Vendée Globe : Epoustouflant Daniel Seguin

Ce jeudi 28 janvier à 12h18 min 20 sec (heure française), Damien Seguin (Groupe APICIL) a coupé la ligne d’ar- rivée après 80 jours, 21 heures, 58 minutes et 20 secondes de course autour du monde en solitaire sans escale et sans assistance, 18 heures, 13 minutes et 34 secondes après Yannick Bestaven, crédité d’un temps de course modifié après l’application des com- pensations accordées par le jury de course suite aux opérations de sauve- tage de Kevin. Le skipper de Groupe APICIL s’est emparé provisoirement de la 6 e place, en attendant le passage sur la ligne de Jean le Cam (16h15 de com- pensation). Il est le premier du classe- ment officieux des bateaux à dérives droites.LE CONTEXTE

Arrivée pluvieuse, arrivée heureuse ! Porté par un vent de sud-ouest de 22 noeuds et chargé de pluie, Damien Seguin a posé son Groupe APICIL sur la ligne d’arrivée ce jeudi 28 novembre à 12h18. Il est le 6e à couper la ligne d’ar- rivée. Le temps que réalisera Jean le Cam, encore en course au moment où Damien Seguin coupait la ligne, déci- dera de sa place définitive, Jean le Cam bénéficiant en effet d’une compensa- tion de 16h15 après sa participation décisive au sauvetage de Kevin Escoffier le 1er décembre dernier.SON VENDÉE GLOBE EN BREF

Époustouflant Damien Seguin, qui ne cesse de pousser des portes. Le double champion paralympique de 2.4mR (2004, 2016), vainqueur du Tour Voile 2016, a réalisé un remarquable Vendée Globe. Premier à achever son tour du monde en IMOCA à dérives droites, il fait partie de ceux qui ont parcouru le moins de route réelle. 13 e au pire au classement, jamais décalé de la tête de course d’un système météo, il a égale- ment mené ce Vendée Globe durant quelques heures en début de course. Carton plein !SON PARCOURS

D’un champion olympique ou paralym- pique, on sait qu’on peut envisager une capacité à prendre des départs et à négocier les arrivées avec science. Si le premier bord de ce Vendée Globe fut favorable aux foilers plutôt qu’à Groupe APICIL et ses dérives droites, la plongée vers le cap Finisterre a permis au double champion paralympique de pousser son IMOCA de 2008 en tête de la course lors de deux séquences quasi consécutives, du 9 novembre 12h00 au 10 novembre à 05h00, puis à nouveau le 10 novembre, entre 12h00 et 15h00.

Sur l’ancien DCNS et Comme un Seul Homme, le bateau avec lequel Eric Bellion a terminé 9 e et premier bizuth du Vendée Globe, Damien Seguin a su conjuguer sa double culture olympique et de régatier, pour signer une course majuscule d’un bout à l’autre. Le 19 novembre, Groupe APICILpasse l’équa- teur pour la première fois en 12 e posi- tion, 23h37 après le leader. Le 25 novembre, le skipper se fait une frayeur : en coupant un bout avec son couteau multitâche, il se plante la lame dans le bras. Une entaille pro- fonde de deux centimètres qu’il faut soigner avec application.

Pas épargné par les soucis techniques Cela ne freine pas le tandem, qui reste accroché aux basques des leaders. 7 e au passage du cap de Bonne-Espérance, Damien Seguin s’offre même, par une route plus au Sud, le plaisir de prendre la 4 e place dans l’océan Indien. 5 e au cap Leeuwin, 6 e au cap Horn, le skipper handisport rayonne dans ces schémas météo qui permettent aux IMOCA à dérives droites de se mêler sans relâche aux foilers.

S’ils font partie des impondérables à gérer au cours d’un tour du monde en solitaire, les soucis techniques n’épar- gnent pas le natif de Briançon. Mais plus que ses problèmes de pilote auto- matique, ce sont ses voiles d’avant qui le handicapent. On ne l’apprendra que bien plus tard, mais depuis l’entrée dans le Pacifique, il est privé de ses voiles de portant VMG, les plus creuses (grand gennaker, frac ou spi selon ce qu’il a emporté). Un problème ? Pas d’problème : le Haut-Alpin, qui a grandi en Guadeloupe, tient la dragée haute au Transalpin, Giancarlo Pedote. Un match qui stimulera Damien Seguin jusqu’au franchissement de la ligne d’arrivée, en plus de celui qui l’aura opposé, à distance, à Jean le Cam.

6 e de ce Vendée Globe, Damien Seguin fait définitivement partie des grandes révélations de ce Vendée Globe. Il n’est plus question de savoir si un sportif handicapé peut courir le Vendée Globe… mais s’il peut un jour le gagner. Un défi à venir ?Par la rédac du Vendée Globe / F.P