8 MARS : JOURNÉE INTERNATIONALE DES FEMMES :L’UFG, sur les traces de Gerty Archimède

Depuis 1947, la Journée Internationale des Femmes est célébrée en Guadeloupe à l’initiative du premier mouve- ment des femmes guadelou- péennes créé par Gerty Archimède, sur le thème de : «l’installation de la Sécurité sociale en Guadeloupe».

D epuis cette date, ce mouve- ment de femmes, organisé d’abord en Fédération gua- deloupéenne de l’Union des fem- mes françaises (U.F.F.), puis en Union des femmes guadeloupéen- nes (U.F.G.) depuis 1958, a réguliè- rement célébré la Journée Interna- tionale des Femmes sur des thèmes se rapportant aux luttes des fem- mes guadeloupéennes pour une vie meilleure et en solidarité avec les femmes du monde entier.

Cette année, les conditions liées au Covid-19 ne permettaient pas une célébration aux dimensions habi- tuelles. Mais l’U.F.G. s’est exprimée sur les ondes de radio Gayac le lundi 8 mars 2021 sur un thème de cir- constance : «L’U.F.G. dénonce le recul des droits et libertés fondamen- taux des Guadeloupéens».

C’est dans les sillons tracés par Gerty Archimède que l’U.F.G. s’est placée pour dénoncer le recul des droits et libertés fondamentaux des Guadeloupéens, à l’occasion de la Journée Internationale des Fem- mes, le 8 mars dernier.

Fidèle à l’enseignement de Gerty et des nombreuses militantes qui l’ont accompagnée, il était nécessaire d’attirer l’attention de nos com- patriotes et au premier chef, les femmes, sur le recul que connaît de plus en plus nos droits et libertés fondamentaux dans notre pays de Guadeloupe.

L’U.F.G. met en évidence ce recul, à l’aide d’exemples tirés de l’actualité et vécus par nous tous. Elle tente, autant que faire se peut, d’en faire une analyse objective, de montrer les nombreuses conséquences qui en découlent déjà, et celles prévisi- bles à court et moyen terme. Elle montre que ce recul qui se matéria- lise de plus en plus, crée un climat plein de risques, par l’exaspération qu’il provoque, par l’attitude délibé- rément oppressive de ceux qui nous gouvernent. Les exemples retenus :

• La gestion du CovidToutes les décisions concernant la gestion du Covid-19 en Guade- loupe ont été prises par le gouver- nement à Paris et exécutées par les représentants de l’Etat ici, sans concertation avec les élus locaux et les organismes habilités à avoir la connaissance du terrain.

Quand préfet et ARS décident d’accueillir sans précautions parti- culières, des bateaux de croisière débarquant des passagers possi- blement porteurs du virus, il en est résulté pour nous, les consé- quences néfastes que nous connaissons, qui étaient tout a fait prévisibles et évitables.

Il est certain qu’une concertation avec les responsables locaux aurait conduit à une attitude plus pru- dente prenant en considération les particularités propres à notre terri- toire insulaire, baigné en perma- nence par le soleil, la brise marine, la chaleur, et disposant d’une panoplie de «rimèd razié»qui ont déjà fait la preuve de leur efficacité dans nos traditions de soins.

Cela nous aurait permis de repous- ser pendant un certain temps l’en- trée du virus, alors que nous n’y étions pas préparés (hôpital central en grande difficulté, pénurie de masques de protection même pour les soignants …). Au lieu de cela nous avons eu un chapelet de men- songes «gouvernementaux» et un confinement brutal mal préparé. Cela reste une erreur grave qui a mis en danger nos vies mais aussi notre économie déjà affaiblie.

De même quand le Président Macron ferme ses stations de ski, et invite les Français à venir massive- ment chez nous, cette mesure a menacé gravement nos vies, avec l’arrivée prévue de 40 000 touristes, sans possibilité de vérifier l’applica- tion effective des mesures particu- lières annoncées.

L’expérience a montré qu’il y a eu de nombreux manquements avé- rés, et comble de perversion : préfet et ARS nous ont accusés par nos«mès é labitid»en famille, de relan- cer la circulation du virus.

Quelle audace ! l’Etat met notre santé en danger pour protéger les profits des grands hôtels, des tours opérateurs et des grandes compa- gnies d’aviation. C’est dire que pour lui nos vies ne valent pas grand- chose, mais de plus ses représen- tants sur place lui ouvre un para- pluie d’avance, en faisant de nous les responsables de nos malheurs. Ce n’est pas nouveau, mais cela devient insupportable.

Le trouble causé par la manière cavalière de la rectrice d’intro- duire le port du masque obliga- toire pour les petits à l’école.

Quand on assume une telle res- ponsabilité on doit être capable de gérer l’application des mesures controversées, surtout si les craintes soulevées sont en partie fondées.

