, pourquoi ne pas voir plus grand, mieux structuré et plus économique, à travers un projet de revitalisation du secteur de la couture en Guadeloupe. Nous avons des couturières qui n’exer- cent plus, car le prêt à porter a envahi le marché. Mais, ces petites mains, souvent expertes, pourraient trouver là l’occasion de montrer leur savoir-faire, et l’argent des masques resterait en Guadeloupe.

Sur cette même lancée, le mas- que pourrait devenir un acces- soire accompagnant une cas- quette, un chapeau, une coiffe, une robe, etc… Une telle réalisa- tion serait un exutoire pour la créativité de nos artisans.

Le Conseil régional qui a compé- tence en matière de développe- ment économique pourrait prendre l’initiative de soutenir fortement la création d’une telle entreprise.

Ce serait le début de la renais- sance d’une des branches de notre artisanat qui n’a pas été suf- fisamment encouragée par la puissance publique et qui, malgré tout, est portée courageusement, à bout de bras, par quelques com- patriotes résistants qui, par leurs créations, font honneur à la Guadeloupe à l’extérieur.

Avec le développement touristique que nous voulons et notre carnaval comme produit phare, cette branche de l’artisanat peut répon- dre à nos besoins et soutenir une production originale «made in Guadeloupe» qui occuperait quelques artisans.

Nous avons perdu la volonté et le goût de créer. Il serait temps de revenir sérieusement à la création, porteur de valeur ajoutée mais aussi d’émancipation.