La fin de la Françafrique ?

Progressivement débar- rassées de la tutelle du Fonds monétaire inter- national et de la Banque mondiale, les nations africaines reprennent les commandes de leurs politiques économiques. Courtisées par de nou- veaux acteurs de l’échi- quier international, elles sont libres de nouer les alliances politiques avec qui elles l’entendent.

Le système de la Fran- çafrique trouve son origine avec la mise en place à l’Elysée d’une cel- lule aux affaires africaines, orchestrée par le général de Gaulle, avec à sa tête Jacques Foccart, surnommé, «Mon- sieur Afrique», pour mieux exploiter les ressources de ses anciennes colonies deve- nues indépendantes.

L’expression «France-Afrique» aurait été utilisée pour la pre- mière fois en 1955 par Félix Houphouët Boigny, futur pré- sident de la Côte d’Ivoire, alors ministre du gouvernement français. C’est une expression qui était réservée à certains dirigeants africains qui souhai- taient garder des relations pri- vilégiées et étroites avec la France, après l’accession de leur pays à l’indépendance.

Aujourd’hui, dans ce monde nouveau, les institutions inter- nationales dominées par l’Occi- dent dont l’Organisation mon- diale du commerce (OMC), le Fonds monétaire international (FMI), etc., sont très contestées sur le continent africain.

A l’initiative des pays émer- geants, de nouvelles relations Sud-Sud se tissent, afin de leur permettre de mieux maîtriser le jeu complexe de la mondialisa- tion. Dans ce grand basculement géoéconomique et géopolitique du monde qui fait de l’Europe un vieux continent à la dérive, l’Afrique n’est plus la grande oubliée. Des voix s’élèvent sur tout le continent africain pour mettre un terme à cette mytho- logie sulfureuse qui caractérise les relations entre la France et l’Afrique. Le temps de la mondia-lisation conduit l’Afrique à se tourner vers d’autres parte- naires, en particulier la Chine.

L’Afrique aujourd’hui est un continent émergeant, riche de son dynamisme, de ses hommes et de ses ressources. Les vestiges post coloniaux sont encore très présents mais, l’heure a sonné pour bâtir, dans le cadre d’un par- tenariat «gagnant-gagnant» l’ar- chitecture nouvelle des relations entre l’Afrique et la France.

L’Afrique entame une nouvelle ère qui clôt le trop long chapitre de la colonisation. Largement désendettés, ses Etats gagnent de plus en plus d’argent.

Progressivement débarrassées de la tutelle du Fonds moné- taire international et de la Banque mondiale, les nations africaines reprennent les com- mandes de leurs politiques éco- nomiques. Courtisées par de nouveaux acteurs de l’échiquier international, elles sont libres de nouer les alliances politiques avec qui elles l’entendent.

A coup sûr, le partenariat économique entre l’Afrique et la France doit donc se fon- der sur le choix d’une crois- sance saine et durable.

La mondialisation et l’arrivée de nouvelles générations modi- fient la nature des relations entre l’Afrique et les anciennes puissances coloniales.

L’émancipation d’une Afrique libérée de la tutelle des anciennes puissances colo- niales est une réalité. La fin de la Françafrique est en mar- che. Ce sera l’oeuvre des nou- velles générations.