Nwèl é kannaval : à l’épreuve de la Covid

Il est clairement admis que la pandémie qui, en ce moment, frappe le monde, va considéra- blement bousculer certains ordres établis, transformer par endroits, les habitudes de vie des populations et mettre à nu les politiques néfastes élaborées dans le domaine de la santé.

«I MÉTÉ LA-VI AN BOULVÈS»

C’est certainement aussi l’occasion d’insister clairement sur le traite- ment hasardeux des autorités fran- çaises, les tergiversations, erre- ments et autres mensonges qui ont considérablement fragilisé le com- portement collectif face à ce drame. Occasion aussi de mettre en lumière, s’il en était encore besoin, le désastre causé dans le domaine de la santé par les politiques néoli- bérales des pays capitalistes.

Les populations, les peuples souf- frent dans leur chair car, force est de constater que les mesures prises, les protocoles mis en place et les états décrétés ne sont pas sans entamer un certain nombre de libertés, sans rogner sur l’expression de pratiques populaires fortement ancrées dans le patrimoine commun.NOS VIES SONT À L’ÉPREUVE DE LA COVID !

Alors, comme il lui a été demandé et drapé dans ses prérogatives de gou- verneur, le préfet de Guadeloupe a été amené à prendre des disposi- tions pour, dit-il, freiner la propaga- tion du virus et réduire le nombre de concitoyens infectés.

Au nombre de ces mesures figu- rent l’interdiction des «chanté nwèl» et des défilés carnava- lesques. Il n’en fallait pas plus pour déclencher le débat.

La question simplement formulée demanderait à sacrifier culture, économie et autres loisirs au profit de la santé, en tout cas en ce qui nous concerne. Mais en vérité, elle est plus complexe, plus profonde.

Elle impose à considérer qu’il peut être difficile pour un individu ou un groupe de modifier son mode de vie, son mode de penser et ses com- portements. La résistance au chan- gement est naturellement forte. En l’occurrence, seule une prise de conscience de la gravité de la situa- tion, une analyse profonde dépouil- lée de la pression trop complotiste permettrait de reconsidérer les légi- times revendications des adeptes et pratiquants de nos fêtes populaires prises dans le «chiklèt» de la Covid.

Dans ce cas, la prise en compte de l’intérêt commun aide à l’intégra- tion du principe même de sacrifice. Les événements qui font les réalités d’aujourd’hui nous obligent à ins- crire notre démarche dans un uni- vers en perpétuelle évolution. Le changement peut être associé au progrès, peut nous permettre de franchir les obstacles. Ce sont les exigences du moment qui nous obligent à quelque peu occulter certaines pratiques du passé, à sacrifier les habitudes pour assurer la survie et maintenir la vie.

Alors, pourquoi ne pas rivaliser d’in- géniosité, d’esprit de créativité, pourquoi ne pas miser sur l’exploi- tation des nouveaux outils en com- munication, production et diffusion pour donner libre cours à nos immenses capacités notamment dans le domaine des arts, de tous les arts. Ce changement imposé peut être occasion de revisiter nos