Sport de compétition comme loisir, détente, santé

Sans avoir été un pratiquant de bon niveau, notre camarade Claudy Chipotel a été très tôt et pendant longtemps un cadre technique éclairé et un dirigeant expérimenté. Voici la contribu- tion qu’il propose pour la mise en oeuvre d’une véritable politique sportive dans le cadre d’une Guadeloupe autonome.

Le sport de nos jours appa- rait de plus en plus comme un phénomène de société assez complexe au point que les avis sur son rôle divergent considérablement. Certains socio- logues ou philosophes et pas des moindres, n’hésitent pas à le honnir carrément, voyant en lui qu’un sim- ple produit du capitalisme. La forte implication de l’argent notamment dans les sports (spectacles) de compétition conduit naturellement à la triche élaborée en systèmes de dopage les plus sophistiqués.

D’autres, c’est la plupart, en dépit des drames ou des manquements aux valeurs d’éthique qui conti- nuent de jalonner sa pratique, per- sistent à croire en ses vertus. Facteur d’épanouissement person- nel et de cohésion sociale, donc de mieux vivre ensemble, le sport peut contribuer aussi au prestige natio- nal, à la fierté communale surtout quand ses ressortissants peuvent se comporter en dignes ambassa- deurs de notre communauté.

C’est pourquoi il est impératif pour tous ceux qui ont la prétention d’avoir une réelle vision pour le pays et pour leur commune, d’appré- hender et de penser en terme de développement et de façon dyna- mique, le projet sportif qu’ils enten- dent mettre en oeuvre

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Deux lignes directrices doivent conduire cette politique sportive : - Une intervention en collaboration avec les ligues, comités et clubs sportifs dans le domaine de la pra- tique de la compétition (équipe- ments, logistiques et autres sub- ventions allouées en fonction des projets et des résultats).

- Une autre concernant le rôle de facilitateur pour la pratique des sports de loisir, de détente et de santé :

- Compte tenu de la nécessité d’ef- ficacité et de simplification, deux niveaux de direction s’imposent.

- Celui de la direction de l’état autonome et celui de la direction municipale.

Comme pour les autres attributions du pouvoir autonome, le lien struc- turel ou administratif avec l’autorité municipale sera bien évidemment étudié par les juristes. S’agissant des sports de compétition et partant du principe que ce sont les acteurs de la vie sportive, dirigeants, techni-c iens et pratiquants qui dans leurs ligues, comités et clubs élaborent leurs projets et déterminent leurs o bjectifs, la puissance publique autonome et communale ne doit cependant pas considérer son rôle uniquement dans celui du fournis- seur de la logistique et autres m oyens financiers.

Elle doit avoir également son propre projet de développe- ment sportif. Ce qui doit préva- loir, c’est la rencontre de cette politique, la synergie de cette politique avec celle des ligues, comités et fédérations pourquoi pas. Lesquels organismes de directions doivent veiller à se rendre régulièrement dans leurs clubs pour faire concrètement passer leur politique à la base.

Aujourd’hui, même en retrait de la scène sportive, il nous arrive souvent de constater un hiatus à partir des propos de certains cadres sportifs ou dirigeants que nous rencontrons : une sorte de remise en cause à demi-mots des pôles ou autres structures de cette sorte. Nous, sans ambages nous nous déclarons pour.

Mais il doit être clair cependant que ceux-ci ne fonctionnent pas que comme centre d’entraîne- ment pour les meilleurs d’une dis- cipline donnée mais plutôt comme un centre de perfection- nement, de formation tous azi- muts des compétiteurs les plus talentueux. Cela signifie que ce centre n’a pas vocation à fonc- tionner dans un univers clos. Cela signifie que ses études et expé- riences doivent être partagées avec les clubs et donc bénéficier au plus grand nombre.

Le développement sportif pensons- nous se réalise d’abord à la base, dans les clubs qu’il faut constam- ment restructurer, constamment booster. Les progrès de ceux-ci pas- sent autant par l’augmentation à la fois des cadres et de leur niveau pédagogique et technique que par l’implication intelligente et respon- sable des pratiquants.

C’est en ce sens que nous préconi- sons au niveau de la base, c’est-à- dire dans les communes, non pas simplement une commission muni- cipale de sports, mais aussi et sur- tout la création d’un Comité com- munal interdisciplinaire pour le développement sportif, (composé de dirigeants et techniciens repré- sentants des clubs et des princi- pales disciplines pratiquées dans la commune). Là seront déterminés les priorités, là se réalisera la conjonction des projets des clubs avec celui de l’équipe municipale.

Compte tenu de la situation actuelle, il ne s’agira pas de tout faire et tout de suite, mais de recommencer le sport de compéti- tion sur de nouvelle base, mais de déterminer des priorités. Cela signi- fie que l’objectif pendant un pre- mier temps consistera pour une demi-douzaine de disciplines tradi- tionnelles choisies ensemble à atteindre ou retrouver le meilleur niveau de notre région naturelle.

Je souligne qu’au niveau de la com- pétition, il n’y a pas de petit pays et que l’écart dans les normes de pré- paration entre amateurs et profes- sionnels se rapetisse de plus en plus.

Comment faire alors ? Premiè- rement, en investissant dans les catégories des jeunes (cadets, cadettes, juniors), en travaillant au renforcement de la formation de l’encadrement, en multipliant le travail de prospection et de détection en vue de l’augmenta- tion des effectifs, en organisant les jeux sportifs de la jeunesse 13, 18 ans) tous les 4 ans (au niveau communal, puis du pays, l’année précédant les Jeux Olympiques).

Deuxièmement, en instituant au sein du Comité communal de sports, un conseil pédagogique pour la tenue des séminaires et autres formes de débats per- mettant l’accession pour tous les pratiquants et cadres inté- ressés à une véritable culture du sport, à la maîtrise des ques- tions de théorie, de pédagogie et de méthodologie du sport.

Troisièmement, en mettant au cen- tre de cet effort à tendre vers le haut niveau, l’élévation de la fierté patriotique, la sublimation du rôle de réel ambassadeur que chacun doit jouer dès lors que l’on se trouve dans la représentation du pays Guadeloupe.

Pour mener à bien cette entreprise, outre la mutation de deux ou trois employés municipaux (anciens sportifs dont il faut assurer la forma- tion) dans le service des sports, il faudra recruter un directeur des sports en charge de ce secteur.

Pour les compétitions compte tenu du fait qu’il y a un réel déficit en matière de stades, de piscines et autres infrastructures disponi- bles, les futurs responsables du sport de notre pays devront vite se mettre à l’oeuvre pour offrir à notre jeunesse des espaces de confrontations les mieux adaptés.

S’agissant de la pratique du sport de détente et de santé, la tâche de la puissance publique à chacun des niveaux est véritablement facilitée. En Guadeloupe en géné- ral et dans de nombreuses com- munes, il existe un réel engoue- ment pour cette pratique. Il reste néanmoins à parvenir à une véri- table prise en charge par la puis- sance publique de moyens adé- quats et suffisants, à ajouter en matière de logistique, de nou- veaux aires de sport.