Rien, absolument rien ne peut être comme avant !

«Tout ce qui avait solidité et permanence s’en va en fumée»Karl Marx, Friedrich Engels, (Le manifeste du Parti Communiste)

Le douloureux épisode que nous n’avons pas fini de traverser se présente pour les métaphysi- ciens du «jour d’après»comme une malédiction dans le seul but de justifier leur impuissance à analyser et comprendre la situa- tion nouvelle.

Pour les énarques qui nous gouver- nent et nous manipulent, à lon- gueur de discours et de scoops médiatiques, c’est une crise sani- taire ou plutôt une guerre…, une guerre nouvelle, post moderne, peut-être que d’aucuns ont peur de qualifier correctement. D’ailleurs certains experts la qualifiaient de «grippette», d’autres de tsu- nami. Cependant, malgré les tentatives de masquer l’ampleur de cette crise, elle se manifeste de manière tangible en mon- trant le niveau élevé de dégra- dation du système capitaliste et de son déchoukagenécessaire.

Aujourd’hui, nous ne sommes point en présence d’une crise cyclique conjoncturelle, mais bel et bien engoncés dans une profonde crise structurelle qui se décline en une crise globale de civilisation. Nous subissons à l’échelle planétaire les méfaits de la mondialisation capita- liste présentée comme une pana- cée. En attendant, l’exploitation à outrance des richesses produites par les travailleurs et des richesses de nature a engendré la situation calamiteuse que nous vivons.Nous assistons en spectateurs béats aux dérives totalitaires des Etats gagnés par le néolibéralisme, à la cupidité arrogante des grands groupes capitalistes privés ; et il est de plus en plus question de nano- technologies, de numérisation de l’homme, des rapports humains, des consciences et des flux.

C’est à partir d’une analyse critique et en prenant le recul nécessaire que l’on peut percevoir les incohérences, les «à peu près», les ordres et les contre ordres, les situations rocam- bolesques et ubuesques dans la ges- tion de la crise Covid-19. Cette crise nouvelle, que le lessivage planifié des mots organisé par les gouvernants empêche de quali- fier, a servi à montrer les limites de la technocratie qui a «tricoté» à la va-vite des mesures pour sau- ver et sauvegarder, comme en 2008, les intérêts du grand patro- nat et du capital financier.

Les mesures gouvernementales avancées pour endiguer la pro- gression de la pandémie ont un caractère profondément marqué, un caractère de classe. Deux exemples : 1. Au niveau écono- mique on met en place un énième plan Marshall avec l’argent des contribuables pour assurer et les profits et le sauvetage du capital industriel et financier. 2. Au niveau social, on préconise par décret le «confinement» de la population pour freiner la progression du virus, mais dans le même temps on met en place toute une série de dérogations pour assurer le sur- profit des entreprises, grâce au dévouement des travailleurs sala- riés qui s’exposent aux risques de contamination.

Ce faisant, nos hauts dirigeants, en répondant aux injonctions du grand patronat, ont oublié «qu’il n’y a de richesse que la vie !». Ces deux exemples pris au hasard, parmi tant d’autres, constituent un véritable pied de nez à la défor- mation de la théorie marxiste de l’Etat par les penseurs bourgeois, n éo-bourgeois, petits bourgeois ou réformistes qui ne cessent d’espérer que l’Etat se comporte comme un organe de conciliation des classes ou encore qu’il se c omporte en organisme au-des- sus des classes.

O sons le clamer encore plus fort, chez nous en Guadeloupe, cette situation se singularise par le ren- forcement de la position de subal- terne du Guadeloupéen -élu ou non élu- qui assiste impuissant, comme dans un mauvais rêve, à la prise de décisions le concernant au premier chef, à sa place, par des fonctionnaires d’Etat, des technocrates qui, de passage, ne peuvent être imprégnés ni des us et coutumes, ni des aspirations du Guadeloupéen. D’ailleurs, repré- sentants de l’Etat, ils sont en mis- sion, mission héritée de leur for- matage dans le moule colonialiste des grandes écoles.

Cette crise nouvelle, cette guerre gravissime en importance, a relé- gué au second plan ou plutôt exa- cerbé la crise sanitaire chronique liée, selon les experts, à la conta- mination de nos eaux et de nos sols par le chlordécone, aux pro- blèmes du manque d’eau potable à nos robinets et à la situation bancale de notre CHU. Et le fait colonial perdure !

Ainsi, la critique objective néces- saire des évènements liés à la pan- démie ne peut que déboucher sur une remise en cause des modèles néo-libéraux qu’on nous impose. Cela passe par le rejet des para- digmes de croissance et de déve- loppement qui sont en inadéqua- tion avec notre situation. La mon- dialisation capitaliste a encore une fois montré ses limites. Elle est incapable de régler les ques- tions relatives à l’aggravation des inégalités sociales. Elle est tout aussi impuissante devant l’am- pleur des dérèglements écono- miques, sociaux et écologiques qu’elle a générés.

La crise sanitaire liée à la progres- sion de la Covid-19 a mis en exergue l’aggravation de la ten- sion sociale, des antagonismes de classe et l’inconcevabilité des liens qui nous unissent à la France. Cela revient pour nous Guadeloupéens, conscients de la situation, cons- cients qu’il y a quelque chose à faire, de faire le pas, de faire la démarche nécessaire, pour assurer la liaison de nos luttes ouvrières, paysannes, syndicales à notre lutte de décoloni- sation dans un larèlunitaire, dans un esprit constructif.