Annulation des dettes des communes et EPCI au Siaeag

D ans une lettre du 6 janvier 2021 adressée aux élus de la Guadeloupe, le ministre de l’Intérieur, Monsieur Sébastien Lecornu, les somme d’avancer sur la question de la structure unique de l’eau en ces termes : «Si l’on ne traite pas les causes des défaillances, le modèle financier de la nouvelle structure ne serait pas viable et sa création amplifierait les désordres actuels».

A quoi joue le Gouvernement français dans ce dossier de l’eau ? Il est démontré dans tous les rapports d’audit diligentés par les autorités que les principales causes de la crise de l’eau en Guadeloupe résident dans le choix fait par les élus, accompagnés par l’Etat, d’un mode de gestion opaque et liberticide mis en oeuvre pendant quarante ans, sans contrôle, par des multinationales comme la Générale des Eaux, dans le cadre d’une délégation du service public de l’eau.

Cette situation dénoncée depuis plus de trente ans par les usagers, les pro- fessionnels, certains partis politiques comme le Parti Communiste Guadeloupéen, est restée sans réaction des autorités en charge de la légalité. Maintenant que le «cancer» du Siaeag, accéléré par la quasi-faillite des EPCI et des communes, ses principaux débiteurs, est arrivé à son stade terminal, c’est aujourd’hui le règlement des conséquences financières de sa liquidation décidée par l’Etat qui se pose comme l’un des problèmes pour avancer vers une nouvelle organisation du service public de l’eau en Guadeloupe.

Si, comme il est dit, l’urgence des urgences c’est de garantir le droit des Guadeloupéens à un service public de l’eau potable continu à un prix équitable, et que la création d’un Syndicat mixte ouvert (SMO) est une partie de la solution, alors, sans passer à perte et profit aucune faute, aucune malversation, il faut bousculer les élus, mais aussi l’organisation administrative pour atteindre cet objectif.

Nous sommes donc face à un cataclysme que les représentants de l’Etat disent considérés comme une obligation nationale de santé publique. Ils ne peuvent donc pas chercher à résoudre cette question en suivant des sentiers battus.

Ils gagneraient à revisiter le discours prononcé par le Président de la République, François Mitterrand, à Pointe à Pitre, le 9 octobre 1989, quelques jours après le passage du cyclone Hugo, un autre cataclysme :«On ne peut pas laisser -je ne sais combien- 2 000, 3 000 personnes sans logement, sans abris, (75 000 foyers sans eau dirons-nous aujourd’hui). Je ferai une seule remarque qui s’adresse à l’administration française et donc à ses responsables ici et là-bas. Aucune obligation ou tradition procédurière ne doit être respectée dès lors que l’urgence est reconnue comme une obligation nationale». Nous sommes donc dans ce cadre-là, avec tous les désordres financiers et techniques qui plombent l’organisation d’un service public de l’eau en Guadeloupe.

Alors, dans l’esprit de François Mitterrand, l’Etat doit intervenir pour faire bouger les obstacles financiers, administratifs, techniques et les procédures afin de répondre à l’obligation nationale de l’eau :

• Financer l’annulation totale ou partielle des dettes des collectivités et éta- blissements publics envers le Siaeag pour rendre possible la création d’un Syndicat unique de l’eau viable avec tous les EPCI.

• Modifier la loi et les règlements pour faciliter l’entrée des usagers et des per- sonnalités expertes dans le conseil d’Administration du SMO.

• Débloquer les crédits nécessaires pour financer le remplacement des réseaux vétustes, la mise aux normes des usines de production et des stations d’épuration.

C’est sur ce schéma de règlement de la crise de l’eau que les déci- deurs politiques, les usagers, les professionnels, toute la population, doivent se mobiliser maintenant.