Déclinaison du plan de relance du gouvernement en Outre-mer

«Beaucoup de mousse mais peu de choco». Afficher en gros titre «Les Outre-mer bénéficieront pleinement du plan de relance national» est une imposture, au regard de ce qui suit. Nous pou- vons légitimement demander : «De qui se moque-t-on ?».

Ce plan de relance Outre- mer est une déclinaison du plan de relance de l’Etat intitulé : «France-relance» et qui selon le gouvernement Macron«est destiné à construire aujour- d’hui la France de 2030».

A en juger par la portion congrue qui revient aux Outre-mer, on peut penser qu’aux yeux de ce gouvernement, ils ne représen- tent pas grand-chose pour cette France. Mais est-ce une surprise ? Il est aussi écrit en tête de page :«la part des Outre-mer dans le plan de relance national devrait être en ligne avec leur poids respectif dans l’économie française».

Ainsi, les concepteurs de ce plan estiment qu’au regard des don- nées macroéconomiques, comme ils disent, les Outre-mer peuvent s’estimer heureux de bénéficier d’au moins un milliard et demi, (soit en proportion 1,5% du plan France-relance). A noter qu’une partie de cette somme corres- pond à des projets déjà identifiés. C’est une façon de préciser et de justifier le peu de considération qu’ils accordent aux peuples qui vivent dans ces «Outre-mer».

Toutefois, ils devraient savoir que la France à une dette énorme vis- à-vis de ces Outre-mer d’où elle tire jusqu’au jourd’hui, sa puis- sance mondiale dont elle est si fière. Ils pourraient être moins prétentieux même s’ils ne connaissent pas leur histoire.

Revenons, maintenant aux mesures de ce plan de relance qui prétend répondre aux spécificités des départements -régions outre- mer (Drom), notamment pour les accompagner dans leurs transformations, soutenir l’éco- nomie et l’emploi local. Ainsi :

1) 50 millions d’euros seront dédiés spécifiquement aux Outre- mer au titre de la rénovation des réseaux d’eau et d’assainissement et la production d’eau potable afin de faire face à la situation de pénu- rie et de coupures d’eau dans cer- tains territoires.

2) 50 millions d’€ seront affec- tés à la mise aux normes des bâtiments publics dans le cadre du plan séisme Antilles.

3) En matière agricole, 80 millions d’€, soit 10% de l’enveloppe, sont affectés aux Outre-mer au sein des mesures d’accélération de la transformation agricole, de mo- dernisation des abattoirs, des agroéquipements, cela pour at- teindre l’objectif de souverai- neté alimentaire fixé par le Président Macron en octobre 2019.

4) Une sous enveloppe sera fléchée pour l’accélération des infra- structures routières en Outre- mer, notamment la finalisation de la route du littoral à La Réunion.

5) Les mesures de soutien à l’emploi et à la formation pourront être mobilisés.

6) Une enveloppe de 50 millions d’€ est dédiée aux actions de sou- tien de développement local en lien avec les collectivités.

7) Les collectivités ultramarines bénéficient de 200 M€ environ au titre de la garantie de recettes fiscales qui inclue les recettes spécifiques à l’Outre- mer (Octroi de mer et taxe spé- ciale de consommation). Pour les collectivités d’Outre-mer (Com) l’accent sera mis sur l’ac- tion régalienne de l’Etat et l’ac- compagnement des collectivités :

A) Rénovation des bâtiments publics de l’Etat.

B) Une attention particulière sera portée à la rénovation des hôpitaux, là où la compétence santé revient à l’Etat. 45 M€ pourront être mobili- sés sur 2021-2022.

C) Les mesures de soutien à l’em- ploi et à l’économie constituent des compétences des collectivités.

En Outre-mer, la relance fera l’objet de plans territorialisés qui seront construits dans les prochaines semaines, sous l’égide des préfets et en lien avec les élus locaux et le monde socio- économique.

• D’ici fin 2020, des plans de relance territoriaux vont être construits. Ils incluront des projets portés par les collectivités, ainsi que par les opéra- t eurs de l’Etat.

• Ces plans viseront à articuler l es financements du plan de relance national avec les impor- tants moyens octroyés par l’Union européenne.

• Ils pourront s’accompagner de mesures d’assouplissement norma- tives en fonction des besoins locaux, tel le relèvement pendant un an, du seuil de mise en concur- rence pour les marchés publics de 40 000 à 70 000 €.

Que tirons-nous de tout cela en ce qui concerne la Guadeloupe ?

La montagne a accouché d’une souris. 50 M€ seulement, à répar- tir entre Guadeloupe, Martinique et Mayotte, alors que ce montant s erait encore insuffisant même sur 10 ans, pour résoudre les pro- blèmes de l’eau en Guadeloupe. C ’est de la foutaise ! Ce qu’il faut en déduire, c’est que l’Etat français nous dit : Démerdez-vous ! Et n ous ferions bien de l’entendre !

Nous devrions donc écarter le rideau de fumée parsemé de mil- lions d’euros qui est destiné à nous égarer, mais aussi à tromper l’opinion publique internationale sur la véritable nature des rela- tions de la France avec ses terri- toires sous domination. Il faut préciser que contrairement à ce qui est écrit dans le document de presse, ce plan «France-relance» n’a pas fait l’objet de concertation avec les élus d’Outre-mer. Il a été con-cocté à Paris et sera aussi piloté par Paris avec en appui les préfets sur le terrain.

Ceux d’entre nous qui attendions des mesures porteuses de réels moyens pour permettre à nos e ntreprises de rebondir après la crise, et pour éviter l’installation d’un chômage hors norme, ont de q uoi être déçus.

Les collectivités locales n’auront pas les moyens d’intervenir sur les situations économiquement d ifficiles, encore moins de sou- tenir le secteur associatif qui tient une place importante dans les domaines culturel et sportif, dans l’aide aux aînés et le vivre ensemble en général.

Il faut donc se préparer à faire face à l’après Covid en comptant avant tout sur nos propres moyens, en aiguisant nos intelli- gences, en développant nos savoir-faire, nos savoirs-être, notre solidarité ancestrale.

Restons «véyatifs» et réactifs, pour ne pas nous perdre dans les méan- dres de ce plan nébuleux !