Là aussi, la rectrice aurait du consul- ter un collège d’organisations qui gravitent autour de l’école en Gua- deloupe (Fédération d’associations de parents d’élèves, syndicats d’en- seignants, la médecine scolaire, les maires qui sont responsables des cantines scolaires…) pour trouver dans la réflexion collective des idées qui auraient permis d’atténuer les craintes des parents et trouver des solutions pour les cas particuliers qui peuvent exister.

Pourquoi l’Etat n’a pas prévu d’orga- niser un accueil circonstancié pour les petits ?Il y a des salles libres dans certaines écoles, on pourrait dé- doubler des classes ; on pourrait aussi faire classe sous des chapi- teaux dans les grandes cours d’école, on pourrait aussi prévoir l’école à temps réduit pour les petits.

Pourquoi n’avoir pas prévu quelques jours pour préparer les p etits au port du masque ? Il existe de nombreux jeunes titulaires du BAFA qui auraient pu être sollicités p our aider à la familiarisation des petits avec les masques…

Dans tous ces exemples on retient l’arrogance de l’Etat et de ses repré- s entants. Ils ne s’embarrassent pas de précautions pour montrer leur domination, leur manque de res- pect pour nos responsables élus, leur volonté de nous écraser et de nous montrer que ce sont eux qui décident pour nous. Une telle situa- tion inquiète l’U.F.G.

• Les combines de l’Etat dans la recherche de solutions concernant la gestion de l’eau en Guadeloupe.Avec sa loi d’exception qui foule au pieds les compétences attribuées par la «loi Notre» aux comités d’ag- glomération, son ingérence intem- pestive dans les décisions prises par l’ensemble des élus guadeloupéens, pour invalider leurs propositions et entretenir la discorde dans une période pré électorale sensible, son diktat concernant l’exclusion des cadres guadeloupéens.

Autant de faits qui tendent à infan- tiliser nos élus et nous montrer le manque de considération pour le peuple guadeloupéen.

• L’annonce scélérate par des juges, d’une possible prescription pour les faits concernant l’empoi- sonnement des terres et des per- sonnes par le chlordécone.

Alors que nous sommes aujourd’hui informés des effets de ce poison sur nous, et que nous attendons que justice nous soit rendue.

• Le dépeuplement et le vieillisse- ment accélérés de notre paysSuite au départ forcé de nos jeunes, en quête de formation et d’emploi, qui ne peuvent revenir, et la popula- tion qui ne peut donc se renouveler, avec à l’horizon, la menace que les Guadeloupéens deviennent minori- taires en Guadeloupe.

• Les menaces sur la liberté d’ex- pression en GuadeloupeLa récente et intempestive convo- cation de Luc Reinette par la justice, pour des propos, qui à nos yeux, ne se justifie pas.

• Les violences policières non élucidéesLa dernière en date concerne le cas Claude Jean Pierre de Deshaies.

• Les préjudices créés par les pra- tiques relevant du harcèlement moral et sexuel au travail, qui f rappe plus souvent les femmeset qui se développent intensément, alors que les lois se font plus protec- t rices aujourd’hui pour les victimes. Le recul constaté est le résultat des pressions exercées, par la situation socio économique particulièrement difficile que nous vivons, sur les vic- t imes et les éventuels témoins. Elles leur impose un silence forcé, por- teur de troubles divers dans leur vie quotidienne.

La situation générale qui se dégrade de plus en plus et dont les excès sont mis à nus par la Covid-19, provoque chez nous un sentiment de révolte.

On nous impose un mode de vie qui veut nous réduire en individus tota- lement assistés, nous fragiliser, nous obliger à suivre des voies tracées pour nous de l’extérieur et qui nous conduisent à notre perte.

Alors que notre pays possède des atouts naturels que nous devrions pouvoir développer, pour offrir des perspectives sérieuses à nos enfants. N ous avons des Guadeloupéens for- més, expérimentés, qui moisissent à l’extérieur et qui ne trouve aucune p ossibilité de revenir au pays.

Alors les femmes doivent pren- dre toute la mesure des dégâts présents et à venir sur notre p euple et prendre toute leur place dans le combat pour :

- Dénoncer les outrances et abus du gouvernement vis-à-vis du peuple guadeloupéen.

- Prendre toute leur part dans l’in- formation de la population pour lui permettre d’analyser et de réagir face aux abus de toute sorte.

Il faut faire comprendre à l’Etat que nous sommes un peuple fier et que nous entendons lever la tête pour avancer avec nos pos- sibilités, sur le chemin d’un développement réel, porteur d’avenir pour nos enfants.

Tel était le message de l’U.F.G. à l’occasion de la Journée Internationale des Femmes.