Julien Chovino : Il y a trois ans disparaissait le 1 er maire communiste de Morne-à-l’Eau

Décédé le 25 février 2018 suite à une longue maladie, Julien Chovino aura été pendant sa vie politique maire de la commune, conseiller général du 1 er canton de Morne-à-l’Eau, député sup- pléant de l’ancien parlementaire de la 2 ème circonscription, Ernest Moutoussamy, président de l’Association des maires de la Guadeloupe, membre du Comité central du Parti Communiste Guadeloupéen (PCG), dirigeant de la Section mornalienne du PCG et de sa Cellule «Frédéric Carindo» et membre-fondateur de l’associa- tion «La Rose des Aînés».

A la scission intervenue au sein de son Parti en 1991 provo- quée notamment par la Section communiste de Pointe-à- Pitre de l’ancien maire, Henri Ban- gou, Julien Chovino avec une très grande fermeté idéologique a déclaré ceci dans les colonnes de ce journal : «Communiste j’étais, com- muniste je suis, communiste je reste- rai !». Et ce médecin de profession, a tenu parole jusqu’à sa mort.

D’une très grande sensibilité humaine, l’homme politique qu’il était devenu grâce à un travail de proximité en profondeur dans la population de Morne-à-l’Eau enten- dait et comprenait la souffrance matérielle et sociale des gens et des plus démunis de la société guade- loupéenne, la misère et la pauvreté qui mettaient à terre le pays Guadeloupe, particulièrement les jeunes et les séniors, la délinquance et la violence qui découlaient de toutes ces situations difficiles qu’il vivait au quotidien au contact de ses patients qui sortaient de tous les coins et recoins du péyi Gwadloup pour recevoir les soins et les conseils médicaux du docteur Chovino.

A l’auteur de cet hommage qui a été son directeur de cabinet à partir de 2001 à la mairie, il disait souvent et je le cite «le seul endroit au monde où je me sens tranquille et à l’aise, c’est dans mon cabinet médical».

Et nous, ses proches collaborateurs à la maison commune du peuple, il nous répétait souvent et sans cesse«la politique, c’est une histoire de temps et de patience».

Et de la patience, Chovino avait ça à revendre en se présentant pour la première fois aux élections munici- pales en 1989 à Morne-à-l’Eau pour sortir à la troisième position de cette consultation électorale.

Après ce premier échec politique, il se remettra en cause personnelle- ment et changea sa relation de proximité avec la population pour être au plus près des gens et ainsi il partira à nouveau avec ses cama- rades communistes mornaliens au combat quartier après quartier, sec- tion après section, lotissement après lotissement, cité après cité pour conquérir le 1 er canton de l’époque de Morne-à-l’Eau en qua- lité de conseiller général en 1992.

Nouveau conseiller général de la Guadeloupe, Chovino à la fois médecin de nombreuses familles mornaliennes et de sportifs, notam- ment ceux du club de l’Etoile, conseiller municipal de l’opposition communiste partira à la conquête de la mairie de Morne-à-l’Eau en vue des élections municipales de 1995 à la tête d’une belle liste d’Union Chovino-Bardail-Garain- Anduse pour battre au 2 ème tour le maire socialiste de cette période his- torique, le très populaire Favrot Davrain.

De 1995 à 2001 et en dépit des tur- bulences politiques au sein de sa majorité municipale plurielle à cause de la démission collective du groupe Bardail en 1998, Chovino en fin tac- ticien prendra l’attache du groupe de l’opposition Davrain au sein du conseil pour terminer sa première mandature et éviter ainsi une élec- tion municipale partielle à la com- mune avant l’heure.

Très rusé politiquement, aux élec- tions municipales de 2001, il par- v ient à se maintenir au pouvoir avec son seul allié, le groupe Garain avec l’aide de son camarade de Parti, J ean-Claude Lombion qui deviendra dès lors son 2 ème adjoint au maire.

En 2004, il perd son mandat de conseiller général face à Georges Hermin à cause de profondes divergences politiques avec le groupe de son 1 e r adjoint d’alors, Franck Garain.

Les élections cantonales passées, Julien Chovino, toujours maire de la ville tombe gravement malade et après un long séjour dans le milieu hospitalier, il revient au combat très affaibli tant physiquement qu’intel- lectuellement pour remettre de l’ordre dans sa majorité municipale. A sa demande et à plusieurs reprises et dans cette même année la Section Communiste de Morne-à- l’Eau va se réunir pour préparer en interne les esprits à l’idée de sa démission pour cause de maladie en qualité de maire et demander à chaque fois et avec une grande i nsistance politique à Jean-Claude Lombion de se préparer à prendre sa succession à la tête de l’exécutif municipal.

C onvalescent et dans le plus grand secret au début de l’année 2005, Chovino ira à la rencontre de l’actuel m aire de Morne-à-l’Eau, Jean Bardail avec lequel il maintenait d’excel- lentes relations humaines afin de négocier sa neutralité politique pour faciliter ainsi l’élection de Lombion en qualité de nouveau maire de Morne-à-l’Eau après sa démission pour raison de santé.

Cette neutralité politique obtenue du groupe Bardail, Chovino depuis son domicile mornalien annonçait dans la foulée devant la presse à la population sa décision mûrement réfléchie en étroite concertation avec sa famille, la Section Com- muniste locale et la direction de son Parti de démissionner de sa fonc- tion de maire de Morne-à-l’Eau.

Après cette démission largement médiatisée dans toute la Guadelou- pe, Chovino va livrer avec une éner- gie plus que débordante avec ses camarades communistes morna- liens son dernier combat politique àl ’intérieur du conseil municipal pour faire de Lombion, son 2 ème adjoint jusqu’ici, le nouveau maire de la ville natale de Gerty Archimède.

C ette élection municipale partielle au sein de l’Assemblée délibérante va se dérouler exactement le 5 avril 2 005 et Jean-Claude Lombion avec le soutien de la majorité municipale restée fidèle à Chovino et la neutra- lité politique négociée avec le groupe Bardail l’emporte dès le 1 e r tour du scrutin très largement.

Après ce dernier combat politique livré au sein même du conseil municipal en 2005 et avec le senti- ment du devoir accompli et bien accompli, le docteur Chovino pou- vait regagner la conscience tran- quille son cabinet médical dans le centre-bourg de Morne-à-l’Eau pour se remettre à nouveau et avec un grand dévouement au ser- vice de ses très nombreux patients avec des horaires aménagés en prenant en compte ses propres problèmes de santé.Honneur et respect pour la vie et l’oeuvre de Julien Chovino, le 1 e r maire communiste de Morne-à- l’Eau de 1995 à 2005 !