Le deuxième Tep scan : Quand le ridicule ne tue pas !

S’il en était ainsi, la Guadeloupe aurait perdu, politiquement s’entend, nombre de ces élus qui pilotent la barque guadelou- péenne, sans cap. Le 15 novembre 2011, le jour- nal «Témoignages» titrait à la suite d’une rencontre des élus guadeloupéens avec le Président Nicolas Sarkozy : «Nicolas Sarkozy roule les élus guadeloupéens dans la farine». C’est hélas ! à ce spectacle affli- geant qu’on assiste depuis plus d’une décennie.

L’ annonce de la «suppres- sion» du deuxième Tep scan a créé la stupéfaction géné- rale, alors que son installation a été contractualisée dans le Schéma régional de santé en juin 2018, pour la période de 2018-2023. Il faut rappeler que c’est en juin 2018 que le Centre d’imagerie moléculaire accueillait son premier patient, à la suite de l’installation d’un cyclotron et d’un premier Tep scan pour la détection, le plus tôt possible, des cancers. Dans sa colère l’ex-prési- dent du Conseil régional, Victorin Lurel, à l’origine de l’implantation de cet équipement, appelle alors à «un sursaut des élus pour refuser le kouyonnaj en règle par l’Etat»et dénonce «la duplicité de l’ARS», oubliant son «sursaut» à reculons de même nature, deux mois à peine avant le référendum du 7 décembre 2003, qui a créé une totale incom- préhension dans le peuple guade- loupéen et plongé la Guade-loupe dans l’incertitude, quant à son émancipation.

Le président du Conseil régional actuel Ary Chalus a exprimé «son opposition ferme»à cette décision de «suppression»qui «mettrait en cause le développement du cyclo- tron en Guadeloupe…»et cons- tate que «la répartition des com- pétences entre la Région et l’Etat doit être revisitée».

Soutenant son mentor, Victorin Lurel, la présidente du Conseil départemental Josette Borel Lincer- tin reconnait, dans un communiqué de presse du 16 octobre 2020 : «En effet, si un courrier de saisine pour avis a bien été adressé au départe- ment en date du 2 octobre 2019, la note qui l’accompagnait, présen- tant les modifications apportées par l’ARS au SRS, ne comportait aucune mention explicite d’une proposition relative au cyclotron qui aurait pu retenir l’attention du Conseil départemental».

Nous notons qu’une sorte d’union sacrée des parlementaires, tous bords confondus, a demandé l’in- tervention du gouvernement pour que cette «suspension» d’installation ne soit pas une «suppression» effective comme initialement annoncée.

Pourtant, dans sa réponse, le jeudi 17 octobre 2020, la directrice de l’ARS, Valérie Denux rectifiait : «La décision administrative d"autoriser l"implantation pour le moment d"un seul Tep-scan sur le territoire n"a aucunement été prise de manière unilatérale et sans consultation des élus guadeloupéens par l"ARS. En effet, elle a été soumise il y a un an dans le cadre d’une commission composée d’acteurs de santé et après avoir interrogé les collectivi- tés, Conseil régional et Conseil départemental».

Encore un problème qui met encore en évidence le poids réel des élus guadeloupéens. Mais, ne sont-ils pas les premiers responsables de leurs déconvenues ? Différents pos- tures et dossiers ont permis à des gouvernements successifs de les jauger, par préfets et ministres interposés :

- Volte-face de Victorin Lurel, en 2003

- Projet de société pour la Gua- deloupe pour lequel ils avaient demandé un sursis de 18 mois lors du passage du Président Nicolas Sarkozy en 2009 et qui n’a point vu le jour.

- L’espoir fondé sur la loi NOTRé pour certains et en particulier pour le président de Région Ary Chalus, dont le slogan répétitif actuelle- ment : «Nous devons prendre nos responsabilités»ne dit rien qui vaille statutairement.

- Incohérence de déclarer une non appartenance à un quelconque parti politique, (sous-entendu en Guadeloupe) et être membre du Comité exécutif de la République En Marche.

- Problèmes des ordures ména- gères, de l’eau, obligeant les réquisi- tions du préfet et la dissolution du Siaeag. Le Président Ary Chalus ne s’étant pas rendu compte que les 400 millions promis par Emmanuel Macron pour régler le problème de l’eau et qu’il avait fait miroiter aux yeux des Guadeloupéens, n’étaient qu’en billets factices.

- Incapacité d’élaborer, de Congrès en Congrès et de Conférences ter- ritoriales d’action publique en Con- férences territoriales d’action publi- que, une proposition sérieuse de gouvernance pour la Guadeloupe. Le 16 ème Congrès a été, encore une fois, un véritable fiasco.

- Silence coupable et simple sui- visme sur des grands dossiers (famille, PMA, GPA etc…) appelés à transformer fondamentalement la société guadeloupéenne.

- La désunion totale ou le «jé bésé»des responsables des collectivités sur le fonctionnement des écoles et des établissements scolaires dans le contexte de la pandémie.

Bref ! Une barrière s’avérant suffi- samment basse pour être enjam- bée ou «enfarinée».

Heureusement, le ridicule ne tue pas et, se faire respecter est encore possible en se référant à la volonté du peuple qu’il faut guider, sans démagogie politicienne.