14 février 1952 : Massacre à Le Moule : Mi foto a yo !

Depuis «nanninannan», paraît-il, le 14 février est jour particulier, jour des amoureux, Saint Valentin. Et l’histoire regorge de tentatives d’explications et autres anecdotes pittoresques sur ses origines.

M ais, pour nous, il y a com- me une autre histoire ; Celle des crimes commis par le colonialisme français. Cela se passait à Le Moule le 14 février 1952, le 16 février 1974 à Chalvet, à Basse Pointe en Martinique.

Lors de ces deux événements se déroulant curieusement à la même période de l’année, la barbarie des forces françaises de répression a mis en exergue la haine, le racisme et l’humiliation qui ont toujours carac- térisé les exactions et montré la vraie nature du colonialisme.

DEVANT LA RÉSISTANCE DES GRÉVISTES ET L’AMPLEUR DE LA MOBILISATION, LES AUTORI- TÉS ONT DÉCIDÉ D’ACTIONNER LA MACHINE RÉPRESSIVE

A un mouvement de grève déclen- ché par les ouvriers agricoles et les petits planteurs pour exiger une amélioration de leurs conditions de travail et d’existence qui étaient des plus misérables et insoutenables, les patrons répondaient par un refus catégorique affichant un mépris arrogant.

Devant la résistance des grévistes et l’ampleur de la mobilisation qui s’étend à d’autres secteurs, face à la solidarité et au soutien émanant de la population et à l’engagement des communistes aux côtés des travail- leurs, les autorités ont décidé d’ac- tionner la machine répressive.«É PI NÈG KA VANSÉ, PI BAL RÉYÈL KA TIRÉ» LES BALLES N’ARRÊTENT PAS L’AVANCÉE DES NÈGRES !

Le 14 février 1952, dans le centre bourg de Le Moule, les manifes- tants exprimaient leur souffrance et montraient leur volonté de ne rien lâcher de leurs revendications. C’est alors qu’une tuerie est organisée, préméditée et orchestrée par le préfet, l’armée et les usiniers.

Constance Dulac, Justinien Capitolin, Edouard Dernon et François Cerdot tombent sous les balles des militaires français. On dénombre de nombreux blessés.

Quelques années plus tard, pres- que jour pour jour, même scénario en Martinique bien décrit par Kolo Barst : «Kouté sa ki pasé, sété an févriyé, févriyé 74. Adan an chan bannan. Ouvriyé agrikol téka manifesté pou béké ogmanté jou- nen bannan la. Olé yo négosiyé, Béké kriyé polisiyé… Pi nèg ka vansé, pi bal réyèl ka tire…».

CES ÉVÉNEMENTS DOULOU- REUX DOIVENT ÊTRE ENSEIGNÉS POUR ÊTRE CONNUS DE TOUS

Constante de la politique coloniale, ces événements douloureux font partie avec d’autres, nombreux, de notre histoire, des périodes som- bres de l’histoire coloniale de la France et doivent être enseignés pour être connus de tous. Ils met- tent en lumière la violence inouïe du fait colonial engendrant mort, humiliation, privation de liberté et négation profonde de la dignité humaine par la domination poli- tique, économique et culturelle.

Les peuples victimes de la colonisa- tion française doivent glorifier leurs filles et fils qui sont tombé(es) sous les balles des soldats français. Nous devons provoquer l’histoire pour en tirer la quintessence de la vérité et mieux, nous approprier notre passé pour porter notre contribution à l’oeuvre commune de la construc- tion de notre futur.

Alòs, lonè é rèspè pou fanm é nonm ki tonbé dipi gaoulé a èsklav jis jòdi jou. Rèspè pou yo souplè !

«Sans dignité il n’y a pas de liberté, sans justice il n’y a pas de dignité et sans indépendance il n’y a pas d’hommes libres».