Syncrétisme et communautarisme

«Se complaire au soleil de son nom- bril, dans le souci de se faire chaque jour plus lumineusement «nègre» en riposte au «blanc» - défi de l’his- toire, n’est pas la façon rationnelle de remettre au bien la singularité épidermique que le colonialisme a un jour traité en mythe dénigrant et en mal absolu». René Depestre

N ous partons du principe qu’il existe un fait national en Gua-deloupe et qu’il est le résultat d’une synthèse ou d’un syn- crétisme réalisé sous l’égide d’un grand maître : l’histoire. Cependant, ce fait national éprouve des difficul- tés à s’affirmer, pour des raisons que nous ne pensons pas évoquer dans cette publication. S’il est admis d’évoquer l’existence du fait natio- nal en Guadeloupe, il n’est pas moins vrai que c’est un problème complexe et que l’on peut le poser de différentes manières.

Le plus souvent la question nationale est déclinée avec véhémence dans sa vision mécanique, étriquée, raciale ou racialiste. On débouche alors, qu’on le veuille ou non, d’une manière ou d’une autre, sur une réduction com- munautariste du problème. On t ourne en rond. On verse dans un nombrilisme volontariste qui peut ouvrir une véritable boite de Pandore.

A notre avis, la façon la plus ration- nelle d’envisager la position et la solution de ce problème consiste à le placer dans un processus noble d’une synthèse dialectique. Et si on se réfère à l’histoire, au choc des cultures et à la génèse du creuset dans lequel se sont forgés peuple et nation en Guadeloupe, il ne peut en être autrement.

La notion de synthèse ou de syn- crétisme que nousfaisons nôtre dans ce cas de figure, découle du fait que le substrat colonial, l’es- clavage, la traite négrièreet l’éco- nomie de plantation sont des mar- queurs mais surtout les facteurs fondamentaux de notre être, de notre culture de notre société guadeloupéenne. O n ne peut passer sous silence que le processus déterminant la genèse de peuple et de nation en Guadeloupe s’est déroulé dans un climat de vio- lence, dans un espace accaparé après le génocide des amérindiens par une idéologie dominante, une nation dominante, un Etat dominant qui se sont assujettis une classe dominée, composée en majorité d’Africains et d’engagés indiens.

Poser le problème national guade- loupéen sous l’angle de la lutte des classes, c’est déjà oeuvrer à sa solu- tion véritable. Les communistes, fidèles à la théorie et à la pratique féconde de la lutte des classes, ne peuvent souffrir aucune digression ethnicisée, communautariste du combat du peuple guadeloupéen, qu’ils considèrent comme caribéen et internationaliste. Ainsi le Guade- loupéen peut être capable de dépassement des avatars du colo- nialisme pour se lancer en être majeur dans le concert des nations.