Harcèlement et violences de l’école

En France, chaque année, l’Education nationale organise une journée contre le harcèle- ment à l’école. Il s’agit pour l’es- sentiel, en intention, de sensibili- ser la communauté éducative à ce phénomène et de rappeler l’importance de la prévention et la nécessité de lutter contre cette déviance.

Une action de plus, une nouvelle journée de réflexion et de sensibilisation pour tenter d’endi- guer ces maux, innombrables, qui gangrènent la réalité dans les éta- blissements scolaires. Depuis quelque temps, la prise en compte de ces faits de société est largement médiatisée et a conduit entre autres initiatives et singulièrement pour ce qui est du harcèlement, à l’Observatoire international des vio- lences scolaires, aux Etats généraux de la sécurité à l’école.

Mais à l’analyse, on serait tenté de dire que ce n’est certainement pas à coup de semaine de ceci ou de cela que ces problèmes trouveront solu- tion. Notre propos n’est pas de conclure à l’inutilité de ces actions mais plutôt à un appel à plus de har- diesse, à plus d’audace dans la recherche des causes du mal.

En fait, la violence scolaire n’est pas unique mais multiforme. Elle est le fait d’individus mais aussi de la société ou de l’institution dans les- quelles vivent ces individus. L’école est déstabilisée par la violence parce que, elle et ses valeurs sont en crise ; Parce que «être élève» perd de son sens et du coup, le sens de la vio- lence est peut-être à chercher dans la perte de sens de l’investissement scolaire. L’école perd certainement à ne pas être présente sur le terrain, à ne pas ou ne plus être lieu d’édu- cation et de convivialité sociale autant que de savoir.

Il est à constater que, très souvent, certains actes d’incivilité ou de vio- lence sont motivés par des senti- ments d’injustice ou d’échec. Parfois, l’abus d’autorité, un juge- ment dévalorisant, une ironie bles- sante peut conduire à la rébellion poussant la victime à vouloir mon- trer son caractère dominant et obtenir ainsi une reconnaissance.

Si l’on ajoute à cet aspect la caracté- ristique dévastatrice de la société dans laquelle nous vivons basée sur un consumérisme poussé à l’ex- trême, nous touchons du doigt cer- taines des causes profondes de ces déviances. L’omniprésence de la publicité et la quasi «sacralisation»de certains objets de consomma- tion suscitent des besoins artificiels dont les premières victimes sont les enfants en difficulté et socialement modestes.

Alors oui, il faut agir à sensibiliser les acteurs, lutter contre ces phé- nomènes à l’école et à l’extérieur mais cette société faite d’inégali- tés, basée sur les discriminations et injustices de toutes sortes, n’a- t-elle pas pour vocation de repro- duire ce qu’elle engendre ? Les violences à l’école ne sont-elles pas celles de l’école ?