Pour une éthique en politique

Nous avons reçu avec beaucoup d'intérêt cet article de Richard Poitou.Il pose un problème qui fait partie des fondamentaux de notre journal :La morale et l'Ethique en Politique.Richard Poitou a été membre du Parti Communiste Guadeloupéen, il doit certainement lui rester un peu de ce qu'il a apprit dans les rangs de cette orga- nisation.Aujourd'hui,tra- vaillant avec les élus,il est un observateur privilégié de leurspr atiques.Il ne peut ne pas penser aux principes enseignés par son P ar ti d'alors et notamment aux conclusions de ce séminaire fondateur organisé par l'Association des Elus Communistes en 1992 aux Ab ymes : "ETHIQUE EN POLITIQUE :UN CODE MORAL POUR LES EL US GU ADEL OUPEENS".Nous publions l'ar ticle de Richard Poitou parce qu'il peut contribuer à r elancer le débat que le PCG a initié et qu'il n'a jamais abandonné.

L e récent retournement de veste d'un conseiller municipal de l'opposition cons - taté dans notre commune du Moule, et ceux annoncés en masse à d'autres échelons pour les élections présidentielles et législatives font la démonstra - tion au quotidien que la moralisation de la vie politique en Guadeloupe est aujourd'hui et plus que jamais une nécessité. Le désaveu de plus en plus étourdissant des Guadeloupéens vis-à-vis de la classe politique ne peut et ne doit laisser personne indif férent. Le monde politique guadelou- péen continue d'inonder l'opinion de ses bizarreries et de ses mille entorses à la raison et à l'é - thique. Rien ne semble tempé - rer les ardeurs de nos politiciens empiriquement destinés à la voi- rie. La saison des retournements spectaculairesde veste à l'ap- proche des élections présiden- tielles et législatives bat son plein avec le défilé des félons et la pirouette dégoûtante d'individus sans conviction. Une crise morale inquiétante. L'éthique reçoit constamment les coups de hache des force- nés de la politique. Le bavar- dage et le délayage jettent dans le non-sens. L'agitation ambiante apporte sa dose de micmac. La politique se plie à tout et distille ses anecdotes et ses absurdités. Les dérives multiformes empilées dans la fange ne sont en rien les récents avatars de la politique. La politique se meut dans ses eaux troubles et libère ses déchets. Sur un palier toxique et foncièrement immoral, la transhumance revient au cœur de la politique sous l'ef fet des exigen - ces d u ventre. De gens luna- tiques, plaisantins sans bous - sole sevrés apparemment de rations af fichent des soutiens fugaces sur fond de déclara- tions burlesques dans une gymnastique croustillante. Les observateurs sont hébétés à l'idée que des politiques ayant battu campagne contre un candidat se mettent brutalement sitôt les résultats proclamés en faveur de ce candidat à ramasser goulûment leurs vomissures par des paroles souillées ou des lettres incohérentes, ridicules et indignes. Comment expliquer ce renoncement brutal de l'êt - re lui même et ces éloges à l'é- gard de l'autre, hiertraité des pires attributset des sinistres superlatifs. C'est à l'eau de javel, ammoniaque et grésil qu'il convient maintenant de laver les consciences maculées d'excréments et trainées dans la sale brouette de la transhu - mance la plus honteuse. La moralisation de la vie poli - tique est grippée parce que nos dirigeants politiques le veulent. En accueillant à bras ouvert dans leur camp ces nouveaux supporters douteux, ils encouragent le triste phénomène du nomadisme politique. Il y a comme un manque de caractère et de tempérament face à la horde agitée d'opportunistes et de soi-disant leaders, plutôt égarés. En prin- cipe et conformément à l'é- thique et à la morale, nos responsables politiques devraient les chasser et laisser fièrement un héritage moral à la postérité. Il faut jeter les bases de la refondation de la morale politique en nettoyant d'abord les écuries malpropres et contagieuses, enfermant la porte aux esprits frappés du mal incurable de l'inconstance. Que ceux qui sont élus sur la liste X continuent à défendre les idées initiales que leur famille politique avait proposées à l'é - lectorat. Que les opposants res - tent opposants et assument ce statut. Les traditionnels menson - ges rabâchés mais véhiculés sous des phrases vicieuses et désormais usées "intérêt général me commande, l'amour du pays… de la commune. A vancer pour construire ensemble, ni droite, ni gauche, Parti en mwen sé Gwada", perdent toutes forces et couleurs. Le peuple long - temps floué a tout compris du manque de vision, de la trahison et du balancement de ces qué - mandeurs de suffrages et de pouvoirs vivant au gré du vent. Les élections présidentielles et législatives devront être des moments d'affermissement de la vie citoyenne, et de la refonda - tion de l'acte morale et poli - tique… C'est au nom de ces prin- cipes intangibles que la conscience politique et citoyenne de notre peuple se renforcera.

Membre du Comité Communal du PPDG à Moule