LA POLITIQUE INTERNATIONALE EN 2020 : Un début de bilan

Il est toujours délicat de faire à chaud le bilan d’une année qui vient de s’écouler, mais on peut s’en tenir à quelques faits signifi- catifs pour donner la mesure de l’évolution du monde dans quelques domaines clés..

LE RÔLE DES ÉTATS-UNIS DANS LES RAPPORTS INTERNATIONAUX

2020 a été pour les USA, l’année du plus grand cynisme dans le domai- ne international. L’abandon du «multilatéralisme» a montré son vrai visage. La décision de Trump de quitter l’Organisation mondiale de la santé, en pleine pandémie du Covid, n’est pas seulement humai- nement choquante, elle est aussi dangereuse pour les États-Unis eux-mêmes car il est clair que la pandémie ne sera dominée que par un effort mondial.

Mais les aberrations de la politique étrangère américaine ne sont nulle part plus évidentes que dans l’attitude vis-à-vis de la Chine. Car ce n’est pas en refusant l’implan- tation de la norme de téléphonie mobile 5G que les Américains rat- traperont leur retard technologique sur ce sujet.

Ce n’est pas en taxant les importa- tions chinoises que les Américains relocaliseront des emplois, partis pour cause de logique du profit. En réalité l’année 2020 restera peut- être dans le futur comme l’année où la Chine a dépassé les USA, car là où la récession était la règle dans le monde occidental, la Chine semble avoir renoué avec la croissance au cours du dernier trimestre. TURQUIE, IRAN, LA MONTÉE DES DANGERS

Loin des affichages médiatiques tonitruants un certain nombre d’ac- teurs de la politique internationale ont avancé lentement mais sure- ment dans les vides laissés par la politique américaine. Le désenga- gement des USA en Irak et en Syrie a fait l’affaire des Iraniens et des Turcs qui ont conforté leur implantation au Moyen-Orient. Ces derniers ont également renforcé leur présence dans le Caucase, à la faveur du dernier conflit entre l’Azerbaïdjan et l’Arménie.

La politique de Trump a par ailleurs ruiné des années de travail diploma- tique avec l’Iran en cassant l’ac- cord conclu sur le nucléaire. À l’ar- rivée l’Iran s’approche de plus en plus de la fabrication de l’arme atomique, menaçant un équilibre régional très instable.

Globalement la situation actuelle semble renforcer les durs de régimes déjà fort peu démocra- tiques. Il y a là une véritable source d’inquiétude pour la paix dans le monde L ’AMÉRIQUE DU SUD MONTRE LA VOIE

E n revanche de nombreuses bon- nes nouvelles sont venues du continent sud-américain. Cela a d’abord été l’échec de la tenta- tive de renversement de M aduro au Venezuela avec la fin de la piteuse aventure de Juan Guaido. Il y a eu ensuite l’élection de Luis Arce en Bolivie, qui a clos la parenthèse putchiste qui avait chassé Evo Morales. La contesta- tion n’a pas faibli au Chili. En Argentine le parlement a v oté une loi légalisant l’avorte- ment. Au Brésil , élection régio- nale après élection, Bolsonaro e st de plus en plus isolé. Si l’on ajoute à cette liste les acquis réalisé par la contestation en fin 2 019 en Équateur on peut dire que les sud-américain nous montrent la voie de l’espoir. Cela ne peut être que de bon augure dans le contexte actuel, où les dirigeants populistes qui ont capté la colère des popula- tions victimes de la crise du monde capitaliste, comme aux U SA, en Grande-Bretagne, en Italie ou ailleurs voient venir le retour de bâton.

Il est temps que dans la confusion générale en cours les idées pro- g ressistes refassent surface et montrent que les politiques ne sont pas interchangeables. Si l’an- née 2020 restera dans l’histoire comme celle de la pandémie, on peut souhaiter aussi qu’elle reste aussi comme une année où la poli- tique a repris ses droits.