Tourisme de pleine nature : Connaissance du milieu et vigilance obligatoires

La Guadeloupe abrite une variété d’écosystèmes qui fait d’elle un haut lieu de la biodiversité mondiale et une destination de choix pour les touristes, attirés par la richesse de ses paysages natu- rels, ses plages aux sables blanc et noir, sa flore et sa faune.

M alheureusement, certains touristes payent au prix de leur vie leur volonté de découvrir ces paysages pitto- resques, si bien que le pays vient de connaître une semaine tragique, avec la mort au Saut de la Lézarde, à Petit-Bourg, de deux touristes : un homme de 70 ans et une fillette de 5 ans. Un bilan qui aurait pu être encore plus lourd car, une troisième personne, surprise par la montée des eaux aux Chutes du Carbet à Capesterre Belle-Eau, a été retrou- vée heureusement consciente, mais légèrement blessée.

Il faut dire que ce n’est pas la pre- mière fois que de tels accidents sur- viennent, quelle que soit la rivière concernée. Plusieurs décès ont déjà été enregistrés par le passé, notam- ment dans le Sud Basse-Terre et dans la région dite de la Traversée. Déjà en 2017, en ces mêmes lieux un accident similaire avait produit les mêmes conséquences.

En 2017, la Région Guadeloupe a fait du développement touristique une priorité, ambitionnant d"ici 2020, d’accueillir 1 million de visi- teurs par an, pour des recettes équivalentes à 1 milliard d"euros. Malheureusement, la crise sanitaire a modifié les prévisions.

Cependant, au-delà de l’aspect d’éventuelles retombées financières du produit touristique, il s’avère important de prendre en compte la dimension humaine de ce produit. Ainsi, ne devrions-nous pas nous interroger sur ses pertes humaines à répétitions et les accidents trop nombreux sur notre territoire ?

Le Guadeloupéen qui a une connaissance de la faune, de la flore et des conditions climatiques du pays peut réagir plus facilement en cas de changements subits. Par contre, le touriste qui vient séjourner en Guadeloupe n’a pas forcement cette même connais- sance et se fait souvent piéger par les aléas du climat tropical.

Dès lors, se pose la problématique de la prise en compte de la sécu- rité des touristes et plus spécifi- quement de la signalétique de ces zones et sites à risques, en termes de suffisance et d’efficacité. Il n’est pas concevable de se limiter au seul non respect de la signalisa- tion en place pour expliquer la fré- quence des ces accidents.

Il y a de toute évidence un déficit d’information, de pédagogie et d’accompagnement à l’égard de ces visiteurs. Ces derniers devraient aussi avoir pleinement conscience d’être sur un territoire qui leur est étranger et essayer de faire preuve de la plus grande prudence, en par- ticulier en se faisant accompagner, autant que possible, par des per- sonnes connaissant le terrain.

RÉFORMER LE MODÈLE ACTUEL POUR CONVERGER VERS UN TOURISME DURABLE ET SÉCURITAIRE

Autrement dit, une réflexion s’im- posesur la politique touristique en Guadeloupe. Elle pourrait aller jusqu"à réformer le modèle actuel pour converger vers un tourisme durable, encadré dans certaines situations à risques, un tourisme qui tient pleinement compte des impacts économiques, sociaux et environnementaux en adéqua- tion avec les attentes des visi- teurs ; un tourisme faisant appel davantage aux professionnels de l’environnement et des commu- nautés d’accueil.

Il importe donc de mettre en place une véritable stratégie glo- bale et engager des actions péda- gogiques pilotes en faveur de la découverte de ces milieux (par- cours de découverte, fascicules d’animations artistiques, cultu- relles, scientifiques etc…). Ces aménagements permettraient de diversifier l"offre de détente.

Il conviendrait bien sûr de trouver le juste équilibre entre protection de l’environnement et fréquentation touristique en associant à la réflexion, la population et les sala- riés du secteur.

La Région Guadeloupe, en charge du développement, avec sa volonté de faire du tourisme une véritable industrie, doit aussi faire de la sécu- rité une priorité.