L’eau : Donner la parole aux citoyens

L’organisation d’un référendum décisionnel local pour doter la Guadeloupe d’un véritable service public de l’eau, est un combat politique impliquant le citoyen dans la prise en charge et la résolution de ses problèmes. C’est le meilleur moyen d’imposer aux élus la volonté exprimée des citoyens.

D ans le contexte du conflit de l’eau qui a vu le jour à Capesterre Belle- Eau, au début des années 1990, le Parti Communiste Guadeloupéen, dans une d éclaration de la Section de Capesterre Belle-Eau en date du 18 octobre 1993, se prononçait pour la création d’un service public de l’eau, à l’échelle de la Guadeloupe.

La proposition a été présentée par les élus communistes au Conseil régional de la Guadeloupe, le 6 mai 1996, puis adressée le 21 février 1997 aux présidents des Con- s eils régional et général de la Guadeloupe, au préfet de Région, au président du Siaeag, au directeur de la Sogea, au Comité de défense des abonnés, aux médias. Elle comportait entre autres, les points suivants :

- La mise en oeuvre d’une expertise tech- nique et financière sur les réseaux de distri- bution, la qualité et le mode de facturation de l’eau en Guadeloupe.

- La fixation du prix de l’eau et de tous les services annexes sur une base transparente, vérifiable et accessible à tous les usagers. - La réactualisation du schéma d’utilisation des eaux de la Guadeloupe.

- L’arrêt des délégations du service public à des sociétés privées.

Depuis, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts et s’est perdu dans la nature, mais les robinets de très nombreux guadelou- péens sont de plus en plus secs, ou cou- lent au compte-gouttes. Demeurée sans suite à ce jour, cette proposition est plus que jamais d’actualité.

Depuis près de trente ans, la situation ne cesse de se dégrader dans l’indifférence de la grande majorité des élus qui ont sacrifié l’intérêt général de la population à leurs intérêts politiciens, avec la complicité bien- veillante de l’Etat et ceci, au plus grand bénéfice des multinationales de l’eau aux- quelles tous sont assujettis.

Ces dix dernières années, sous la pression populaire, les collectivités ont fait mine de s’accorder. Ainsi, le 21 septembre 2012, les communes entérinaient un plan d’actions et un calendrier pour la mise en place d’une structure unique pour la gestion de l’eau.

Par la suite, dans le cadre des élections départementales et régionales de l’année 2015, l’ensemble du personnel politique se prononçait pour la mise en place d’un syndicat mixte ouvert au 1 er janvier 2016. A ce jour, septembre 2020, ce syndicat unique n’a toujours pas vu le jour après la énième date butoir du 1 er janvier 2020, reportée au 30 juin 2020.

En réalité, la plupart des élus sont hostiles à la mise en place d’un véritable service public de l’eau en Guadeloupe, qui les priverait d’une manne financière. Il y a une opposi- tion entre les intérêts des élus à conserver leur mainmise sur le territoire et le besoin de la population de disposer d’un service public de l’eau à l’échelle du pays.

Il nous faut sortir du modèle actuel, en finir avec la superposition et l’enchevêtrement des compétences, la multiplicité des acteurs et des structures, les gestions opaques qui s ont la cause principale de la gestion catas- trophique actuelle.

Pour nous, Communistes guadeloupéens, l’eau est un bien public, propriété collective de la Guadeloupe. C’est le patrimoine com- mun des Guadeloupéens. Nous réaffirmons que la production, le transport, la distribu- tion de l’eau potable, l’assainissement des e aux usées, doivent être réalisés sous la maî- trise de la puissance publique par la création d’une entreprise publique de l’eau en Guadeloupe, pour garantir, à tous les usa- gers une eau de qualité à un prix unique sur l’ensemble de notre archipel.

Face à l’irresponsabilité politique coupable des élus de la Guadeloupe qui ont fait de l’eau le champ clos de leurs rivalités et de leurs intérêts politiciens, et pour soustraire l’eau de l’appétit vorace des multinationales, il faut que le peuple prenne la parole et que les Guadeloupéens se prononcent sur la création d’un véritable service public de l’eau en Guadeloupe.

C’est pourquoi, nous nous adressons à nou- veau à tous les Guadeloupéens qui parta- gent avec nous cette vision d’agir de concert, pour que se tienne dans toutes les communes du pays un référendum déci- sionnel sur la gestion de l’eau en Guade- loupe, en soumettant aux électeurs de chaque commune la question suivante :

Approuvez-vous la proposition d’organisa- tion suivante de la gestion de l’eau pour tout l’archipel guadeloupéen :

- Une simplification de la gouvernance actuelle par la création d’une entité unique, en tant qu’autorité organisatrice du service public de l’eau, avec en son sein les représen- tants des salariés et des usagers, en lieu et place des multiples organismes, instances et institutions qui interviennent dans l’admi- nistration et la gestion de l’eau.

- La création d’une entreprise publique intégrée de production et de distribution d’eau potable, de traitement et d’évacua- tion des eaux usées, ainsi que de l’assainis- sement non collectif sur l’ensemble du ter- ritoire de la Guadeloupe.

L’organisation d’un référendum décisionnel local pour doter la Guadeloupe d’un vérita- ble service public de l’eau, est un combat politique impliquant le citoyen dans la prise en charge et la résolution de ses problèmes. C’est le meilleur moyen d’imposer aux élus la volonté exprimée des citoyens.

La bataille pour un référendum sur l’eau doit mobiliser tous ceux qui considèrent que l’accès à l’eau est un droit humain, que l’eau est une ressource, le patrimoine commun de tous les Guadeloupéens. Sa gestion doit être exclusivement au service du bien com- mun et ne peut pas être tributaire du bon vouloir et des intérêts des élus. C’est l’affaire des citoyens guadeloupéens.