APPEL AU PEUPLE GUADELOUPÉEN : RESISTER C’EST CRÉER !

Cher(e)s compatriotes, L’histoire nous convoque pour donner à notre pays «On dòt dirèksyon, on dòt balan !». Nous sommes à la croisée des chemins, où, par analyse, conviction ou intuition, chacun a le sen- timent que les choses ne seront plus comme avant.

LA CRISE SANITAIRE A FAIT ÉCLATER LA «BULLE» DES ILLUSIONS

La crise sanitaire, aggravée par le virus de la Covid-19, a confirmé aux yeux des Guadeloupéens :

1. La nature de classe de la politique du Président Emmanuel Macron et de ses gouverne- ments totalement à la botte du capital financier français et européen.

2. Les défaillances du système de santé et l’arrogance des hauts fonctionnaires de l’Etat en Guadeloupe.

3. La crise structurelle de notre système économique depuis très longtemps masquée par des subventions publiques, des aides sociales et fiscales.

4. L’échec des élus en responsabilité, incapables de défendre les intérêts guadeloupéens et de délivrer un message clair, mobilisateur sur un vrai projet guadeloupéen.

5. La nocivité de la gouvernance quadricéphale à la direction des affaires de la Guadeloupe Département-Région-Etablissement Public de Coopération Intercommunale (EPCI)-Etat.LA SITUATION RÉELLE DU PAYS MISE à NU

En faisant éclater la «bulle» dans laquelle évolue la Guadeloupe, la crise a projeté un faisceau de lumière sur la situation réelle du pays caractérisée aujourd’hui par :

1. La liquidation du système productif à la base du développement, de la création de richesses et des emplois.

2. La permanence d’un chômage endémique qui touche 30% de la population active, dont 60% des moins de 30 ans. 3. Le scandale au relent mafieux de la distribution de l’eau potable en Guadeloupe.

4. La faillite financière des collectivités locales. 5. Une accélération de l’exode de la jeunesse poussée par le chômage et des conditions de vie indignes à s’expatrier.

6. Le nombre croissant de Guadeloupéens qui rencontrent de plus en plus de difficultés pour se loger, se déplacer, se nourrir.

7. L’essoufflement du système de l’économie assistée et le caractère pervers du modèle de l’import-consommation financé par les fonds publics.CETTE SITUATION N’EST PAS UNE FATALITÉ

En affrontant avec courage, détermination, esprit de responsabilité cette crise, sans jamais se départir de leur esprit de solidarité, les Guadeloupéens montrent que la situation actuelle de la Guadeloupe n’est pas une fatalité et que sa source ne se trouve pas dans les prétendus handicaps mis en avant par les pwofitès français et européens pour s’exonérer à bon compte des conséquences de leurs pillages.

En investissant le champ d’une agriculture paysanne, diversifiée, organisée pour nourrir la population, les agriculteurs ont ouvert la voie de l’autonomie alimentaire. En produisant des masques en tissu pour stopper le virus, nos couturiers ont fait état de leur capacité, technique et d’innovation, à organiser une filière couture adaptée à nos conditions de vie insulaire.

En se mobilisant pour préserver leurs activités économiques, les travailleurs salariés, les tra- vailleurs indépendants, les chefs d’entreprises, ont gardé ouvertes les possibilités de recons- truire autrement.

Les importants travaux de recherche effectués par les docteurs Henri Joseph et Damien Bissessar pour bloquer le virus de la Covid-19 à partir d’une plante de notre pharmacopée le«Zèb a pik», vont, nous le croyons, révolutionner la lutte contre le coronavirus. La Guadeloupe affirme ainsi sa présence remarquable sur la scène scientifique internationale.LA CONSCIENCE D’UN DÉVELOPPEMENT ENDOGÈNE POSSIBLE

Aujourd’hui, les Guadeloupéens n’ont aucun doute, ils savent qu’ils habitent une terre dispo- sant d’un énorme potentiel en matière de biodiversité, de richesses naturelles multiples et de ressources humaines de haut niveau pour construire, sans se couper du monde, une société de développement économique, de progrès social, d’émancipation culturelle, et res- pectant les équilibres écologiques.

L’idée s’impose de plus en plus, que les causes de la crise profonde qui mine le pays se trou- vent dans l’application bornée des lois et règlements inadaptés à la réalité de notre territoire et qui a installé un modèle politique, économique, social, culturel extraverti, empêchant tout développement local.

L’urgente obligation que nous avons de placer notre pays sur une ligne vertueuse de ce déve- loppement endogène exige de changer de paradigme, de changer de modèle. Il nous faut penser une nouvelle société au service des besoins humains.

L’exigence c’est de doter le pays d’un programme de développement endogène diversifié, de type mixte et d’un statut politique d’Autonomie. C’est à la réalisation de cette tâche que nous convie l’histoire aujourd’hui.

POUR OUVRIR UNE NOUVELLE PERSPECTIVE HISTORIQUE A LA GUADELOUPE

Le gouvernement de l’Etat français conduit actuellement en Guadeloupe une offensive sur plusieurs fronts :

- La mobilisation de l’appareil judiciaire pour imposer un non-lieu dans l’affaire de l’empoi- sonnement au chlordécone.

- L’instrumentalisation d’un juge pour empêcher de traduire en justice des gendarmes soup- çonnés de violences ayant entrainé la mort d’un citoyen guadeloupéen.

