La sueur de mon front, le sang de mon dos, le don de ma vie

Ici la sueur de mon front a perlé Goutte d’amertume Goutte imposée Elle a déposé sur le sol de l’Amérique Autant de fertilisant Que les siècles en ont en réserve Que mes sueurs sont lourdes Quand j’y pense Elles ne seront jamais récompensées…

Ici le sang de mon dos a coulé Larges sillons telles des routes de misère Le fouet on le connaissait ce frère Seul à caresser nos croupes Ennemi furieux matière première Dans les mains d’incapables Par la force leur seule arme vraie

Ici sur ce sol j’ai fait don de ma vie Non pas don de bon coeur Don arraché aux forceps de la douleur J’ai trimé dans les plantations J’ai bossé dans les mines J’ai fait le serviteur de ces bonnes gens J’ai été méprisé pour ma couleur Ils disaient que nous n’étions pas humains Juste de la chair à exploiter Mais nous avons construit, oui construit Leurs immenses fortunes Leur capitalisme puant qui détruit la planète

Nous avons construit cela pour eux Et nous, qu’avons-nous pour vivre décemment ? Des ghettos, des injures, des pri- sons, la rue pour seule maison Jamais les choses ne changent Quand elles bougent c’est de si peu que Nos yeux n’ont même pas le temps De perler une larme d’espoir Quand elles bougent elles retombent de travers Et c’est reparti pour un siècle De discriminations Ici j’ai perlé ma sueur Ici j’ai sué mon sang Ici je suis mort Ce n’était pas mon pays Je l’ai irrigué pourtant Et vous ? Qu’avez-vous fait pour lui ?

Carole Radureau (15/04/2016)