Hôpital de Capesterre Belle-Eau : Se dirige-t’on lentement vers une crise ?

Dans cette crise sanitaire qui touche tous les pays du monde, la Guadeloupe n’est pas épar- gnée. Si elle a permis de montrer l’ingéniosité de notre peuple à y faire face, à innover dans nos pratiques, à jouer la carte de la solidarité, à être respectueux des décisions arrêtées par les instances responsables, elle a également mis en lumière l’im- mensité des difficultés de l’orga- nisation de la santé dans notre pays et, par conséquent, a révélé les résultats désastreux des politiques menées par le Pouvoir central, l’Etat dans ce domaine notamment.

C ependant, l’Etat est-il le seul responsable à pouvoir être pointé du doigt pour son laxisme, son désintérêt pour notre peuple, pour les salariés, pour ses choix et la gestion cala- miteuse de sa politique publique des centres hospitaliers ?

C’est la question que le journal Nouvelles-Etincelles s’est posé à la suite d’une alerte publique faite, par voie de tract, par le syndicat UTS- UGTG sur la situation du Centre Hospitalier de Capesterre Belle-Eau.

Après avoir dénoncé depuis plu- sieurs années le système mis en place par la direction de l’hôpi- tal, comparé à de l’esclavage moderne, c’est aujourd’hui à un état de mort programmée à tra- vers son plan de redressement que le syndicat prédit l’avenir certain du centre. Outre les problèmes récurrents rencontrés à savoir :

• La question de la sécurité des agents, des patients et des rési- dents (nuisances sonores, manque de maintenance du système de sécurité alarme incendie, infiltra- tions d’eau et moisissures…

• Le manque de moyens matériels.

• L’insuffisance des moyens financiers et en même temps des grandes largesses faites à certains cadres.

• Le respect des missions et de la conformité des instances, le syndi- cat pointe de manière très forte sur la question du management, de la gestion administrative des agents, des droits des salariés (jours de repos, congés, formation…), mais aussi sur celui des usagers.

Les griefs dénoncés considèreraient la direction de l’hôpital comme non seulement incapable d’impulser une véritable dynamique collaborative, d’avoir une vision productive et objective. Avec une politique de «moun a moun» selon le syndicat, l’hôpital est devenu aujourd’hui un lieu de souffrance morale et phy- sique, non seulement pour les rési- dents, les patients, mais également pour les professionnels.

Malgré les discussions entamées, rien n’a bougé, nous a indiqué le responsable syndical UTS-UGTG de la structure. La rencontre pré- vue avec la direction de l’ARS au mois de septembre ne s’est pas tenue sans doute à cause des cir- constances de la crise sanitaire.

Nous ne pouvons que souhaiter qu’elle se fasse dans les meilleurs délais car, ce sont des Guadelou- péens (patients, salariés et leurs familles) qui en souffrent.

Cet exemple criant qui touche l’hôpital de Capesterre Belle-Eau nous permet de revenir à la ques- tion essentielle : la question du faire et du vivre ensemble dans nos lieux de vie, dans nos lieux de travail ! La question du respect de l’autre, du devoir mais aussi des droits, ne doit pas attendre. C’est partout et quotidiennement que nous devons y travailler.

Préparer notre pays à prendre ses responsabilités, c’est faire en sorte que chacun des membres de notre communauté, de notre peuple doit être en conscience, prêt à faire ces efforts.

Au-delà des problèmes structurels et de gestion administrative, finan- cière et technique de l’hôpital, nous avançons l’idée de trouver par le dialogue constructif entre la direc- tion, les instances de l’hôpital, le personnel et voire les patients et résidents, des formes de rencon- tres, de structures de dialogue permanent innovantes pour que notre hôpital devienne un lieu de vie plus humain et plus vivant.

C’est à ce prix que Capesterre Belle-Eau réussirait son pari car, depuis sa conception, cet hôpital nous a déjà bien coûté !