Le pikanga ou pikenga :Un légume trop méconnu

Le pikanga ou pikenga est un légume de la famille des cucurbi- tacées, comme les concombres, qui a été très consommé dans les foyers guadeloupéens, jusqu’au début des années 1970. Petit à petit, il a disparu de la cuisine ancestrale, sans doute à cause de sa raréfaction, comme beaucoup d’autres plantes alimentaires, et de la modernité.

Et pourtant, ce légume qui peut être consommé de différentes façons, seul ou associé à d’autres aliments a une saveur plus fine que le concombre, avec un fort pourcentage d’eau également.

Il est produit par une plante grim- pante, une liane qui ne demande aucun entretien particulier sinon la pose de tuteurs ou «ranm»en créole, Cependant, il trouvera aussi son bonheur en bordure d’une clô- ture grillagée, ce qui permettra d’ailleurs une opération généreuse de partage avec les voisins. Les feuilles bilobées ont la forme d’un coeur avec une échancrure assez prononcée à la partie supérieure du limbe. Les fleurs en forme de petits entonnoirs très évasés à la partie haute, sont d’un jaune assez vif et leur multitude sur la plante produit un magnifique environnementnaturel fleuri. Le fruit est très allongé et côtelé.

La cueillette se fait quand le fruit est bien vert. Pour s’en rendre compte, pincer la bordure d’une côte et cas- ser. Si la cassure est franche, alors il est encore bon à manger. Par contre, si la cassure ne l’est pas et qu’elle est plutôt fibreuse, alors il est trop avancé et il est préférable de le laisser se dessécher complètement, sur le pied ou après la cueillette, jusqu’à devenir spongieux avec une couleur brune. Récupérer les graines pour une nouvelle plantation.

Le pikenga depuis un certain temps, tend à retrouver ses lettres de noblesse, justement au moment où il est question d’autosuffisance ali- mentaire et nous ne pouvons que saluer cette tendance.

Car, en vérité, il peut être utilisé dans différentes recettes selon l’ins- piration de la cuisinière : - Cru comme le concombre, coupé en rondelles le plus finement possi- ble, sans chercher à enlever les graines qui sont consommables. En ajoutant une bonne vinaigrette, mélanger ou non à de la chiquetaille de morue, des harensaurs, des sar- dines, des oeufs, selon le goût, cette salade peut constituer une compo- sante du petit déjeuner ou l’entrée d’un des principaux repas. Accom- pagner de pain éventuellement.

- Il trouve aussi sa place, en mor- ceaux, dans la préparation des viandes en ragoût ou en colombo, en particulier la viande de cochon ou de boeuf.

- En épaisses lamelles ajoutées à du riz pour la cuisson il fera aussi appré- cier encore davantage le riz dit :«diri blan». Tenir compte de son ap- port en eau au moment du mélange pour terminer la cuisson du riz.

Evidemment, toute forme de con-sommation nécessite d’éplu- cher ce légume côtelé, d’une peau ru-gueuse, assez épaisse. Pour cela, on pourra utiliser un couteau ou tout autre «éplucheur» adapté à l’épluchage de légumes. L’essen- tiel étant que cet épluchage atteigne la «chair», sans exagéra- tion cependant.

Il ne nous reste plus qu’à vous sou- haiter une bonne plantation, si l’es- pace existe, et un bon appétit, en vous précisant, qu’en dépit de sa rareté, on trouve le pikenga de plus en plus sur les marchés et dans les magasins de vente de légumes.