MARIE-GALANTE :La sauvegarde de l’usine et le maintien de la filière canne

La culture de la canne, la production du sucre et du rhum, structurent depuis la nuit des temps l’économie et le fonctionnement de la société marie-galantaise.

A ujourd’hui, la filière canne à Marie-Galante, c’est 1 200 plan- teurs, 250 ouvriers industriels. Elle se déploie sur une surface plantée en canne de 600 à 700 ha, pour une capacité de production estimée à 190 000 t. En 2020, l’industrie sucrière a injecté 20 millions de francs de recettes dans l’économie Marie-Galantaise .

Le déclin de cette production domi- nante, commencé depuis le début du XX ème siècle, a débouché sur le maintien d’une seule usine, celle de Grande Anse, grâce à l’intervention publique. Le Conseil général ayant fait l’acquisition de l’usine et du foncier y attenant. Il a confié la gestion de cette usine à une Société d’économie mixte : la SOSU- MAG (Société sucrière de Marie- Galante) créée en 1978 et a mis le fon- cier à la disposition des agriculteurs dans le cadre d’une réforme foncière.

Depuis la liquidation de la SOSUMAG, le 17 mars 2005, la filière canne à Marie- Galante n’a pas rompu avec les crises cycliques, conséquences des difficultés que connait l’outil industriel, passé depuis, sous-contrôle des sociétés capi- talistes françaises

.LA CONVENTION DE SOUTIEN FINANCIER DE L’ETAT POUR L’ANNEE 2021 A MIS LE FEU AU POUDRE

Les observateurs de la vie sociale et politique se souviennent certaine- ment de ce long bras de fer qui a opposé, à l’ouverture de la récole 2017, les acteurs économiques et les élus sur l’avenir de la filière canne à Marie-Galante. Le désaccord portait sur le choix entre deux centrales thermiques adossées à la Sucrerie : Celle portée par l’entreprise Albioma soutenue par l’Etat, le Conseil général, le Conseil régional et des acteurs économiques de la filière et celle portée par la Communauté des communes de Marie-Galante (CCMG).

La présidente de la CCMG, s’opposait au surdimensionnement de la Centrale Bioma (13 MW) et à l’importation de la biomasse (granulés de bois) pour la faire tourner. En revanche, elle avan- çait un projet de centrale biomasse locale d’une puissance de 6,5 MW, accouplée à la production solaire pho- tovoltaïque et à l’éolien.

Pour sauver la campagne sucrière 2017, une convention de soutien à la modernisation de l’usine et de soutien à la filière, comportant notamment l’im- plantation d’une centrale bagasse-bio- masse en 2022 par Albioma a été signée par l’Etat, le Conseil régional, le Conseil départemental en février 2017, permettant de débloquer 1,6 millions d’aides publiques annuelles.

A cette signature, la Région s’est enga- gée à présenter une partie de la poli- tique régionale de l’énergie qui devrait intégrer des dispositions spécifiques pour répondre à la volonté des élus m arie-galantais.

Cette ouverture de la Région a permis de déboucher sur la signature le 10 avril 2018 d’un protocole d’accord relatif à l a Centrale biomasse à l’usine de Marie- Galante, entre toutes les parties concernées par la filière canne à Marie- Galante. Ce qui est surprenant, c’est l’absence de la signature de la Région a u bas de ce document.

Cette convention a fonctionné dans la plus grande opacité jusqu’à son renouvellement en décembre 2020 pour la récolte 2021.

C’est après cette signature, que les dirigeants de la Sucrerie (SRMG) se sont rendus compte de la superche- rie de l’Etat qui, sans aucune infor- mation, ni discussion, a remplacé dans la con-vention, la Centrale énergétique de cogénération par l’installation d’une chaudière neuve.

Le préfet, agissant pour le compte de l’Etat a ainsi procédé, dans le secret des cabinets car, nous n’osons pas penser que les collectivités locales cosignataires des conven- tions de 2017 et 2018 ont prêté la main à ce coup de jarnac contre la filière canne à Marie-Galante.

LA MOBILISATION DES ACTEURSSOCIAUX ECONOMIQUES DE MARIE- GALANTE

Cette position unilatérale a soulevé le mécontentement de tous les acteurs économiques de l’ile qui, depuis 2011, ont fait consensus sur le plan de relance de la canne à Marie- Galante, avec comme fondement, la modernisation de l’usine et la construction d’une Centrale élec- trique accouplée à cette dernière.

Le «Collectif uni pour la sauvegarde de l’usine et le maintien de la filière canne à Marie-Galante» a lancé une vaste mobilisation pour mettre tous les décideurs face à leur responsabi- lité, en exigeant la tenue d’une table ronde, le 16 mars 2021.

Ce Collectif a mis sur la table une plate- forme de revendications en 6 points, parmi lesquels :

- Garantir le paiement de la prime bagasse dès cette année.

- Mise au point sur le protocole signé e 2018.

- Mettre en exécution immédiatement le projet de construction de la centrale bagasse-biomasse.

- Garantir la pérennité de la filière canne, sucre, rhum à Marie GalanteLES CONCLUSIONS DE LA TABLER ONDE GARANTISSENT-ELLES L’AVENIR DE LA FILIERE CANNE A MARIE-GALANTE ?

Il faut se féliciter que ce soit la mobilisa- tion des planteurs, des ouvriers indus- triels, de tous les acteurs économiques de Marie-Galante qui a brisé l’omerta qui entoure cette question écono- mique de la plus haute importance pour l’avenir de l’île, compte-tenu de la place de l’économie de la canne dans la société marie-galantaise.

Car, au coeur de cette nouvelle crise est posée la question de la mise en oeuvre des engagements pris par les signa- taires de ce protocole d’accord relatif à la Centrale biomasse. Que s’est-il passé depuis 2018 pour qu’on soit arrivé à cette décision de l’Etat d’abandonner le financement de la Centrale électrique ?

La table ronde n’a apporté aucune réponse valable et acceptable aux interrogations du Collectif marie- galantais sur la pérennisation de la filière à travers la construction de la centrale.

Car, cette question, c’est le préfet qui, après l’avoir «sucrée» dans la conven- tion de 2021 est chargé d’aller la défendre à Paris.

Cela s’apparente, à s’y méprendre, comme une affaire de «rat ka tété chat an ba kouch an mwen».