Caraïbe : L'accord de coopération énergétique Petrocaribe prend de l'ampleur

Vue de France, notamment à tra- vers les prismes des miroirs déformant des “experts” et “chiens de garde” de service, la politique du président vénézuélien Hugo Chavez, semble très souvent se réduire à des discours. Lutte idéologique et lutte des clas - ses obligent ! Dans ce contexte, il est toujours indispensable de pré- senter de manière plus concrète et détaillée les initiatives de coopération qui se développent. Leur nouveauté, leur nécessaire passage par ce que le grand pédagogue communiste Célestin Freinet appelait le “tâtonnement expérimental”, ne se sont pas soldés par des échecs. Bien au contraire ! Après l'Alliance bolivarienne pour notre Amérique (l'ALBA), après l'accord de coopération énergétique Petrocaribe, les 2 et 3 décembre 2011, a été enregistrée la création de la (Communauté d'Etats latinosaméricains et Caraïbes (CELAC). Notre région Amérique lati- ne/Caraïbes se porte bien, mon- tre le chemin à suivre à l'huma - nité toute entière. Il est bien dommage que les Guadeloupéens ne soient pas de ce voyage, ne soient pas associés à l'écriture de cette page d'histoire de la Caraïbe. Notre intégration à l'ALBA, à Petrocaribe ou à la CELAC, nous aurait évité bien des désagréments, notamment ceux imposés par les hausses perpétuelles des prix du carburant et du saccage de notre environnement. La lutte engagée par les communistes, alliés à d'autres organisa - tions anti-colonialistes guadeloupéennes pour la décolonisation de leur pays, pour la domiciliation ici d'un pouvoir guadeloupéen, ne peut que trouver un écho favorable au sein de larges fractions de notre peuple. Nous reproduisons ci-dessous un article de Lucila Horta, publié dans ”Noticias Aliadas”, concernant l'accord de coopération énergétique Petrocaribe. Dunières Talis

Av ec l'incorporation du Honduras lors du VIe som- met de Petrocaribe, dans la ville de Cienfuegos à Cuba, le 21 et 22 décembre, 17 nations intègrent désormais cet accord régional lancé par le Venezuela qui facilite un approvisionnement en pétrole à des prix préfé - rentiels, avec des facilités de paie - ment, alors que le cours du baril flirte avec les 90 dollars. Petrocaribe est un accord de coopération énergétique conçu comme une entité multilatérale vouée à diminuer les inégalités d'accès aux hydrocarbures, grâce à un schéma d'échanges “favora - bles, équitables et justes entre les pays de la région.” Il a vu le jour le 29 juin 2005, lors d'un premier sommet à Puerto La Cruz au Venezuela, avec la participation de 14 pays : Antigua et Barbuda, les Bahamas, le Belize, Cuba, la République dominicaine, Saint Christophe et Névis, Sainte- Lucie, Saint-Vincent-et-les-Grenadines, Surinam et le pays hôte. A ceux-ci se sont ajoutés, lors du IIIe sommet en août 2007, Haïti et leNicaragua. La Barbade, le Guatemala, Trinié et Tobago et des organisations régionales telles que la Communauté des Caraïbes (CARICOM) et l'orga - nisation des Etats des Caraïbes orientales ont assisté en tant qu'invités au IVesommet. Parmi les bonnes nouvelles, on peut citer l'annonce qu'une part de la facture pourrait être amortie en échange de biens locaux ou de services de la part des nations memb - res, formule existant déjà entre l'Argentine, Cuba, l'Uruguay et le Venezuela. “On envisage de proposer des actions afin d'établir des mécanismes de compensation au paie - ment”, a af firmé à cette occasion le président Hugo Chavez, précisant que les premiers bénéficiaires seraient les pays commençant à payer en 2008 et devant au total 1 milliard de dollars. C'est notam- ment le cas de la République domi- nicaine qui reçoit quelques 35 000 barils par jours.

