Le franc CFA : Une arnaque organisée (1 è re partie)
Le but de cet article est d’éclairer l’arnaque très organisée que constitue le franc CFA. Presque jamais abordé dans les médias français, très peu d’ouvrages ou d’articles lui sont consacrés com- parativement aux effets qu’il engendre. S’y intéresser néces- site de passer par des considéra- tions techniques, souvent indi- gestes. Sans être un expert de la question, je vais essayer d’expli- quer l’entourloupe que représen- tent ces trois lettres de la façon la plus abordable possible, conformément à l’engagement pris dans le titre. Je me concen- tre sur les points qui me sem- blent cruciaux, une présentation exhaustive nécessiterait d’y consacrer au moins un livre.
A vant toute chose, le franc CFA est une monnaie colo- niale. Il constitue de ce point de vue un cas unique dans le monde : l’autre grande zone monétaire coloniale -la zone sterling- n’a pas survécu aux indépendances. Le franc CFA est un cas spectacu- laire par son ampleur d’une mon- naie dirigée par un pays qui ne l’uti- lise pas lui-même. Moins au service du développement économique des pays qui l’utilisent que des capi- talistes et de la diplomatie fran- çaises, le franc CFA a activement contribué à perpétuer la domina- tion de la France sur quinze États pendant près de 75 ans. Son rem- placement par l’eco, annoncé en mai 2020, pour huit des pays qui l’utilisaient, n’implique en aucun cas la disparition du système colonial sur lequel il repose.CE QUE CFA VEUT DIRE
Sigle inchangé depuis sa création en 1945, «CFA» a, jusqu’aux indé- pendances, signifié «Colonies françaises d’Afrique». Le terme «franc CFA» renvoie en réalité à deux monnaies qui fonctionnent de fait sur des principes rigoureu- sement identiques.
Le franc de la communauté finan- cière africaine (CFA donc), diffusé par la Banque centrale des États d’Afrique de l’Ouest (BCEAO) cir- cule dans les huit pays de l’Union économique et monétaire ouest- africaine (UEMOA) que sont le Bénin, le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, la Guinée-Bissau, le Mali, le Niger, le Sénégal et le Togo. Le Cameroun, la République centrafri- caine, la République du Congo, le Tchad, le Gabon et la Guinée équa- toriale forment quant à eux à la Communauté économique et monétaire d’Afrique centrale (CEMAC) où circule le franc de la Coopération financière en Afrique centrale (CFA encore), géré par la Banque centrale des États d’Afrique centrale (BEAC). Ces deux francs CFA, bien qu’ayant rigoureusement la même valeur, ne sont pas directe- ment échangeables entre eux -il est nécessaire de les convertir.
On ajoute généralement à ces deux francs CFA une troisième devise, le franc comorien, utilisé par l’Union des Comores. Bien que n’étant pas à proprement parler un «franc CFA», le franc comorien fonctionne rigoureusement de la même façon. Au total donc, la zone franc s’étend sur quinze États, accueillant au total un peu plus de 170 millions d’habi- tants (soit environ deux fois et demie la population française).