Kilti sé politik !
«Toute culture naît du mélange, de la rencontre, des chocs. A l’in- verse, c’est de l’isolement que meurent les civilisations».
D epuis quelque temps, je délecte avec un plaisir scep- tique les émanations d’un patriotisme bien «chouké»chez bon nombre de nos compatriotes. Les réseaux sociaux se sont fait écho de cette subite flambée de la montée de la conscience nationale. Et je ne puis que m’en réjouir.
Des faits divers ou anecdotiques, des propos délicats ou maladroits, des comportements intolérables ou incontrôlés semblent être les déclencheurs ou vecteurs de réac- tions à la mesure du «crime» com- mis. Il est vrai que le discours tendu tenu par nos patriotes a le mérite de mettre en exergue une véritable lapalissade révélant à ceux qui l’ignoreraient, que le peuple guade- loupéen, dans ses composantes multiples, jouit d’un patrimoine commun constitué de ses «mès é labitid». Des us et coutumes, pro- duits des événements ayant jalonné le cours de notre histoire, qui impac- tent nos «manniyè»d’être, de par- ler, de danser, de boire, de manger, de co-habiter, de… recevoir.
Oui, il est clair et entendu que tous les peuples ont des origines qui construisent et définissent leur entité, leur identité, leur particula- risme
. Ce patrimoine culturel subit les assauts dévastateurs de la mon- dialisation, de la colonisation, de l’assimilation, du génocide et doit donc être préservé et sauvegardé. Ce qui a fait dire que : «La culture ne s’hérite pas, elle se conquiert».
Nous sommes, nous, adeptes de la dimension universelle de la culture ; De la culture en mutation dans ses pratiques et représentations ; De cette culture force dynamique et créatrice. Mais nous encensons et adulons le nécessaire ancrage des racines nourricières dans le «man- manvant»de la terre natale.
Alors oui, nous entendons les réali- tés culturelles, folkloriques, cul- tuelles. Oui, nous comprenons mal que des étrangers à un territoire veuillent imposer leur concept du bien-vivre et du vivre-ensemble, leurs exigences des règles de coha- bitation et de socialisation.
Cependant, les revendications de ces exogènes, pour agressives qu’elles soient, relèvent pour la plu- part, du droit. Oui des dispositions réglementaires françaises en lien avec une certaine conception du droit et des libertés et en «liyannaj»avec la culture française. Ainsi nais- sent les lois.
Ceci dit et précisé n’enlève rien de l’authenticité du «chiraj»crée par la dimension que prend le débat. Faut- il parler du controversé seuil de tolé- rance ? Faire allusion à la volonté politique de substitution ? En tout cas, il ne faut rien oublier de la réalité de l’héritage socioculturel de la colo- nisation chez les Français.
Il appartient, selon nous, aux Guadeloupéens, à toutes celles et à tous ceux qui manifestent, et c’est tant mieux, l’expression de leur conscience nationale, de s’en- gager sur la voie de la lutte pour l’émancipation du peuple guade- loupéen. Nous les exhortons à militer pour permettre aux hommes et femmes de ce pays de prendre en main leur destinée.
Nous les appelons à prendre posi- tion contre le statut quo et pour l’accession à plus de responsabi- lité nous permettant de créer les conditions pour la défense, la pré- servation et la sauvegarde de«tou sa ki tan nou». C’est un com- bat politique !