Non à la prescription du crime chlordécone !

Différentes organisations anti chlordécone avaient choisi la ville de Capesterre Belle-Eau, haut lieu historique et embléma- tique de luttes syndicales, pour leur première grande mobilisa- tion contre la prescription du dossier de cet insecticide orga- nochloré toxique, écotoxique qui fut utilisé dans les Antilles fran- çaises entre 1972 et les années 2000 sous les noms commer- ciaux de Képone et Curlone et qui fait actuellement des ravages considérables sur la santé de la population antillaise.

Les organisations syndi- cales, le Parti com- muniste, les associa- tions et les citoyens s’indignent d’un possible non-lieu et du risque de prescription dans ce dossier. Ils étaient environ 200 à s’être donné rendez-vous au parking du stade de la commune. L’ETAT RESPONSABLE !

Dès 9 heures, et sous un soleil res- plendissant, les banderoles, pan- cartes revendicatives fleurissaient la place annonçant la détermina- tion des organisations syndicales. Les premières prises de paroles retentissaient avec les ouvriers CGTG de la banane qui revenaient sur leurs conditions de travail dans les plantations, la façon dont ils uti- lisaient les produits, jusqu’au témoignage poignant de Madame Marcelle Onestas, une ancienne ouvrière agricole qui a raconté avec courage son histoire. Elle a eu telle- ment de problème de santé, subit tant d’opérations que ses médecins ne pensaient pasqu’elle serait encore en vie aujourd’hui.

L’association «Vivre» et sa prési- dente Mme Chatenay estime que les empoisonneurs, avec la compli- cité de l’Etat, a permis à certains de s’enrichir au détriment de vie humaine. La cardiologue Mona Hédreville est intervenue sur les conséquences du chlordécone sur le coeur, les accidents cardio-vascu- laire et d’autres maladies qui en découlent.

Joël Nankin, artiste-peintre très en colère et victime, pense que ce n’est pas normal que des milliers de gens soient empoisonnés sans qu’il n’y ait de coupables.

Un citoyen de la section de Rou- thiers livre son analyse en indi- quant que la France est dans son rôle d’empoisonneur, qu’il s’agit d’un génocide organisé associé à un non-respect pour le peuple guadeloupéen et insiste sur l’obli- gation de la prise de conscience de la population.

Jean-Marie Nomertin de la CGTG considère qu’on peut parler d’un véritable crime contre l’humanité, qu’il faut rester mobiliser et s’invi- ter dans les collèges, les lycées, les universités afin de sensibiliser les jeunes pour qu’ils puissent pren- dre le relais de ce combat. Interpeller, arrêter, juger, condamner, emprisonner les res- ponsables, indemniser la popula- tion et dépolluer le sol.

Pour Félix Flémin du Parti Commu- niste Guadeloupéen, ce n’est pas un accident mais un choix délibéré fait en toute conscience et en connaissance de cause du décret dérogatoire et qu’il faudra rendre justice à la population.

Pour Elie Domota, Secrétaire géné- ral de l’Union des travailleurs de la Guadeloupe, l’Etat connaissait la dangerosité du produit et veut s’exonérer de ses responsabilités.

Vers 13 heures, au terme des diffé- rents discours et prises de paroles, les organisations se sont rassem- blées en cortège, et ont défilé dans le centre-ville de Capesterre Belle- Eau pour continuer à faire passer leur message d’un combat contre le chlordécone.

Le même jour en Martinique, plus de 10 000 personnes ont manifes- tés pour refuser l’impunité dans ce scandale du chlordécone.