- Le vote d’une loi d’exception pour dessaisir les élus guadeloupéens de la compétence de gérer l’eau et l’assainissement en Guadeloupe.

- La convocation-provocation d’un militant indépendantiste devant des enquêteurs pour une accusation virtuelle «d’appel à la haine raciale».

- Les poursuites engagées contre un avocat guadeloupéen pour baillonner une voix qui s’élève contre les abus du pouvoir.

- L’exploitation cynique de la crise sanitaire, poussant les entreprises à bloquer le pays, dés- organisant la vie scolaire de nos enfants et nous imposant un nouveau mode de vie qui impacte nos relations de famille et le vivre ensemble.

L’Etat français est engagé dans un processus visant à vassaliser toutes les Assemblées locales et à étouffer toute volonté des Guadeloupéens d’exister pour eux-mêmes et à défendre leurs droits et leurs aspirations légitimes de peuple. Son objectif, c’est d’assurer la poursuite de l’économie de pwofitasyon et de maintenir sa domination politique en Guadeloupe.

La permanence des luttes sociales, la mobilisation de la société pour s’opposer aux mesures scélérates avancées par le pouvoir font apparaitre que la contradiction principale qui tra- verse notre société est celle qui oppose les intérêts de notre pays à ceux de l’Etat français qui se trouve en situation de domination économique et politique en Guadeloupe.

Le développement d’une véritable économie comme base matérielle pour construire une nouvelle société, exige de rompre avec cette contradiction qui prend sa source dans la nature de nos rapports coloniaux et d’assimilation à la France.

Ouvrir une perspective historique à la Guadeloupe demande de sortir de ce rap- port de dépendance pour accéder à un statut politique domiciliant un pouvoir poli- tique en Guadeloupe.APPEL à L’UNITÉ DU PEUPLE GUADELOUPEEN

Le pays est traversé par des débats riches d’où émergent de belles idées, des propositions justes, des schémas bien conçus, portés par des Guadeloupéens de grande compétence, qui sont un apport sérieux pour élaborer un projet valable de société.

Seulement, l’égocentrisme des uns, l’individualisme des autres, la pratique de «cha- pelles’pour beaucoup, rendent difficile la mise en commun de toutes ces richesses intellec- tuelles, techniques et pratiques.

Dans ce contexte de crise généralisée, nous devons trouver le courage et la force morale pour transcender les différences et s’engager à faire ensemble.

Conscient de l’intensité des problèmes globaux qui menacent notre pays : faillite écono- mique, chômage de masse, exode de notre jeunesse, précarité et pauvreté, tentative de déculturation, renforcement de l’Etat autoritaire, le Parti Communiste Guadeloupéen comme il l’a toujours fait, à chaque grande crise qui a menacé le pays, prend ses responsabilités.

Il appelle, sans exclusif, ni sectarisme, tous les Guadeloupéens organisés ou non, toutes les forces politiques et sociales, toutes les associations culturelles, les organisations de jeunesse, tous les acteurs culturels, toutes les forces économiques à se rassembler librement et loya- lement dans un grand «BIK A PEP GWADLOUP» pour construire ensemble le projet du pays Gwadloup et la force politique unie pour le porter devant le pays.

Pour faire vivre cet appel à la résistance et à la création, le Parti prendra l’initiative de ren- contrer toutes les organisations, associations, ainsi que toutes les personnalités qui partici- pent par leur engagement au rayonnement de notre pays.LES ELECTIONS DEPARTEMENTALES ET REGIONALESSOUS LA BANIERE DE L’UNITE DU PEUPLE

Ces élections qui vont se dérouler en pleine crise de Covid-19, ne peuvent pas être abordées en reproduisant les mêmes schémas de confrontations partisanes et personnelles qui ont marqué les dernières consultations électorales.

La situation du pays est trop grave pour laisser place aux jeux politiciens. Il faut se saisir de ces élections pour proposer un véritable projet politique de construction de la Guadeloupe.

L’enjeu que nous devons assigner à ces élections, c’est de faire émerger une nouvelle majo- rité politique à la direction des affaires du pays.

Il faut en finir avec ce «mille feuilles» (EPCI, Conseil départemental, Conseil régional, Etat) qui étouffe et paralyse la Guadeloupe.

Voilà pourquoi nous proposons de faire de ces deux scrutins, une élection unique dans le cadre d’un projet pour le pays, sous la conduite d’un rassemblement électoral de toutes les forces anti-assimilationnistes et opposées à l’autoritarisme du pouvoir français actuel. Ce rassemblement présentera aux suffrages des Guadeloupéens : - Des candidats communs à l’assemblée départementale et une liste commune au Conseil régional.

- Un programme pour une gouvernance de transition, articulé entre des propositions pour la résolution des problèmes relevant de l’urgence et des propositions stratégiques pour pré- parer le changement de statut.

Le Parti Communiste Guadeloupéen, dans l’esprit de la ligne exprimée dans cet «Appel au peuple guadeloupéen», s’adresse à toutes les forces politiques qui se reconnaissent dans la démarche et le périmètre définis ci-dessus pour les élections départementales et régionales et les invite à travailler ensemble à une alternative électorale crédible, ouvrant ainsi de vraies perspectives pour notre pays.RÉSISTER C’EST CRÉER !