Basse-Terre : Soirée d’hommage à Humbert Marbeuf, dit «Estéban»

Samedi 10 octobre à Basse- Terre c’est sur la place Gerty Archimède que les organisations patriotiques avaient choisi de rendre hommage à Humbert Marbeuf, dit «Estéban». Le choix ne fut certainement pas anodin car, Humbert Marbeuf, fut un fervent défenseur des droits des individus et ce, quel que soit leur milieu social.

En effet, pour ce militant de la liberté et de l’émanci- pation guadeloupéenne, il ne devait pas y avoir d’homme supérieur à un autre, et particulière- ment dans ce cadre de domination coloniale contre lequel il luttait.

C’est cet idéal de justice et de liberté qui l’a envoyé dans les geôles de l’Etat colonial à Basse-Terre avec trois de ses compagnons de lutte, Henry Peratout, alias Neto, Luc Reinette, alias Orlando et Henry Amédien. Ils s’en évaderont le 16 juin 1987 et, durant deux années, vivront en marronnage, poursui- vant clandestinement la lutte pour la conscientisation du peuple et la libération de la Guadeloupe.

Après une prise de parole chargée d’émotion de Luc Reinette et Henry Peratout devant la prison de Basse-Terre, retraçant les conditions de leur évasion, de retour Place Gerty Archimède, les intervenants tels que Marie Gwadloup, Jacqueline Jaqueret, ou Roland Ezelin, mais aussi des membres de la famille, ont tous rappelé le travail de pédagogie populaire auquel s’était attaché Humbert Marbeuf durant sa vie de militantisme

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Travail dont le but était de permet- tre au peuple guadeloupéen de comprendre son propre pays en prenant conscience que c’est la déportation criminelle d’Africains soumis à l’esclavage qui est à la fois l’origine et la base de la société gua- deloupéenne. Ce Guadeloupéen a donc tenté sa vie durant de «relyanner» le Guadeloupéen avec ses origines d’hommes libre.

Sa lutte pour les réparations avec le CIPN, après avoir milité avec le Mouvement pour une Guadeloupe indépendante (MPGI) et fondé bien d’autres association et mou- vements, fut la suite logique de son engagement pour la «Cau- se», comme l’a rappelé Henry Peratout, qu’était la libération de la Guadeloupe et la néces- saire conscientisation du peuple afin que celui-ci puisse reprendre le chemin de sa liberté.

La soirée d’hommage avait com- mencé avec un «Triblaj» au ka avec Ti-Piè de Basse-Terre et de jeunes tanbouyé de la région basse-terrienne. Le «Triblaj» est un moment de recueillement au ka, nous explique Fred Demetrius. Le rythme est lent et le volume sonore feutré.

Et c’est avec le ka et une ronde solennelle que cette soirée prit fin, après que les tanbouyés, artistes et poètes, Bébé Rospar, Lukubè Séjor, I Man et Djolo aient, chacun à sa manière, rendu hommage au mili- tant, non seulement politique mais aussi culturel et spirituel, Humbert Marbeuf dit «Estéban».