ENERGIE ALTERNATIVE

La promotion des énergies alterna - tives (solaire, géothermique et éolienne) est une autre annonce prometteuse. Il existe des avancées comme celles effectuées dans 13 pays du pacte, avec le remplace - ment des ampoules incandescentes par des ampoules à basse consommation, ou la construction et mise en service de quelques 1 000 méga - watts de nouvelle génération, utili- sant des groupes électrogènes au diesel ou au fioul pour la réhabilitation des réseaux électriques, en s'inspirant de l'expérience cubaine dans ce domaine. Durant le sommet, les partenai- res ont décidé de la création d'un fonds commun qui fournira les crédits permettant une mise en œuvre rapide des pro - jets d'énergie alternative. Une autre résolution inclut l'utilisation de la raf finerie de Cienfuegos pour l'approvision- nement en pétrole raffiné et autres produits dérivés de plusieurs pays de la région. Le complexe avait fermé en 1990 avec l'interruption soudaine de l'approvi - sionnement consécutif à la disparition de l'Union soviétique. Jusqu'à il y a 18 mois elle avait simplement été entretenue pour éviter la détérioration, mais en 2006 un investissement de 83 millions de dollars a été effectué via une entreprise cubano-vénézuélienne, afin de moderniser sa technologie et autres particularités permettant le traitement de 65 000 barils par jour dans un premier temps puis de 150 000ultérieurement. Les nations bénéficiaires doivent accélérer les travaux leur permet- tant d'accroître leur capacité de stockage du carburant. Le Venezuela produit 3 millions de barils par jour et destine 102 000 barils par jour à la région, mais il n'en distribue actuellement que 53 000 en raison du manque d'infrastructures. D'autres projets de Petrocaribe sont déjà en marche comme l'usine de bouteilles de gaz inaugurée récemment à Saint V incent -avec une production de 20 000 unités par jour qui lui permet de devenir exportateur-, ou encore les “petrocasas”, maisons construites à partir de matériaux dérivés du pétrole.

“PETROCASAS”

Les cent premières ont été inaugu- rées au sein même du pôle industriel de Cienfuegos, 150 ont égale - ment été construites au Pérou dans le zone touchée par le tremblement de terre le 15 août dernier et on prévoit leur construction cette année en République dominicaine. De la même manière, l'édification d'une raffinerie va être lancée à Leon au Nicaragua, la première d'une dizaine devant voir le jour ou être agrandies en divers sites d'Amérique latine et des Caraïbes. Lors de la fondation de Petrocaribe, dans le cadre de l'Alternative bolivarienne pour les peuples de notre Amérique (ALBA), un fonds ALBA-Caraïbes a été prévu pour la gestion matériel - le de ces programmes, à partir de l'épargne produite par le finance - ment de la facture pétrolière et le commerce direct. Initié par le V enezuela avec un apport de 50 millions de dollars dans un pre- mier temps, passé depuis à 100 millions, il est utilisé au profit d'Antigua et Barbuda, des Bahamas, du Belize, de Cuba, de la République dominicaine, de la Grenade, d'Haïti, du Nicaragua, de Saint-Christophe-et-Nevis et deSaint-V incent-et-les-Grenadines. Ce fonds a comme priorité de contribuer au développement des pays des Caraïbes par le biais d'oeu - vres sociales cherchant à réduire la pauvreté en of frant des possibilités d'emplois et de revenus, à “accroître les garanties en matière de sécurité énergétique et à contri- buer à la préservation de l'environnement”, précisent ses statuts. Petrocaribe établit un paiement à long terme à hauteur de 30% quand le prix du baril atteint ou dépasse les 40 dollars, de 40% s'il atteint 50 dollars, et de 50% si le prix grimpe à 100 dollars. Le délai de paiement s'allonge de un à deux ans et les paiements différés peuvent s'établir sur 17 ans. Si le prix du baril dépasse les 40 dollars, la période de paiement peut alors s'étaler sur 25 ans et le taux d'intérêt est réduit à 1%.

Source : LGS