Les syndicats et associations mobilisés contre la crise

Douze ans après les évènements de 2009, qui ont secoué la Guadeloupe durant 44 jours, la matinée du samedi 6 mars avait un air de déjà vu, sauf que la situation économique et sociale s’est empirée. Tous les voyants sont au rouge. Depuis 2020, certaines couches de la popula- tion qui ne connaissaient pas la crise sociale ont fait sa décou- verte. Elles ont donc emboîté le pas à celles qui descendent dans les rues pour se faire entendre.

En douze ans, la pwofita- syon a augmenté de façon exponentielle. L’exploitation des ouvriers et des salariés n’a jamais été aussi criante. Avec le Gouvernement Macron-Castex, la France connaît un fonctionnement autocratique et cela se ressent dans la plupart des entreprises et aux fins fonds de la population.

Avec la crise Covid qui s’est installée en Guadeloupe dès 2020, la misère est plus que jamais palpable. Les entreprises licencient à tour de bras profitant de la conjoncture sanitaire et sociale désastreuse pour liquider leur personnel. Les attaques du patronat à l’encontre des délégués syndicaux fusent de toutes parts.

Le Parti Communiste Guadelou- péen l’avait prédit, quand il s’agissait de choisir entre l’intégration et la coopération à l’Europe, qu’on ne pourrait plus parler des acquis.

Aujourd’hui, tout est mis en oeuvre pour «dékatiyé piès pa piès»le Code du travail. Toutes les conventions collectives sont remises en cause par le patronat qui est entrain de construire un modèle économique dépourvu de syndicats

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C’est pour exprimer toute cette souffrance, ce ras-le-bol, que la population guadeloupéenne, tou- tes tendances confondues, a répon- du à l’appel des onze organisations syndicales le samedi 6 mars 2021. D’après les organisateurs qui avaient invité les participants à faire des rangées de cinq, 4 500 per- sonnes ont défilé dans les rues de l’agglomération Pointe-à-Pitre/ Abymes. Pour la préfecture cepen- dant, la participation n’excédait pas les 3 000 personnes, ce qui n’est déjà pas négligeable.

Le défilé a pris le départ devant le Palais de la Mutualité de Pointe-à- Pitre et a emprunté la rue Hincelin pour continuer sur le boulevard Légitimus. Tout le long du parcours, les participants scandaient des slo- gans tels que : «Si tini lajan pou légro tini lajan pou lé piti ; nou vlé bon dlo, san kaka, san klordékon ; Bayo lajan ayo, yo travay fò péyé yo ; pafè nen- pòt biten pou dèmen ou pa règrété ; kondané kondané yo ; ògmanté lé salè non o lisansiman ; patron volè woté men-aw an poch an nou…».

Ensuite le cortège s’est engouffré à la rue Frébault pour rejoindre la place de la Victoire. Comme il est de coutume, et de manière symbo- lique pour faire «marcher la mémoi- re et évoluer les consciences» le cortège s’est ébranlé en direction du boulevard des héros sous l’oeil attentif de joseph Ignace et de la Mulâtresse Solitude, lesquels ont mené la lutte bien avant pour défendre la liberté de l’homme noir.

Quelle fut la joie pour les habitants de la 6 ème ruelle de l’Assainissement de voir traverser leur quartier par un imposant défilé qui n’a d’égal que les manifestations de 2009 !

Arrivée au «bik de LKP», les repré- sentants de quelques syndicats ont pris la parole pour galvaniser la foule debout sous un soleil de plomb.

Avant la clôture de la manifestation, les esprits se sont un peu échauffés. Les organisateurs ont eu à déplorer le comportement belliqueux de cer- taines personnes agissant au nom des parents d’élèves qui voulaient s’adresser à la foule sans respecter l’organisation mise en place.

Finalement, ce débordement a été maîtrisé et rendez-vous a été donné aux organisations pour pré- parer les lendemains à donner à cette belle journée de retrouvailles.