Centième anniversaire du Parti Communiste Français : Quelques rappels

Le 25 décembre 1920 la Section française de l’internatio- nale ouvrière (SFIO) se réunit à Tours pour son 18 ème congrès. Dans la nuit du 30 décembre deux votes successifs vont donner le même résultat. La majorité des délégués décide l’adhésion de leur parti à l’Internationale communiste, fondée l’année précédente à Moscou. En faisant cela, ils créent le Parti Communiste Français.

LE «REFUS DE LA COLLABORA- TION DE CLASSE» ET LA CRÉATION DU KOMINTERN

Il faut rappeler les raisons qui ont conduit Lénine et les Bolcheviks à rejeter la II ème Internationale ouvriè- re pour lancer, en 1919, la III ème Internationale, l’Internationale Communiste, plus connue sous le nom de Komintern. Ces raisons sont simples et n’ont pas pris une ride. Elles ont pour nom «refus de la collaboration de classe». Cette collaboration qui a vu les défen- seurs socialistes du monde ouvrier s’allier, un peu partout en Europe, aux représentants du capitalisme pour s’engouffrer dans la guerre au nom d’un nationalisme chauvin. La trahison des dirigeants socialistes a laissé de telles traces dans l’histoire de cette époque que les conditions d’admission à l’Internationale Communiste stipulent dans leur point numéro deux que les réfor- mistes et centristes doivent être écartés systématiquement des postes de responsables.LE PARTI COMMUNISTE FRANÇAIS (PCF) DÉNONCE LE COLONIALISME DÈS LE DÉBUT

Parmi ces conditions d’admission, au nombre de 21, la huitième concerne directement les colonies :«Tout Parti appartenant à la III ème Internationale a pour devoir […] de soutenir non en paroles, mais enfait, tout mouvement d’émancipation dans les colonies [et] d’exiger l’ex- pulsion des colonies des impéria- listes». Dans la pratique, dès le début, le PCF publie dans son jour- nal L’Humanité un nombre impor- tant d’articles dénonçant le colo- nialisme. Par exemple le numéro du 25 mai 1922 ne contient pas moins de cinq articles sur le sujet, dont un en première page. Le cin- quième et dernier article est un article théorique intitulé«Quelques réflexions sur la ques- tion coloniale»et esquisse une stratégie pour le travail de conscientisation des masses dans les colonies. Le journaliste pigiste qui signe cet article s’appelle Nguyen-Ai-Quac. Il changera plus tard son nom en celui que l’his- toire a retenu : Ho Chi Minh.

On pourrait citer de nombreux autres articles à partir de cette date et mentionner par exemple le numéro du 11 septembre 1924 qui titre en première page le sou- tien du PCF à Abd-el-Krim dans la guerre du Rif au Maroc avec une déclaration sans aucune ambi- guïté du secrétaire général, Pierre Semard, qui conclue son texte par «Vive l’indépendance du Maroc ! Vive la lutte interna- tionale des peuples coloniaux et du prolétariat mondial !».A PROPOS DE L’ALGÉRIE : LA DIFFICULTÉ DE PENSER ENSEMBLE LA LUTTE DE CLASSES ET LE NATIONALISME

Le PCF a, dans son histoire, toujours soutenu les luttes d’émancipation des colonies, mais a cependant, par moments, subordonné ses actions à sa stratégie de lutte de classe à l’échelon national. Une décision l’il- lustre et elle est restée source d’un profond malaise. C’est celle qui a conduit le PCF à voter les pleins pouvoirs au gouvernement socia- liste de Guy Mollet, le 9 mars 1956.

Ce vote, en pleine guerre d’Algérie, rentrait dans une stratégie de reconstitution d’un front popu- laire, qui échoua finalement. De fait ce choix circonstanciel très contestable, ne représenta en rien un soutien à la guerre et à la pour- suite de la colonisation. Lors de la discussion du texte au Parlement, le porte-parole du groupe com- muniste est très net, dès le début de sa prise de parole : «L’immense majorité du peuple algérien ne veut plus vivre sous la domination colo- nialiste et aspire à la liberté et à l’indépendance». Quelques mois plus tard, les Communistes vote- ront contre l’ensemble de la poli- tiquede Guy Mollet. Mais cette erreur grave de jugement est restée comme une tâche. Elle a fait l’objet de nombreuses ana- lyses et une conclusion semble faire l’unanimité. C’est celle de la difficulté qu’un Parti comme le PCF a eu de penser ensemble la lutte de classes et le nationa- lisme, vu comme un danger.LUTTE DES CLASSES ET NATIONALISME

Il est frappant de voir que dans le monde d’aujourd’hui, la concilia- tion de ces deux aspects de la lutte d’émancipation, lutte de classe et conscience nationale, reste un combat d’actualité. Car au moment où partout la crise du capitalisme avec son lot de pau- vreté grandissante et de violence antidémocratique rend plus évi- dente la réalité des luttes de classe on voit fleurir, dans le monde entier, des mouvements populistes à contenu nationaliste, en Europe, au Moyen-Orient, en Amérique, en Asie. Ils ne proposent rien d’autre que des politiques de collaboration de classe. Dénoncer ces dangers et proposer une alternative nationale, démocratique et socialiste est pré- cisément le chantier auquel sont attelés les Communistes de par le monde et en particulier au PCG.