LE SCANDALE DE L’EMPOISONNEMENT AU CHLORDÉCONE Les commanditaires doivent payer !

Onze jours après l’audition des plaignants par le Tribunal de G rande Instance (TGI) de Paris sur le scandale du chlordécone, la CGTG a pris la main en orga- nisant une conférence de presse le 1er février pour, d’une part informer la population de l’évo- lution de l’affaire et, d’autre part, pour préparer un mouve- ment de masse fort pour exiger que les juges prennent les justes décisions qui s’imposent.

Le Secrétaire général Jean- Marie Nomertin a retra- cé, en partie, le déroule- ment des auditions. Dans son rap- port, il fait état du juge d’instruc- tion qui reconnaîtrait que la com- mission parlementaire, composée de la député de Guadeloupe, Justine Bénin et du député Mar- tiniquais, Serge Letchimy ont pu obtenir plus de documents qu’il ne pût avoir. Les deux parlementaires sont parvenus à obtenir les copies des documents qui ont disparu dans le dossier au tribunal.

Après avoir effectué six commis- sions rogatoires, la gendarmerie aurait déclarée que c’est en toute illégalité que ces entreprises incri- minées par les plaignants, ont fait entrer en Guadeloupe et en Martinique ces produits toxiques.

A noter que l’interdiction de l’achat de ces produits remonte à 1993, et pourtant, sur cette même période, les entreprises concernées ont tout de même fait l’acquisition de 1 960 tonnes de produits illicites. En clair, elles auraient purement et simple- ment violé la dérogation qui leur avait été accordée pour l’écoule- ment de leur stock

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Selon Jean-Marie Nomertin, à l’épo- que, le produit s’appelait Képone (1972-1978) et quand Delagarig a acheté le brevet, il aurait changé le nom et le produit était vendu sous l’appellation de Curlone (1982- 1993). Ensuite, l’entreprise Bio- métal s’est trouvée en possession du brevet alors que c’est une entreprise qui importe des feuilles de tôles. Le Curlone serait com- mercialisé sur le marché par Phytocenter et Agrisol. Des faits nouveaux se greffent sur le dos- sier. Des documents disparaissent et le juge envisage de prononcer la prescription de l’affaire.

Il semble que parmi les politiciens locaux, il y aurait un qui se serait intéressé à ce sujet, en l’occurrence, le député de la 1 è re circonscription, Olivier Serva. Il aurait pris l’initiative de lancer une pétition en ligne pour le vote d’une loi qui statuerait sur l ’imprescriptibilité des crimes com- mis. Sans rejeter cette initiative qui est une forme de soutien, le S ecrétaire général de la CGTG rap- pelle que pour lancer l’affaire de l’empoisonnement au chlordécone, c ette démarche de pétition en ligne avait été entreprise et avait duré quatre bonnes années.

D’après Jean-Marie Nomertin, il y a une volonté qui se dessine, entre la Guadeloupe et la Martinique, pour qu’il y ait une action conjointe pour faire aboutir cette affaire.

Un appel est lancé par les organi- sations, aux Guadeloupéens, à tous ceux qui sont épris des notions de liberté et de justice, pour préparer une mobilisation de masse suffisamment forte pour faire entendre raison. Les plaignants déclarent ne pas se limiter au problème de l’indemni- sation. Ils sont bien plus préoccu- pés par la dépollution des sols, empoisonnés pour plusieurs années. C’est évidemment un problème de santé publique qui est posé et surtout un problème de dignité, soulignent-elles.

Le Secrétaire général de la CGTG, a averti d’emblée, que son organi- sation ne fera aucune alliance avec l’Union des groupements de pro- ducteurs de bananes de Guade-l oupe et Martinique (UGPBAN Guadeloupe et Martinique) sur ce dossier, même si cette dernière a ccuse l’Etat d’être responsable, alors qu’elle aussi a une responsa- bilité évidente.

Les organisations, réclament la r econnaissance de ce crime afin que tous les acteurs en cause puissent payer les conséquences de leurs actes.

Elles refusent que l’affaire ne soit jugée qu’au Tribunal administra- tif, car, dans ces conditions, seul l’Etat pourrait être condamné à payer et ce sera avec l’argent de nos propres impôts que nous serions dédommagés.

Pour Félix Flémin du PCG : «Nous devons faire justice, c’est-à-dire, mobiliser l’ensemble du peuple gua- deloupéen, parce qu’il y a des consé- quences économiques, sociales, envi- ronnementales qui nécessitent que nous obtenions réparation du préju- dice subi. En d’autres termes, l’obli- gation pour l’Etat français de donner aux Guadeloupéens l’indemnisation qui leur permettra de construire un modèle économique prenant en compte la situation sanitaire et un modèle de société qui correspond aux intérêts du peuple guadeloupéen. Pour y parvenir, il faut qu’il y ait une autorité politique guadeloupéenne qui représente et défende les intérêts du peuple et du pays Guadeloupe. Ensemble avec nos divergences, nous devrions nous atteler à travailler».