Le salariat : Un véritable marché de dupes !

«Tant qu’un mode de production se trouve sur la branche ascendante de son évolution, il est acclamé même de ceux qui sont désavantagés par le mode de répartition correspondant…» F. Engels, Anti Dühring

Le travailleur, ouvrier ou em- ployé, qui entre dans la sphère de production capita- liste, fournit obligatoirement un travail ou un service et reçoit en retour un salaire. Cependant comme l’a démon- tré Karl Marx à travers la fétichisation de la marchandise, ce retour ne signifie pas, ne peut signifier compensation. En effet, le travail fourni la marchandise créée, la richesse produite n’est pas l’équivalent du salaire perçu. Il en résulte donc que le prix réel du travail fourni ne correspond point au salaire versé. Il faut y ajouter ce qu’on appelle abusivementcotisations patronales charges patronales qui sont payées, en vérité, par la survaleur du travail du salarié, autrement dit par le profit engendré par le travail du salarié mais qui est engrangé/accaparé par l’en- trepreneur capitaliste.

Une lecture, même superficielle de la fiche de paie du salarié permet de se persuader de l’ampleur de la spoliation du salarié. La rubrique salaire brut/salaire net est d’une grande aide pour se persuader de la subtilité du mécanisme d’exploitation du sala- rié. Les cotisations sont en fait payées par le travail salarié. On est en présence d’une supercherie o rganisée, légalisée. Le travail est ainsi aliéné, doublement aliéné. D’une part, car son produit réel -la richesse pro- duite- sa finalité échappe à l’apprécia- tion de son producteur et d’autre part, c ’est l’intermédiaire improductif qui s’attribue la richesse créée. Cette alié- nation peut être relative et, dans ce cas le travailleur en a conscience et le mani- feste de différentes manières à travers les luttes syndicales, sociales et poli- tiques. L’aliénation se décline sous une autre forme relative quand l’ouvrier salarié verse inconsciemment -par mimétisme- dans la reproduction béate du mode de production capitaliste. Sa prise de conscience est parcellaire et il perçoit le système capitaliste comme un système naturel, universel et figé.

Enfin cette aliénation peut paraître absolue quand le travailleur n’a pas conscience des rapports de classe qui régissent la sphère sociale et le monde du travail dans lequel il vit. Le travail dans ce cas de figure est source d’une quintuple aliénation, économique, sociale, politique, culturelle et spiri- tuelle. Il conçoit, il perçoit le patron, son patron, comme son ami, comme un bienfaiteur et il participe alors consciemment et en connaissance de cause à la reproduction des rap- ports de production capitaliste et à la propagation de tous les méfaits du consumérisme. Il devient donc allergique à toutes formes de pro- testation/revendication au sein de son entreprise et à toute remise en cause du système.

Déboussolé, il se complait dans un indi- vidualisme nombriliste et confond posi- tion de classe et entente capital/travail. E nfin, il combat les idées de la classe des travailleurs et de ses représen- tants. Lors des échéances électo- rales, il vote sans états d’âme pour les représentants du capitalisme néoli- b éral qui l’enfonce encore plus dans l’exploitation et la soumission.

Comment sortir de cette situation ? Comment, chez nous en Guadeloupe dans un espace de plus en plus mondia- lisé au profit des rapaces capitalistes, lutter pour la libération sociale ? La lutte contre les idées bourgeoises au sein du monde de travail et au sein de la société n’est pas une lutte facile. La bourgeoisie néo-libérale maîtrise un imposant appareil d’oppression/domination idéologique des travailleurs et des masses ; elle mobilise des moyens colossaux pour assurer sa mainmise.

Que pouvons-nous faire alors ? Avec nos faibles moyens, il nous revient à redoubler d’efforts, car comme nous l’a conseillé Thomas Sankara : «En ces temps de tempêtes, nous ne pouvons laisser à nos seuls ennemis d’hier et d’aujourd’hui le monopole de la pensée, de l’imagination et de la créativité».

Il nous faut donc veiller à accélérer notre travail d’explication qui conduira au combat pour la fin du salariat. Le travail salarié -qu’on le veuille ou non- est à la base de toute richesse en régime capitaliste. Cependant, l’es- sentiel de la richesse créée est acca- paré par une minorité de spoliateurs. Oeuvrons donc afin que l’émancipa- tion du travailleur corresponde à l’ap- propriation du fruit de son travail au profit du bien commun.