Le PCRF sur le retrait du Franc CFA et des soldats français du Sahel

D ès le début de son quin- quennat, Emmanuel Ma- cron, en prolongement de la politique impérialiste menée par Sarkozy et Hollande, a continué et renforcé l’intervention militaire française en Afrique sahélienne (Mali, Niger, Burkina). La politique de Paris dans ces pays, mais aussi au Congo-Brazzaville, en Côte d’Ivoire, au Gabon, au Niger, en République Centrafricaine, au Sénégal, au Tchad, etc., n’est pas concevable sans les conseils avisés des groupes AREVA, Bolloré, Bouygues, Total et de quelques autres monopoles français. Une démonstration de force militaire est destinée juste- ment à renforcer les positions de ces grandes multinationales fran- çaises, dans la région et pour rap- peler aux «partenaires» que l"im- périalisme français ne cédera pas une seule parcelle de son «pré carré» aux nouveaux arrivants, en particulier à la Chine, mais aussi aux USA, à l’Allemagne, au Royaume-Uni, voire au Japon.

La réflexion stratégique qui inté- resse la bourgeoisie française est relative à l’importance de ses inté- rêts fondamentaux en Afrique et à la gestion de son héritage postcolo- nial dans une conjoncture de concurrence exacerbée entre les puissances impérialistes. Les évène- ments survenus au Mali en août 2020 ont vu le gouvernement d’Ibrahim Boubacar Keïta être ren- versé par une junte militaire. Ce que nous avions écrit en août s’est confirmé. Le CNSP annonçait d’em- blée la reconnaissance de tous les accords internationaux, et les richesses du sous-sol du Mali conti- nuent donc d’être exploitées par les firmes monopolistes françaises.

Le CNSP a permis à l’impérialisme français de manoeuvrer contre le mécontentement populaire et s’est révélé être son allié ; l’issue du pro- cessus en cours, dans cet État afri- cain, dépendra du niveau de direc- tion politique que prendront le mouvement M5-RFP et les masses vers un anti-impérialisme populaire pour le socialisme. Cela nous conduit à réaffirmer notre rejet de la politique menée par l’impéria- lisme français dans ce pays, ainsi que notre solidarité internationa- liste avec le peuple du Mali.

Rappelons d’emblée que la France dispose de plus de 5000 hommes qui parcourent le Sahel entre Mali, Burkina, Tchad et Niger, et qui sont officiellement requis par les diri- geants de ces pays pour résister aux méfaits des groupes armés inté- gristes-djihadistes, (l’effectif des forces spéciales n’est pas connu) .

Ceci dit, il serait erroné de penser que l"impérialisme français se limite aux interventions militaires en Afrique, sans parler d"un autre aspect : Celui de la dette.

Les origines de la dette en Afrique remontent aux origines du colonia- lisme. Depuis les années 1960, lors des indépendances de ses ancien- nes colonies, la France a continué sa politique coloniale en empêchant le développement économique de ces pays pour privilégier les exporta- tions de matières premières brutes vers l"Europe. Sur le plan écono- mique, cette situation a provoqué un surendettement de plus en plus important des pays africains.

Dans ce contexte, le Franc CFA, qui portait à l"origine son vrai nom de «Franc des Colonies Françaises d’Afrique», continue parfaitement de jouer son rôle de monnaie colo- niale en tant qu"outil de soumission. Toutes les décisions monétaires sont prises à Paris. C’est un système rentier qui écrase totalement la sou- veraineté monétaire et la souverai- neté tout court des pays du Sahel et d’Afrique centrale, anciennement colonies françaises.

Comment ne pas parler de cette nébuleuse qu"est la «Françafrique», avec ses mécanismes criminels de délinquance politique en Afrique : accords secrets, «coups tordus», manipulations fomentées par plu- sieurs personnes proches des milieux mafieux, contre la démocra- tie et les opposants politiques de plusieurs pays d"Afrique.

La Françafrique soutient également un système de fraude électorale massive permettant le maintien en place des dictateurs, appelés main- tenant «démocrates» malgré des élections truqué.

Aujourd’hui, les peuples se trouvent devant les tâches immédiates de la conquête du pouvoir, de l"expro- priation des monopoles et de la réa- lisation des mesures d’instauration de la démocratie dans la perspec- tive du socialisme.

Il s’agit de l’instauration de la démo- cratie intégrale, par conséquence non seulement d"instaurer une éga- lité totale en droit des nations, mais aussi de mettre en application les droits des peuples opprimés à dis- poser d’eux-mêmes, c’est-à-dire le droit à une réelle souveraineté politique. C’est pour cela qu’au- jourd’hui nous exigeons ferme- ment le retrait du Franc CFA et des soldats français du Sahel.

Enfin, la tâche des organisations communistes en France reste inchangée, aussi dans le cadre de notre solidarité internationaliste avec nos frères et soeurs d"Afrique : Nous devons inscrire en perma- nence à l’ordre du jour de nos enga- gements le renforcement de la construction du Parti communiste et la lutte révolutionnaire pour le renversement des gouvernements impérialistes, avec comme but final, l’expropriation de notre bourgeoisie et la construction d"une nouvelle société libérée du joug capitaliste.Extraits de l’intervention du PCRF à la conférence du Rassemblement Communiste